Un prêtre polonais a révélé samedi dans la presse son homosexualité, provoquant l'agacement du Vatican qui s'apprête à ouvrir dimanche son deuxième synode sur la famille, où il doit justement être question de l'homosexualité.
L’affaire embarrasse le Vatican : un prêtre polonais, théologien de surcroît, a révélé samedi 3 octobre, la veille du synode sur la famille, son homosexualité. Une annonce qui a aussitôt déclenché les foudres du Vatican. L’homme a été immédiatement démis de ses fonctions auprès du Saint Siège.
L'attitude de ce prêtre, qui a révélé dans deux journaux samedi son homosexualité, est "très grave et irresponsable", a affirmé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. "Évidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi", qu'il exerce depuis douze ans, a-t-il poursuivi dans un communiqué.
Krysztof Olaf Charamsa, prêtre polonais âgé de 43 ans, était jusqu'à présent secrétaire adjoint d'une Commission théologique internationale auprès de cette congrégation, précisément chargé de veiller au bon respect du dogme catholique. Le Vatican précise que son statut de prêtre, qu'il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera décidé par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.
"Manifeste de libération"
Dans un restaurant de Rome, l'homme par qui le scandale est arrivé se dit néanmoins soulagé devant la presse. "Je sors du placard et j'en suis heureux", a affirmé samedi Mgr Charamsa, tout sourire, debout aux côtés de son compagnon. "À mon Église, je veux dire que je refuse et que je dénonce l'exaspérante homophobie ambiante. Ouvre les yeux à la souffrance des personnes homosexuelles, à leur désir d'amour", a-t-il déclaré, revêtu de sa tenue de prêtre.
Son compagnon, un Catalan prénommé Eduardo, l'a alors enlacé en se disant "fier de lui". Profondément ému, il a ensuite lu un "manifeste de libération " en dix points contre "l'homophobie institutionnalisée de l'Église", avant d'annoncer qu'un livre était en préparation.
"Je demande pardon pour toutes ces années où j'ai souffert en silence devant la paranoïa, l'homophobie, la haine et le refus des homosexuels que j'ai vécus au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l'homophobie dans l'Église", a-t-il encore affirmé avec force.
Résigné, il s'en est remis "à la volonté de Dieu" concernant son avenir en tant que prêtre, très certainement condamné.
"Le clergé est largement homosexuel"
Le scandale pour le Vatican est d'autant plus grand le pape François doit ouvrir dimanche un second synode sur la famille, où la question de l'homosexualité doit être débattue. Elle divise profondément l'Église catholique, certains y voyant un "désordre" à combattre, et d'autres une réalité à prendre en compte.
Sur le thème de l'homosexualité, "l’Église est en retard par rapport aux connaissances auxquelles est parvenue l'humanité", or il "n'est pas possible d'attendre encore 50 ans", a souligné Mgr Charamsa au "Corriere della Sera".
Mais "il est temps que l'Église ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu'elle propose, à savoir l'abstinence totale et une vie sans amour, n'est pas humaine", a-t-il lancé, réclamant "miséricorde et dignité".
"Le clergé est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu'à la paranoïa car paralysé par le manque d'acceptation pour sa propre orientation sexuelle", a-t-il aussi déclaré à l'édition polonaise de "Newsweek".
Avec AFP et Reuters