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Vladimir Poutine renonce à sa visite parisienne

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 12 Octobre 2016 à 03:39 modifié le Mercredi 12 Octobre 2016 - 03:52

Dans le contexte de tension entre la France et la Russie, le président russe a préféré " reporter" son déplacement.


Avec le déluge de feu qui s'abat sur Alep et après le veto russe opposé au projet de résolution française réclamant une pause dans les bombardements, François Hollande pouvait difficilement accueillir Vladimir Poutine à Paris comme si de rien n'était. Après avoir été accusé d'être complice de «crimes de guerre» à Alep et vu sa visite parisienne, qui devait symboliquement couronner son retour sur la scène diplomatique, rabaissée à une simple séance de travail sur la Syrie, le président russe pouvait difficilement faire autrement que «reporter» son déplacement. Un jeu à somme nulle?
Officiellement, le «désaccord majeur» qui oppose, selon les mots de François Hollande, la France à la Russie sur le sort d'Alep, ne signifie pas une rupture du dialogue entre les deux chefs d'État, qui se téléphonent environ deux fois par mois depuis un an. Le porte-parole du Kremlin a assuré mardi que Vladimir Poutine était prêt à se rendre en France «à une date qui conviendra» à François Hollande.
À Paris, on considère que la Russie reste «un pays partenaire, pas un adversaire» ainsi qu'un acteur incontournable pour régler les questions syrienne et ukrainienne. «Ni rupture ni complaisance», a dit Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères. Car pour ne pas être un «simulacre», le dialogue avec la Russie doit pouvoir être «ferme et franc» plaide le chef de l'État. En fait, l'entourage de Vladimir Poutine serait furieux. Il aurait menacé de ne plus rencontrer François Hollande, d'«attendre l'élection d'un nouveau président» et de ne plus acheter de fromage français…

La France est déterminée à exercer ses «responsabilités»

En manœuvrant de façon à laisser Vladimir Poutine renoncer lui-même à sa visite parisienne, la diplomatie française a joué assez finement. Elle n'a pas pris l'initiative de la rupture tout en faisant respecter ce qu'elle estime être ses «principes», ses «valeurs» et ses «convictions». Depuis le début du conflit en Syrie, Paris considère que Bachar el-Assad est le grand responsable de la guerre qui ensanglante le pays, même si Daech constitue la principale menace contre la France. Dotée d'un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, la France est déterminée à exercer ses «responsabilités» dans le monde. Fidèle à sa tradition de soutien aux droits de l'homme, elle ne pouvait rester silencieuse devant les «crimes de guerre» commis par le régime syrien et son allié russe dans la deuxième ville du pays. Et ce d'autant plus que le sort d'Alep pourrait déterminer celui de la Syrie entière. Si le régime de Damas la reconquiert, il aura en partie gagné la guerre… Il fallait donc, pour la France, marquer le coup. Comme elle l'avait fait quelques jours plus tôt en défendant une résolution destinée à placer la Russie «devant ses responsabilités».

La suite de l'histoire risque d'être plus compliquée à gérer. Paris souhaiterait que la participation de la Russie aux bombardements russes sur Alep puisse faire l'objet de sanctions internationales. La plupart des initiatives sur la Syrie à l'ONU sont bloquées par le veto russe. L'Europe est divisée sur la question. Et hormis les instances internationales, la France n'a guère d'autres leviers. En fin de mandat, Barack Obama semble avoir de facto délégué la gestion de la crise syrienne à la Russie, même si les mots employés par les responsables américains envers le Kremlin sont de plus en plus durs. La montée des tensions entre la Russie et l'Occident n'a jamais été aussi vive depuis la fin de la guerre froide. «Le monde s'approche dangereusement de la zone rouge», prévient Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant soviétique.
Bientôt une réunion sur l'Ukraine?

L'annulation de la visite de Vladimir Poutine pourrait en outre annoncer celle d'une réunion sur l'Ukraine au «format Normandie», sur laquelle travaillent les diplomaties française et allemande. Elle devait initialement réunir les quatre acteurs des accords de Minsk - Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et le président ukrainien, Petro Porochenko - à Berlin.

 L'Élysée aurait convaincu Angela Merkel, après le veto russe et alors que les bombardements sur Alep s'intensifiaient, d'organiser la réunion à Paris, en marge de la visite de Poutine. Dans l'esprit des responsables français, il s'agissait d'essayer de «noyer» la visite du président russe dans une réunion internationale, de «gommer» sa connotation bilatérale, d'atténuer l'effet négatif qu'aurait produit son arrivée triomphale à Paris alors même que le bombardement d'Alep a provoqué l'indignation internationale… Cette proposition aurait été rejetée par les Russes, qui tenaient au caractère «bilatéral» de la visite, et la réunion a été reprogrammée à Berlin le 19 octobre.
Pour l'instant… François Hollande a en effet conditionné sa tenue à des «avancées réelles» dans le processus instauré en 2014 à l'initiative de Paris et de Berlin et qui vise à instaurer la paix entre les Ukrainiens et les séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine. Il considère pour l'instant que les progrès sont «trop lents». Dans une déclaration officielle, la présidence ukrainienne affirme, quant à elle, soutenir l'initiative de Berlin, même si elle n'a pas encore reçu d'«invitation officielle». «Nous devons nous voir pour sauver le processus. Même si c'est pour faire semblant que ça marche», confie une source proche du dossier. Kiev exige cependant que les questions de sécurité soient examinées au même titre que les questions politiques. Vladimir Poutine, lui, a laissé dire qu'il pourrait se rendre à Berlin… On peut imaginer qu'il pourrait dans ce cas-là s'entretenir avec François Hollande… Mais dans le contexte actuel, la réunion de Berlin ressemble à une patate chaude dont personne n'ose s'emparer. Même Berlin se garde bien de confirmer la réunion.

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