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Sans eau potable, malades et enclavées Des populations du Boundou boivent l'eau du fleuve avec des ...animaux

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 11 Décembre 2015 à 16:20 modifié le Vendredi 11 Décembre 2015 - 16:27

A l’extrême Est du Sénégal entre Kidira et Kéniaba, les habitants de la centaine de villages qui bordent les rives de la Falémé boivent de l’eau du fleuve, sont privés de routes, d’électricité et de structures de santé. Réunis à Takhoutala à l’initiative de l’association de ses ressortissants, les populations qui ont étalé les difficultés qui empoisonnent leur quotidien déclarent en avoir assez de cette situation qu'elles n'ont pas cessé de soulever et de dénoncer depuis des années.


Sans eau potable, malades et enclavées                  Des populations du Boundou boivent l'eau du fleuve avec des ...animaux
A 38 km de Kidira sur les rives de  la Faléma, les villageois de la centaine  de localités qui bordent ce fleuve ont le sentiment d’être oubliés par l’Etat. Souffrant le martyr, ils sont des milliers d’âmes qui sont contraintes de s’abreuver à l’eau du fleuve.
A Takhoutala, où ils se sont réunis pour crier leur désarroi, les citoyens de cette partie de la région naturelle du Boundou réclament de la considération. «Faute d’eau potable dans la contrée,  nous nous abreuvons à la même source que nos animaux domestiques et les bêtes sauvages », peste le chef de village, Boubacar Sidibé appuyés par un hochement de tête de ses homologues venus d’ailleurs pour  exprimer leur dégoût.
 Si le calvaire de ses villageois persiste, c’est que leur terroir n’a jamais été raccordé au réseau d'alimentation en eau potable. Le seul forage de la localité qui était fonctionnel pour abréger leur souffrance est tombé en panne depuis des années. « L’autorité a été informée de la situation mais n’a pas réagi, nous obligeant à boire l’eau du fleuve avec toutes les maladies que cela cause », peste le vieux Boubacar Sidibé. Pire pour ces populations, il arrive des moments de l’année où elles n’ont plus accès à l’eau du fleuve qui tarit. Pour disposer du liquide précieux en cette période, elles se retournent vers  les marigots. En effet, face au cri du cœur lancé devant l’assemblée des habitants de cette partie du Sénégal oriental,  le sentiment de frustration d’un membre de l’association des ressortissants s’est accentué au point qu’il lui coupa la parole pour se demander « s’ils sont Sénégalais et considérés comme tels ». Boubacar Konaté, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’en demande pas moins à l’Etat de mettre un terme à la situation qui prévaut à Takhoutala et environs. Dans cette partie du Sénégal, où l’accès est quasi impossible, aucune route praticable ne mène aux villages concernés. Et cet enclavement s’empire pendant l’hivernage où les populations sont souvent emprisonnées par les eaux pendants plusieurs jours sans aucune possibilité de déplacement d’une localité à une autre. « On nous a promis à chaque fois de raccorder notre terroir au système de transfert d'eau, promu des digues et des ponts, mais rien n'est fait pour le moment », dénonce Konaté devant les nombreux affaissements des sols qui se sont en outre produits à différents endroits. En effet, preuve que l’enclavement est réel dans cette zone,  l'on a constaté d'importants glissements de terrains dus à l'absence d'ouvrages d'évacuation des eaux pluviales. Les sentiers qui sont empruntés pour rallier les villages sont pratiquement coupés à cause d'un important affaissement de terrain. « Nous n’avons pas cessé de demander la construction du tronçon qui nous relie à la route nationale mais les autorités semblent n’être pas dans les dispositions pour régler les problème », disent  avec amertume les habitants qui n’en peuvent plus de vivre dans des villages totalement isolés ».

A Takhoutala, Sembédou, Hamdalaye, Guita, Gourel Bocar Samba jusqu’à Kéniaba, les villageois reprochent à l'Etat de n'avoir pas su, ou voulu, développer leurs localités rurales. « La vie dans nos villages est devenue un calvaire. La politique adoptée par les pouvoirs publics a poussé de nombreux citoyens à l'exode. Tout le monde veut aller en ville. Des habitants sont prêts à abandonner leurs maisons pour habiter un bidonville tout près d'un centre urbain. Si les habitants ne protestent pas, ils disent n’en pouvoir plus continuer à vivre des conditions intenables qui rythment leur vie quotidienne, s’exclament-ils.

Nos interlocuteurs ont les mêmes problèmes avec l’électricité et le réseau mobile qui sont des luxes attendus dans la contrée.  Avec les maladies qui sont occasionnées par la consommation d’une eau de mauvaise qualité, la santé est devenu un  vrai casse tête chez ces Boundoulais. Cheikh Alpha Tidiane Diatta, le volontaire de la santé qui est dans la localité pour aider les populations déplore un taux de mortalité élevé causé en grande partie par les conditions d’existence  qui prévalent dans la zone.   En tant qu’infirmier chef du poste qui couvre plusieurs villages, Diatta déclare noter dans ses consultations, beaucoup de cas de diarrhée et de vomissement dont certains se soldent par la mort. La campagne de sensibilisation entreprise par la Croix rouge contre la boisson des eaux du fleuve et des marigots a certes réduit le danger avec des populations qui traitent l’eau avant de la boire,  mais  des cas  gastro entérite aïgui subsistent toujours », renseigne le volontaire payé avec les cotisations des populations.  
Travaillant la nuit à l’aide d’une torche, il déplore à l’instar des villageois qui sont en colère, l’état des routes du Boundou qui rende difficile les évacuations. « Pendant l’hivernage, c’est  par le fleuve que nous évacuions les malades sur un trajet d’une quarantaine de km parcouru pendant 7 heures par la pirogue »,  a encore fait savoir l’infirmier, Diatta qui souhaite  l’agrandissement des locaux  du poste de santé  qui ne dispose  que de 4 salles.      

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