Les leaders de l’opposition d’alors, tétanisés par les résultats obtenus par Wade lors de son élection pour un second mandat en 2007, avaient conclu -par crainte du ridicule s’ils avaient crié à la fraude- que «des djinns» avaient voté en sa faveur. Conséquence désastreuse pour eux, le Pds et ses alliés raflent tous les sièges à l’Assemblée nationale à la suite de leur décision de boycotter les législatives qui devaient se tenir le 25 février 2007 mais qui n’ont eu lieu que plus de trois mois plus tard, le 3 juin, à la suite d’un décret présidentiel très controversé sur la répartition des députés.
Faute de cadre officiel de dialogue avec le pouvoir et avec le concours discret des puissances occidentales, principalement la France, son allié traditionnel britannique et son patron, les Usa qui redoutaient le volontarisme panafricain mis en œuvre par Wade, l’opposition d’alors, sous l’impulsion de communistes dissimulés sous le masque d’une vertueuse société civile avait mis en scène un film à succès au titre pompeux d’ "Assises nationales".
C’est de cette comédie à succès qu’est née l’idée du «sot sotoo» contre Wade au second tour. Mais entretemps il y a eu l’affaire Barthélémy Dias…
Le 22 décembre 2011, alors que les contestations battaient leur plein contre le régime de Wade, la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur est attaquée par des individus présentés comme des nervis envoyés par le pouvoir pour intimider le maire, Barthélémy Dias, à l’époque parmi les contempteurs les plus virulents du pouvoir.
Il y a eu coups-de-feux
Face à une presse dont la majorité était acquise à sa cause et une population qui ne voulait plus du régime de Wade, il revendique presque en direct le meurtre de Ndiaga Diop : «J’ai tiré des coups de feux et j’ai atteint des gens… Allez vérifier dans les hôpitaux».
Une fanfaronnade que la majorité de la presse de l’époque et le bon peuple avait applaudie des deux mains. Sauf qu’il y avait une victime. Un homme mort. Qu’il ait été un nervi ou même un tueur à gage n’est pas le problème. Un homme a été tué par balle, l’auteur a été identifié, doit-il être jugé oui ou non ?
Lorsque Barthélémy Dias a été arrêté, toute l’opposition d’alors avait estimé qu’il était victime d’un guet-apens et qu’il se trouvait en position de légitime défense, y compris l’Apr qui avait rejoint le camp des adversaires du régime de Wade. Dans ce combat, Jean Paul Dias, avait rejoint le camp de Macky Sall qui, comme lui était issu des rangs du Pds. Le sort de son fils était en jeu et Wade devait tomber. Directeur de campagne de Macky Sall avec la coalition Macky 2012, avait-il conclu un accord avec ce dernier pour la libération de son fils au cas où ils battraient Wade ? Ceci expliquerait-il aujourd’hui l’entrée dans le maquis de Dias père ?
Toujours est-il que dès la victoire acquise, Macky Sall et ses alliés inscrivent le nom de Barthélémy Dias sur la liste de leur coalition pour les législatives qui devaient suivre et le font libérer. De détenu en attente de son jugement pour meurtre, il devient un respectable député puis, deux ans plus tard il est de nouveau élu, maire cette fois-ci. Et l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf n’est toujours pas élucidée pour raison de… «fumisterie» politique.
Car c’est une partie de ceux-là mêmes qui avaient crié à son innocence hier qui tentent de l’accabler aujourd’hui parce qu’il s’oppose à l’un d’entre eux, en l’occurrence son chef de parti, Ousmane Tanor Dieng et que par conséquent il se rapproche de l’opposition d’aujourd’hui. Y’a-t-il «wax waxeet» plus flagrant ? Le père Dias, bien connu pour son franc-parler aurait crié à une «vaste fumisterie» s’il ne s’était agi de son fils.
Je ne m’étais pas trompé. Comme je l’avais annoncé dans ma contribution publiée par trois quotidiens de la place les 5 et 6 octobre 2016, ils me sont copieusement tombés dessus et m’ont traité de tous les noms d’oiseaux. Les quotidiens leur ont largement ouvert leurs pages, même ceux qui s’étaient gardés de publier mon texte. Pour l’essentiel, ces courtisans zélés – c’est d’eux qu’il s’agit –, me reprochent ma « haine », ma « méchanceté » et mon « insolence » à l’endroit de la dame la mieux protégée du Sénégal. L’un d’eux, un vieux journaliste, a même évoqué le tribunal qui a condamné Jeanne D’Arc au bûcher, et devant lequel il me traînerait volontiers. L’objectif de ce texte est davantage d’apporter des clarifications que de répondre à leurs attaques en règle.
A l’intention de ces vuvuzela du couple présidentiel et à celle tous nos compatriotes, j’affirme solennellement que la haine et la méchanceté n’ont pas de place dans mon cœur. DIEU qui lit jusque dans nos intentions les plus intimes le sait. Je ne connais point cette honorable dame, je ne la vois qu’à travers les écrans de télévision. Je n’attends rien d’elle, ni de son distingué époux. Pourquoi ferais-je alors montre de méchanceté, de haine ou d’insolence à son endroit ? Il est vrai qu’avec la volonté de plaire coûte que coûte pour se faire distinguer, on en perd facilement la tête. C’est ce qui arrive sûrement à nos thuriféraires du pouvoir en place, qui se sont violemment attaqués à ma modeste personne.
Ils vont jusqu’à me prêter la volonté de contester à la distinguée épouse du Président Sall sa piété qui me dérangerait. C’est terrible ! Sont-ils devenus dingues ? En vérité, ils font de la diversion. Faute d’argument, ils en inventent pour mieux attaquer. Ce sont eux-mêmes et tous les autres de leur espèce qui la suivent comme son ombre et nous la montrent sur sa natte, en train de prier ou d’égrener son chapelet. D’autres vont jusqu’à préciser à quelle heure elle se couche et à quelle autre elle se réveille pour commencer ses prières. Je n’invente rien. C’est ce penchant morbide à tout montrer d’elle qui pose problème. Ses activités strictement privées, pour importantes qu’elles soient, n’ont pas beaucoup d’intérêt pour nous et nous nous en passerions volontiers. Ces infantilismes, je les dénonçais du temps de Diouf comme Me Wade. Je renvoie le lecteur à ma contribution « Le cinéma de la République ».
Nos courtisans ne se sont pas privés de comparer l’honorable dame à ses deux devancières. Elle, est Sénégalaise pur sang, la première Sénégalaise authentique à occuper le palais de la République. Pendant les cérémonies familiales, elle porte des « ndoket », des taille-basses, des maam booy, des grands boubous, etc. Les autres ne seraient que des demi-Sénégalaises. Elizabeth Diouf est quand même de père et de mère sénégalais, mariée à un Sénégalais et mère d’enfants sénégalaises et sénégalais ! Peut-on raisonnablement lui contester sa « sénégalité » ? Il faut quand même savoir raison garder, même dans le ‘’larbinisme’’. Et puis, Aïda Ndiongue, Awa Ndiaye, Ndèye Khady Guèye et tant d’autres ne sont-elle pas des Sénégalaises authentiques, de pur sang ? Et pourtant !
Nos vuvuzela comparent aussi leur bienfaitrice à d’autres premières dames d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, en insistant beaucoup, pour certains d’entre eux, sur ses ressemblances frappantes avec Michelle Obama. Je ne m’attarde vraiment pas ici. Tout le monde sait ce que sont les unes et les autres, et jusqu’où elles peuvent aller. Le journaliste français Vincent Hugeux, une vieille connaissance pour le Sénégal, a consacré un livre aux premières dames africaines, avec un titre révélateur : « Reines d’Afrique. Le vrai roman des premières dames ». Il y a peu de chance qu’il publie un livre sur les premières dames d’Europe ou d’Amérique. Celles d’Afriques offrent vraiment beaucoup plus de matières croustillantes.
Je retiens aussi des multiples réactions des membres du gangoor du couple présidentiel qu’ils me prêtent la volonté de contester à la très généreuse dame son droit de soutenir son époux, de travailler à sa réélection. Madiambal Diagne est allé dans le même sens. Ils savent parfaitement que je n’ai contesté nulle part ce droit. Qui le lui reprocherait d’ailleurs ? Mais cet aveu a au moins l’avantage d’être clair. Si ça l’avait été dès le départ, peut-être que ma contribution incriminée n’aurait pas été publiée, ou aurait eu une autre dimension. Donc, elle a le droit de faire de la politique, et elle en fait. Ce qui ne devrait surprendre personne puisqu’elle nomme des ministres (je n’ai rien inventé) et sûrement des Directeurs généraux, des PCA, etc. Elle est partie prenante dans la gouvernance de son distingué époux et il lui arriverait même de faire bouger le gouvernail dans un sens ou dans un autre. Elle est dans l’arène politique, même discrètement, et travaille pour la réélection de son honorable époux. C’est connu et reconnu, c’est légitime, ajouteront les courtisans. Oui, sans doute. La conséquence de tout cela, c’est que sa générosité devient alors moins généreuse, plus intéressée et, partant politique, voire politicienne. Dans cette perspective, tout le monde est fondé à se demander d’où vient l’argent qui alimente sa générosité.
Dans ses « Piques », le quotidien L’AS du 13 octobre 2016 rend compte des activités de l’honorable dame en ces termes : « Heureux sont ceux qui ont reçu des sms venant de Marème Faye Sall. En effet, la Première Dame qui avait répertorié les démunis des quartiers de Yoff, Ouakam et Grand Yoff où elle s’est rendue tout dernièrement a honoré ses engagements. Les heureux bénéficiaires ont reçu via ‘Wari’ des sommes entre 250000 et 500000 francs CFA en provenance de la Première Dame. » Si on sait qu’il y a de nombreux démunis dans ces quartiers, combien de millions de francs y a-t-elle généreusement distribués ? Si on connaît son intention déclarée d’étendre ses « œuvres sociales » sur l’ensemble du territoire national, si on sait qu’il existe des millions de démunis dans ce pays, combien de millions, voire de milliards de francs CFA va-t-elle distribuer d’ici à 2019 ? Où trouve-t-elle autant d’argent ? Tout citoyen est quand même légitimement fondé à se poser ces questions-là, même si elles énervent Madiambal Diagne ! Pour cet ami actif du couple présidentiel, « le plus inacceptable reste que (j’accuse), sans la moindre preuve, la Première Dame de tirer les ressources de ses actions ‘’humanitaro-politiques’’ des fonds politiques du président de la République ou des mécènes, moyennant des contreparties intéressées par des marchés publics ». Malgré tout le respect que je lui dois (encore), il raconte des histoires ici : je renvoie le lecteur à ma contribution des 5 et 6 octobre 2016. Je n’y ai posé que des questions et c’est lui qui y répond. Donc, la très respectable dame ne touche pas un rotin des fonds politiques, qui sont pourtant « du alali baytimaar qu’on jette par la fenêtre » (propos du colonel Malick Cissé). Elle ne reçoit même pas de ressources des mécènes, martèle l’ami actif du couple présidentiel. Waaw, d’où provient tout cet argent, tous ces millions, voire tous ces milliards ?
En tout cas, il n’a pas la même explication de l’origine des ressources de la très pieuse et vertueuse dame que Monsieur Baba Tandian qui reconnaît que, « lui faire querelle de l’utilisation des instruments financiers et techniques de l’Etat pour mener à bien sa mission, c’est assurément lui faire mauvaise procès ». Monsieur Tandian se fait plus explicite encore en ajoutant : « Figurez-vous que, comme ses devancières, elle bénéficie de nombreux soutiens financiers et matériels de mécènes qui cherchent peut-être à recevoir le retour de l’ascenseur (cela a été toujours ainsi depuis que le monde est monde, et cela le restera jusqu’à (…) l’extinction du soleil. » Voilà au moins qui est honnête et clair. Je souligne d’ailleurs que, des dix compatriotes qui m’ont porté rageusement la contradiction, M. Tandian est le seul à ne m’avoir pas insulté. Je lui rends ici solennellement son respect et sa politesse.
Pour revenir au bouclier le plus en vue du couple présidentiel, Madiambal Diagne, il mêle ma fille à cette affaire et, de quelle manière ? C’est dans son « Lundi » du 10 octobre 2016. Voici comment il commence sa réplique vigoureuse à ma contribution incriminée : « Je vais parler en particulier (sic) de la contribution publiée par Mody Niang, flétrissant les actions de la Première Dame. Je crois entretenir avec Mody Niang, depuis de nombreuses années, des relations empreintes d’affection et de respect. J’ai pu douter un instant que cela soit réciproque, il y a quelques semaines de cela, quand je suis allé vers lui à l’occasion d’une rencontre fortuite (….). La fille de Mody Niang était surprise de me voir faire l’accolade à son père et elle n’avait pas pu se retenir de dire avec un brin d’humour : ‘’Je croyais que mon père n’était d’accord avec personne’’ (sic) ». Et M. Diagne de poursuivre :« Qu’importe ! J’éprouve de la peine de voir Mody Niang s’en prendre avec une hargne et une véhémence stupéfiante, à une dame de l’âge de sa fille. » C’est terrible, c’est énorme !
Je rassure l’inconditionnel du couple présidentiel : moi, Mody Niang, je suis resté le même, et je ne vois pas pourquoi mes relations avec lui ne seraient plus empreintes de respect et d’affection. Je ne vois vraiment pas pourquoi. Lui peut douter, compte tenu de nos positions respectives par rapport au couple qui nous gouverne, se disant peut-être : « Il me regarde d’un certain œil ! » Pas du tout ! Je ne le regardais pas d’un certain œil quand, du temps de la gouvernance de Wade, son nom était cité avec insistance dans une rocambolesque affaire de 200 ou 250 millions de francs CFA. Pourquoi le ferais-je aujourd’hui ? M. Diagne est libre de ses choix, qu’il me laisse libre des miens, et m’exprimer à ma convenance, chaque fois que j’en ai l’opportunité ! Qu’il ne mêle surtout pas ma fille à certaines histoires ! Ce qu’il lui fait dire ne lui ressemble pas du tout. Et, à supposer qu’elle ait tenu les mêmes propos, Madiambal ne devrait pas les prendre à la lettre, surtout que le brin d’humour et d’ironie ne lui a pas échappé. Ma fille sait en tout cas qui est qui dans ce pays. Elle n’est surtout pas idiote au point de croire que je ne suis d’accord avec personne. Elle sait, en particulier, que je compte énormément d’amis qui appartiennent à des horizons (politiques ou autres) différents. Elle le sait et me voit naturellement leur faire l’accolade. Une accolade ne reflète pas forcément la qualité des relations, surtout dans ce Sénégal de 2016. En tout cas ma fille et moi, ne mélangeons pas les genres et savons faire la part des choses. Enfin, Madiambal connaît aussi bien l’âge de ma fille que celui de sa distinguée protégée. Pour ce qui me concerne, je ne connais que celui de ma fille.
Je ne terminerai pas ce texte sans retourner la pierre à un autre journaliste. Un vieux journaliste celui-là, journaliste et « chef religieux » à ses heures perdues. Ses émissions à la radio et à la télévision se divisaient invariablement en deux parties : des tombereaux de louanges sur le président Senghor puis sur son successeur, ensuite des injures grossières sur les opposants (Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade surtout, etc.). Après le départ des Socialistes du pouvoir, les choses n’étaient vraiment pas au mieux de ce qu’il pouvait espérer, Senghor et Diouf n’étant pas particulièrement connus pour leur générosité, dans le sens où l’entendait le vieux thuriféraire du pouvoir. Il a fallu l’avènement de Me Wade à la Magistrature suprême, avec son penchant à distribuer l’argent du contribuable avec une facilité déconcertante, pour que notre Tartuffe découvre enfin véritablement les délices du pouvoir et se refasse une santé, une très bonne santé. Wade parti, il claironne aujourd’hui pour le couple présidentiel qui distribue les sinécures. Un grand compatriote qu’il lassait par les piques qu’il lui lançait régulièrement lors de ses sorties à la radio comme à la télévision, le décrivait comme « la concentration du vice et particulièrement de l’hypocrisie ». Ce n’est vraiment pas de cet homme-là que je vais recevoir des leçons. Ni de lui ni, par ailleurs, de tous les autres courtisans qui se sont distingués à me couvrir d’injures grossières, pour faire plaisir au couple présidentiel. Ils sont vraiment trop insignifiants pour m’empêcher de m’exprimer sur toutes les affaires qui touchent de près ou de loin à la gouvernance de mon pays, fussent-elles l’œuvre d’une intouchable.
Dakar, le 16 octobre 2016
Mody Niang
Auteur: MODY NIANG
Auparavant, Je donnerai mon point de vue sur ses fameuses « révélations » qui soulèvent quand même des questions : pourquoi l’homme a-t-il attendu quatre ans et demi après pour faire ces « révélations » qui n’ont vraiment aucun intérêt pour le Sénégal et les Sénégalais ? Me Wade serait-il à ce point attaché au pouvoir qu’il décide de le confisquer alors que, le 25 mars 2012 à vingt heures, tout le Sénégal, toute la Communauté internationale savait que les carottes étaient déjà cuites ?
Avec quels moyens arriverait-il à ses fins si, toutefois, telle était sa volonté ? Aucun, à mon sens et Me Wade était quand même suffisamment intelligent pour comprendre que, depuis la mise en œuvre du Code électoral consensuel de 1992, on ne peut plus confisquer un pouvoir démocratiquement perdu au Sénégal. Abdou Diouf le comprenait tout aussi bien au soir du 19 mars 2000 : personne ne pouvait l’embarquer dans une aventure de confiscation d’un pouvoir perdu. Même pas quelques faucons socialistes qui, semble-t-il, ont tenté le coup. Un autre faucon, celui-là de l’entourage de Me Wade, Serigne Mbacké Ndiaye plus exactement, s’est essayé, naturellement sans succès, à ce sot exercice, en déclarant subrepticement la victoire de son mentor au soir du 25 mars 2012.
Les « révélations » de Me Ousmane Ngom – pour revenir à lui –, n’ont donc aucun sens, aucun intérêt, sinon pour lui-même qui pense sûrement, par ce biais, faire plaisir au Président de la République et consolider sa place à ses côtés. Il faut qu’il vive, il ne peut plus se passer de l’oxygène du pouvoir. C’est pourquoi il est prêt à se livrer toutes les compromissions, à tous les reniements. Il constitue véritablement un cas, que notre compatriote Papa Samb a d’ailleurs abondamment expliqué dans son excellente contribution publiée à la page « Opinions et Débats » du journal Le Quotidien du 07 octobre 2016. Notre texte s’inscrit exactement dans la même perspective complétant, chemin faisant, et par endroit, celui de notre brillant compatriote qui n’y verra sûrement aucun inconvénient.
Je prendrai pour point de départ le réveil particulièrement brutal de Me Ngom, à l’aube du lundi 20 mars 2000, quand il s’est rendu alors compte que la défaite de son candidat (Abdou Diouf) ne faisait plus l’ombre d’aucun doute. Le 1er avril 2000, il a observé de loin, et sûrement avec beaucoup de regret et d’amertume, l’installation officielle du vainqueur, Me Abdoulaye Wade. Pendant les quatre longues années qui ont suivi, il a broyé du noir, rasé les murs et tiré désespérément le diable par la queue. Les gens qui le connaissaient de près disaient de lui qu’il ne tenait plus le coup et perdait manifestement de sa superbe. Les plus méchants avançaient même qu’il maigrissait terriblement. N’en pouvant alors vraiment plus, il a commencé à manœuvrer et à grenouiller pour se faire pardonner et retrouver la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. A force d’acrobaties, il y réussit et regagna « la maison du père », au moment où son pire frère ennemi (Idrissa Seck) la quittait, le 21 avril 2004.
On connaît la suite : bien incrusté dans le système libéral et ayant désormais son passé lourd et compromettant derrière lui, il devenait particulièrement arrogant et injurieux vis-à-vis de l’opposition pour laquelle il n’avait plus aucun respect. A l’image de son maître, il nous tenait dans le mépris le plus total et considérait que nous n’avions pas de mémoire.
Ainsi, on l’entendait, à l’occasion de nombreuses sorties, notamment au cours du débat organisé par la télévision « nationale » le 31 décembre 2009, après le message à la Nation du Président de la République, avancer des contrevérités et charger sans ménagement les Socialistes.
Il se comportera de la même manière au cours d’un autre débat sur le bilan des dix ans de l’alternance. « Avec les Socialistes, c’était l’immobilisme. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons trouvé des terres en friche », lançait-il, condescendant. Le pouvoir et ses délices corrompent et rendent vraiment fou !
« Quand nous sommes arrivés au pouvoir ! » Qui nous ? Avait-il oublié que, le 19 mars 2000, il a voté et appelé à voter en faveur du candidat Diouf, dont il était l’un des porte-parole lors de la campagne électorale ! « Nous avons trouvé des terres en friche », poursuivait-il ! Mais, il n’était point de la partie !
L’avait-t-il déjà oublié ? Donc, aveu de taille, le 19 mars 2000, son vote s’était porté sur le candidat qui incarnait « l’immobilisme » et les « terres en friche », Abdou Diouf. Apparemment, il oublie tout ou pense, comme son ancien maître (Wade), que nous sommes amnésiques. Administrons-lui quand même la preuve qu’il n’en est rien, et rappelons-lui son passé peu valorisant qui va du 18 juin 1998 au 19 mars 2000 !
Nous nous souvenons qu’après les élections législatives du 24 mai 1998, Me Ousmane Ngom, qui dirigeait la liste départementale (Pds) de Saint-Louis, a été battu à plate couture. Ayant mal supporté sa défaite et reprochant vivement à Me Wade « sa gestion antidémocratique du Pds et la manière dont les investitures avaient été menées » (il aurait souhaité être sur la liste proportionnelle plus sécurisante), il rompit les amarres avec ce parti et son chef, après un compagnonnage de plus de 20 ans. Il péta d’ailleurs carrément les plombs et adressa à Me Wade un véritable brûlot qui, semble-t-il, l’avait beaucoup affecté.
Dans cette lettre incendiaire, Me Ngom écrivait notamment : « Vous pensez pouvoir toujours, par la ruse, dérouter et déstabiliser vos interlocuteurs(…). Mais cette fois-ci, la ficelle est trop grosse et la manœuvre ne passera pas. » Au fur et à mesure, le ton montait et devenait plus fielleux encore. « Vous parlez comme un démocrate et vous agissez comme monarque », lui assénait alors Me Ngom qui poursuivait, avec cette terrible confession, qui soulève encore bien des questions aujourd’hui :
« Avec vous, après vingt quatre ans sous votre ombre, j’aurais appris beaucoup de choses qu’un homme doit faire ; mais aussi trop de choses qu’un homme ne doit pas faire. C’est pourquoi je reprends ma liberté et je demande pardon à Dieu. »
En conclusion de sa lettre incendiaire, Me Ngom évoquait la succession au sein du Pds sous la forme d’une invite à méditer l’anecdote relative à Nietzche qui, « au soir de sa vie, (réunit) ses disciples pour leur demander de brûler tous ses livres. » Le philosophe allemand expliquait ainsi sa demande : « Mon vœu le plus ardent est que mes disciples me dépassent plutôt que de replonger en permanence dans mon œuvre. » Il continuera de plus belle ses sarcasmes contre son ancien mentor qui était, naturellement, en tout différent de Nietzche.
Sans doute, n’avait-il pas tout à fait fort si on considère que, à près de 92 ans, il se prend encore pour la seule constante du PDS qui l’accepte. Bref, le spécialiste du reniement créera son parti, le Parti libéral sénégalais (le PLS), le 18 juin 1998. Il ne ménagera alors plus aucun effort et s’investira à fond dans les différentes entreprises menées pour empêcher Me Wade d’accéder à la magistrature suprême.
Dans sa croisade féroce contre celui qui était devenu désormais l’ennemi à abattre, il se retrouvait avec deux anciennes connaissances, Jean Paul Dias et le Pr Serigne Diop, qui avaient eux aussi quitté « la maison du père » et créé leurs propres partis, respectivement le Bloc des Centristes Gaïndé et le Pds-Rénovation. Pour une raison ou pour une autre, tous les trois en voulaient particulièrement à leur ancien mentor.
A quelques encablures de la déterminante élection présidentielle du 27 février 2000, ils portèrent sur les fonts baptismaux la fameuse « Convergence patriotique », et rivalisèrent d’ardeur à critiquer régulièrement et sévèrement Me Wade, confortant ainsi notablement les Socialistes, dans leur volonté alors farouche de diaboliser celui qui était considéré comme leur principal adversaire.
Les trois compères franchirent finalement le Rubicon et apportèrent publiquement, à un peu moins de trois mois de l’important scrutin présidentiel de l’an 2000, leur soutien sans faille au candidat sortant Abdou Diouf. Le samedi 18 décembre 1999, ils réunirent ce qu’ils appelaient alors la convention nationale d’investiture de la «Convergence patriotique». Dans la déclaration-résolution qui sanctionnait les travaux de ladite convention, les trois acolytes déclaraient sans état d’âme :
« Vu la menace que représente l’ascension au pouvoir d’hommes caractérisés par une ambition personnelle manifeste de gouverner, le peuple sénégalais doit refuser les promesses irréalisables et démagogiques de ces marchands d’illusion ». La même résolution poursuivait son sévère réquisitoire contre Me Wade en ces termes :
« Convaincus de la menace que représenterait pour notre patrie l’ascension au pouvoir d’hommes caractérisés par une ambition personnelle qui a fini de les aveugler, une incapacité et une inconséquence avérées dans le comportement, les militants et les militantes du PDS-R, du BCG et du PLS ont décidé d’investir le candidat Abdou Diouf» (Le Soleil du 20 décembre 1999). La résolution se fit plus explicite et plus dévastatrice encore. Elle martela :
« Après avoir reconnu avoir combattu ouvertement Diouf et à visage découvert, nous nous sommes rendu compte que ceux en faveur de qui nous nous mobilisions ne le méritaient pas. Alors, nous avons marché sur notre orgueil pour converger vers la patrie. » Ils exprimèrent ensuite leur refus catégorique de continuer de cheminer avec cet homme (Me Wade) caractérisé « par une ambition personnelle qui a fini de l’aveugler, une incapacité et une inconséquence avérées dans le comportement ».
Nos trois « mousquetaires » investirent donc le candidat Abdou Diouf et se lancèrent avec lui dans la conquête du Palais de l’avenue Léopold-Sédar-Senghor. Me Ousmane Ngom, en particulier, se distinguait dans ses attaques en règle contre Me Wade, candidat de laCoalition Alternance 2000 (Ca 2000). Nous nous souvenons encore comme si c’était hier, de cette fameuse jonction, qui a eu lieu devant la RTS, entre le cortège du candidat Diouf et celui de la « Convergence patriotique ».
On était alors en pleine campagne pour l’élection présidentielle cruciale de l’an 2000. Nos mémoires sont encore fraîches de ce spectacle émouvant d’un Me Ousmane Ngom se jetant en pleurs comme un enfant dans les grands bras de son « candidat de l’avenir au soir de sa carrière » (l’expression est de lui-même). Reprenant ses esprits après quelques tapotements de son candidat lui-même au bord des larmes, Me Ngom s’exclama, joignant le geste à la parole : « Abdu ca kanam !» Ce qui signifie : « En avant Abdou pour la victoire ! »
Rappelons quand même que Me Ngom avait jeté le discrédit et dirigé sur Me Wade tous les soupçons, en confessant que ce dernier lui avait appris tout ce qu’un homme devait savoir, mais également ce qu’il ne devait jamais faire, apportant ainsi délibérément et abondamment d’eau dans le moulin des adversaires les plus irréductibles du « Pape » du SOPI, qui l’accusaient alors de tous les pêchés d’Israël, y compris d’être partie prenante dans l’ignoble assassinat du juge Babacar Sèye, en mai 1993.
Me Ngom n’avait pas manqué non plus de tirer à feux particulièrement nourris sur Me Wade, suite à ses fameuses déclarations de Paris considérées, à l’époque, comme un appel à l’armée. Il était alors en tournée politique dans la Région de Ziguinchor. Il qualifia sans ambages et sans précaution l’appel de Me Wade de subversif. « Ce qui, précisa-t-il, au regard de la constitution, de nos lois, est un délit grave ». Et il enfoncera le clou en ajoutant ceci : « Ce qui est sûr, c’est qu’il ne restera pas impuni ».
Me Ngom ne ménageait donc pas le moins du monde le principal adversaire du candidat Diouf. Toutes les occasions étaient bonnes pour tirer à boulées rouges sur lui et s’incruster ainsi dans les bonnes grâces de son « candidat de l’avenir au soir de sa carrière ». Il poussera le bouchon jusqu’à cette terrible affirmation : « Il est préférable de confier les destinées du pays à un mouton plutôt qu’à Me Wade. » On le constate donc, Me Ousmane Ngom avait tout mis en œuvre pour barrer à son ancien compagnon la route vers la Présidence de la République. On connaît la suite : Me Wade est malgré tout élu le 19 mars 2000.
Me Ngom commença donc sa traversée du désert, nous l’avons rappelé plus haut. Mais le désert est vaste, sec, chaud et inhospitalier. Il faut beaucoup de courage pour en supporter les affres. Or, Me Ngom n’en a manifestement pas. Il ne tarda donc pas à prendre sa décision : retourner sur ses pas et, toute honte bue, emprunter le chemin qui menait vers la maison de l’ex-père, qui tenait fermement entre ses mains, depuis le 1er avril 2000, la clé qui ouvre la porte des « délices » du pouvoir.
Il commença, sans état d’âme, à fréquenter assidument les plateaux de télévision, pour faire oublier son passé et retrouver les bonnes grâces de l’homme qui ne serait jamais devenu Président de la République, si ses vœux avaient été exaucés. Alors, son ancien compagnon qui valait moins qu’un mouton avant le 19 mars 2000, allait devenir presque un Dieu, qui réussissait tout ce qu’il entreprenait. Il peignait autrement l’homme qui « parlait en démocrate et agissait en monarque », le « marchand d’illusion » d’hier, qui « (pensait) pouvoir toujours, par la ruse, dérouter et déstabiliser (ses) interlocuteurs », et enseignait « trop de choses qu’un homme ne doit pas faire ».
Voici, en quels termes fort élogieux, celui qui était parvenu entretemps à devenir Ministre du Commerce (le 4 juillet 2004) puis de l’Intérieur en novembre de la même année s’exprimait :
« Lorsque j’ai vu le majestueux bateau Aline Sitoé Jaata, je pensais que le père Noël était arrivé beaucoup trop tôt. Et que je vois le maire de Dakar et le secrétaire exécutif de l’Anoci Abdoulaye Baldé, traverser le tunnel de Soumbédioune, je me suis dit que le père Noël était apparu au grand jour. Mais quand j’ai vu arriver les nouveaux passeports à puces numérisées, j’ai eu la certitude que le père Noël était réel, qu’il était en chair et en os et a pris les traits et le visage d’un homme. Et c’est Me Abdoulaye Wade. » (Walf’Grand-Place du 28 décembre 2007).
Propos vraiment dignes du courtisan, du traitre repenti qu’il est. Propos indignes d’un ministre de la République.
En tout cas l’homme était parvenu à ses fins : il avait retrouvé sa place auprès du « père ». Il restera Ministre de l’Intérieur jusqu’au 25 mars 2012, jour de la défaite sans équivoque de celui qui allait redevenir rapidement son ex-mentor. Une nouvelle ère compliquée s’ouvrait encore devant lui.
Ere d’autant plus compliquée qu’il allait être poursuivi dans le cadre la « Traque des biens mal acquis ». Dès les premiers mois de la gouvernance de Macky Sall, il sera la cible des « Apéristes », soucieux certainement de se venger des misères qu’il a fait subir à leur mentor pendant sa traversée du désert. Il réagira violemment à ces attaques, en traitant le nouveau Président de la République et son Premier Ministre d’alors de « grands bandits et de délinquants financiers ».
Malmené plus tard dans le cadre de la « Traque des biens mal acquis », il déclarera se retrouver, avec sa famille, « dans une prison à ciel ouvert ». Pourtant, il se tirera miraculeusement d’affaire et rejoindra le Président Macky Sall qui l’attendait à bras ouverts. Dans la dernière partie de son excellente contribution du vendredi 7 octobre (citée plus haut), notre compatriote Papa Samb nous a expliqué comment les deux compères se sont rapprochés. Le lecteur intéressé peut s’y reporter. Il ne le regrettera sûrement pas.
La réponse à la question posée dès le début de cette contribution est sans équivoque, de mon point de vue tout au moins. Elle a été clairement exprimée tout au long de ce texte. Mais, par-delà cette réponse presque évidente, ce qui pose encore plus problème, c’est l’empressement avec lequel le Président de la République a récupéré ce personnage tortueux, sulfureux et très controversé. Ce personnage pour qui l’honneur et la dignité n’ont plus aucun de sens.
Même si nous connaissons le penchant irrésistible du Président de l’APR à recourir sans état d’âme à la détestable transhumance, nous comprenons difficilement l’attrait qu’exerce sur lui cet homme qui a moralement et politiquement tout perdu. Peut-être que, comme ancien Ministre de l’Intérieur, il en sait un peu trop sur lui ! Ne l’accusait-il pas déjà de « grand banditisme et de délinquance financière » ? Le très vertueux Président de la République du Sénégal est en tout cas coutumier de tels faits. Nous nous souvenons, en effet, que c’est lui-même qui a fait le déplacement pour aller débaucher jusque chez lui un autre nauséabond transhumant : Djibo Leïty Ka, dont la tortuosité fera l’objet d’une toute prochaine contribution. C’est, du moins, ce qui nous a été annoncé.
Dakar, le 10 octobre 2016
Mody Niang
De scandales en scandales, bien sûr financiers, notre Cour Royale semble ne plus pouvoir se rectifier. La liste serait exhaustive, si nous nous amusions à emprunter à notre mémoire la sienne.
Des visas biométriques - l'affaire Bictogo - chiffrés à 13 milliards de nos francs, au gigantesque fric-frac économique de Pétrotim ( plus de 500 milliards ) qui fait l'actualité, en passant par les 50 milliards du numérique Malaisien, nous nous permettrons de demander : - où pourrait-on aujourd'hui loger " La gestion sobre et vertueuse " tant claironnée ?
Une Grave Affaire Frangine
Sans nous embourber dans des considérations technico-financières, il y'a lieu de souligner, ne serait-ce pour un côté moral, d'éthique, de vertu et de grandeur humaine, que celui qui est le plus impliqué, le plus concerné et dont le nom figure dans tous les documents publiés depuis lors, s'adresse à la population sénégalaise. Afin d'édifier et d'éclaircir la lanterne du citoyen dans cette nébuleuse et ténébreuse affaire "Pétrotim". Il s'agit du frère du " Roi ".
Car ni les embarrassantes et longues explications de ces politiciens du même camp ni la main honteusement prêtée par une presse partisane et muselée monétairement et matériellement par le pouvoir en place ne peuvent être plus crédibles que son propre vocable. À cet embrouillamini, sont venues s'ajouter les informations saugrenues d'un certain Frank Timis aussi bavard que ridicule. Dont le nom est désormais gravé dans les archives "GUINESS" des Mensonges. Le plus grand bluffeur que la terre ait créé en cette première décennie du siècle.
Le Bouclier Fraternel
Au premier de parmi nous, d'exiger auprès de ce lien épidermique, au bénéfice du peuple, des éclaircissements sur un problème économique d'une importance si grande. Surtout quand les services nationaux compétents du fisc en réclament quelques 90 Milliards du contribuable. Mais, un tel silence assourdissant de sa part, ne fait qu'envenimer cette méprisante idée se répandant partout : " Il protège son frère". Bien qu'agissant en baffle humain, Mame Mbaye Niang, Ministre de la Jeunesse, aiguillonné à partir de hauts lieux, s"érige en acteur face à Aliou Sall. Hélas! Qui n'a pas compris la combine ?
S'il plait au Bon Dieu, créateur du trône sublime, nous prions, afin que cette dynastie libère ces quelque 14 Millions d'âmes. Dont la seule malchance, aujourd'hui, est d'appartenir à la terre de Ndiadiane Ndiaye et autre Aline Sitoë Diatta.
Elhadj Yvon mbaye
Journaliste-formateur
Auteur: Elhadj Yvon mbaye - Contributions
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