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​L’après referendum : Le chaos après l’O.K !

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 23 Mars 2016 à 12:12

En revisitant le film du référendum de dimanche passé, les différents leaders impliqués, selon qu’ils sont du camp du « OUI « ou du « NON », présentent des fiches de lectures de l’issue du scrutin ; des fiches de lectures débordant de subjectivité, et pour cause. Les médias, eux aussi, ne se sont pas limités à relayer ces états d’âme des uns et des autres ; ils ont aussi versé dans des commentaires où la neutralité occupe rarement cependant une place de choix.


La récente consultation référendaire peut-elle être considérée comme une « victoire-défaite, selon les termes de la « Tribune », ou comme la plus impopulaire de toutes celles que le Sénégal a connues depuis son indépendance ? En tout cas, tel est l’avis sans appel qui barre la UNE de Walf Quotidien de ce mardi.

Et si cette assertion est plus ou moins digne d’intérêt, c’est parce qu’elle peut servir de point de départ pour porter un regard critique sur les enseignements tantôt biaisés tantôt ronflants, rarement objectifs, que les forces impliquées ont cru devoir poser sur le choix définitif des Sénégalais. 

Le premier motif allant dans le sens de décrédibiliser ledit référendum et qui a été brandi, à souhait, comme un trophée de guerre par bien des leaders de l’opposition, c’est la faiblesse du taux de participation.
La preuve, même si dans l’ensemble ils ont choisi d’afficher une sportivité non feinte en reconnaissant publiquement leur défaite et en félicitant leurs adversaires, Malick Gakou, plénipotentiaire de la coalition du « NON » dans la banlieue et Bamba Fall, maire socialiste de la Médina, n’en minimisent pas moins la victoire du camp d’en face à cause du désintérêt public exprimé à travers le très fort taux d’abstention. « Cette victoire est celle de l’abstention ». Telle est la conclusion ironiquement sentencieuse du maire dissident de la Médina. Une posture affichée aussi par le maire libéral de Pikine Nord, qui, pour exprimer son rejet absolu de la prétendue légalité dudit scrutin, ne s’embarrasse guère de circonlocutions. « Cette modification constitutionnelle, assène-t-il, n’est pas celle du peuple sénégalais, mais bien celle de Macky Sall et de sa coalition ».

Un tel discours, évidemment, dans le camp du pouvoir, ne peut être perçu que comme une absence notoire de fair-play. Abdou Latif Coulibaly dira par exemple que le fait d’avancer la thèse selon laquelle le taux de participation est faible est « une appréciation purement politicienne ».
D’autres opposants font entendre un son de cloche plus grave et allant dans le sens d’invalider le scrutin. Il s’agit principalement du patron de l’UCS Abdoulaye Baldé et d’Idrissa Seck patron de « REWMI » qui, pour souligner le caractère accablant des soupçons de fraudes dont ils font état dans leurs départements respectifs, ne se sont pas privés de faire circuler les « vrais et bons résultats » auxquels aurait dû s’en tenir la commission si elle n’avait pas procédé à des soustractions suspectes. 

La transition est toute trouvée d’ailleurs pour parler de l’intervention de Me Wade qui, sur les ondes de Walf, hier, a livré sa propre radioscopie du scrutin. Dans son propos, l’ancien président de la première alternance démocratique du Sénégal martèle que le vote est entaché d’irrégularités, raison pour laquelle il enjoint son parti et ses alliés de se réserver le droit d’ester en justice pour faire triompher la vérité. Son intervention, qui semblait très attendue, vue l’intérêt exponentiel manifesté par les auditeurs, s’est élargie naturellement à plusieurs autres questions d’actualité, comme sa supposée double nationalité, le statut du chef de l’opposition, et aussi l’offre de médiation du leader de l’AJ/PADS Landing Savané. Pour Me  Wade, le vrai problème ce n’est plus sa double nationalité à lui, puisque, selon ses dires, sa nationalité française, il ne l’a plus ; en revanche, il martèle que c’est Macky Sall qui devrait prendre sur lui l’initiative d’édifier les Sénégalais sur la sienne, c’est-à-dire sur la double nationalité qu’on lui prête.  Relativement à la proposition de son ancien compagnon Landing Savané, Me Wade la décline formellement en se fondant sur le fait que le leader de gauche est aujourd’hui trop à droite (dans le camp d’un pouvoir d’obédience libérale) pour se prévaloir d’un quelconque statut de médiateur. Mais la partie la plus sensible de la sortie du leader nonagénaire c’est quand il rappelle que c’est la première fois dans l’histoire de son parcours politique qu’il ne contribue financièrement à une campagne de son parti avant d’expliquer sur un ton indigné que s’il en est ainsi c’est parce qu’il a été volé.

Vrai ? Faux ? Qui est supposé être « son « voleur » ? En tout cas, qu’il ne compte guère sur le premier policier du Sénégal pour faire parler la justice en sa faveur, car le ministre de l’Intérieur est déjà trop occupé à faire valoir son bilan du scrutin qu’il avait la charge d’organiser. Un bilan qui « invalide », si l’on ose dire, celui de la CENA, puisque pour A2D, le « Oui » l’aurait remporté à hauteur de 62% ! Et comme pour rester dans les limites de la courtoisie républicaine, le très politique ministre de l’Intérieur clame à qui veut l’entendre que finalement, « c’est le Sénégal qui a gagné ».    
Son mentor, Macky Sall, semble s’inscrire résolument s’inscrire dans cette dynamique de réconciliation avec une partie du peuple qui a encore du mal a digérer l’arrogance avec laquelle lui et ses partisans ont imposé le référendum au peuple. Aussi, s’est-il permis d’envoyer aujourd’hui des millions de SMS aux citoyens lambda où, après avoir remercié, il rappelle qu’au-delà des empoignades, c’est notre démocratie qui en sort grandie.   
La question est de savoir si tout le monde est prêt à lui prêter une oreille attentive...     



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