C’est à un jeu politique très risqué auquel le Président Macky Sall s’est engagé en convoquant le référendum pour le 20 mars prochain. Car ce référendum peut signer l’arrêt de mort politique du chef de l’Alliance pour la République (APR), le parti au pouvoir. En effet, en convoquant dans la foulée le corps électoral lors de son discours de reniement de sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans, M. Macky Sall pensait allumait un contre-feu sur le plan de la communication. Mais ce feu risque de le ravager avec sa famille politique. Et ce, pour une raison toute simple. Car, Macky Sall vient de réussir une prouesse à laquelle aucun politique, même le plus idiot du monde, n’en voudrait pas. C’est-à-dire, réussir à se mettre à dos une frange importante de sa population en une fraction de seconde. Réussir à pousser dans les bras de l’opposition la société civile qui n’avait aucune envie de travailler avec cette opposition. Il faut être Macky Sall pour le faire en un temps aussi record. Cette jonction entre la société civile et l’opposition n’était pas envisageable il y a juste quelques jours. Et voilà qu’aujourd’hui, elle est une réalité à cause ou grâce à des conseillers malhonnêtes du Président de la République. Mais en
politique, le conseiller n’a aucun rôle. C’est pourquoi c’est seul Macky Sall qui est responsable de son reniement.
Le cas de De Gaule qui a démissionné en 1969
Cette tragédie de Macky Sall à laquelle nous assistons sous nos yeux nous rappelle bien celle d’un grand homme : le Général Charles de Gaule, le sauveur de la France. Malmené en Mai 1968 par les étudiants qui ont fait vaciller son régime, n’empêche les Gaullistes sortent victorieux des élections législatives anticipées de Juin 1968. De cette contestation, le Général de Gaule tire la conclusion selon laquelle les Français veulent participer plus à la vie de la Cité. C’est alors qu’il enclenche deux réforme : celles l’éducation et de l’administration par la régionalisation qui vise à donner plus de pouvoir aux régions, et ainsi rapprocher les Français de leur administration, et la fusion du Sénat et du Conseil économique et social.
Ceci servira de prétexte au Général de Gaule pour l’organisation d’un référendum. Ce qui ducoup, a engagé directement sa responsabilité politique en cas de succès ou d’échec de la consultation. Initialement prévue pour décembre 1968, celui est reporté au 27 Avril 1969. Ce
report va permettre à l’opposition de s’organiser. En plus, des fissures apparaissent dans le camp des Gaullistes avec Valéry Giscard d’Estaing qui critiquent ouvertement le Général pour ses tendances autoritaires. La mise à l’écart du très populaire Premier ministre Georges Pompidou n’a pas aussi facilité la tâche au camp gaulliste. Au final, au soir du 27 Avril 1969, c’est le « non » qui l’emporte avec 52,41% des suffrages. Tirant les conséquences et conclusions de l’échec, le Général Charles de Gaules démissionne le lendemain du référendum, c’est-à-dire le 28 Avril 1969.
Les trois raisons de la victoire du « Non »
Ce scénario de la France 68-69 se reproduit à peu près de la même chose aujourd’hui au
Sénégal avec le référendum convoqué par le Président Macky Sall. Celui-ci doit comprendre
que dans une élection, de surcroit un référendum, c’est sa responsabilité politique et
personnelle qui est engagée et qu’en cas de victoire du « non », il devra rendre sa démission dans la soirée du vote ou le lendemain de la consultation. Et ce scénario est plus que plausible au regard de la tournure que prennent les choses.
D’abord, parce que la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakar est en train de voler en éclat avec la sortie fracassante du Vice-président de l’Assemblée Nationale, Mansour Sy Djamil de Bes du Nak qui a ouvertement appeler à voter « non » et le député Imam Mbaye Niang du MRDS qui a démissionné de la mouvance présidentielle. Au niveau du Parti Socialiste, Khalifa Sall, maire de Dakar et Aïssata Tall Sall, maire de Podor ont pris le contre-pied du Premier Secrétaire du parti, Ousmane Tanor Dieng qui avait soutenu le reniement du Chef de l’Etat. Sans oublier que des partis de moindre envergure de la coalition sont opposés à cette mesure et ont appelé à voter « non » au référendum.
Ensuite, le front anti référendum qui commence à se mettre en place et qui réunit le PDS de Oumar Omar, le Rewmi de Idrissa Seck, le FSDBJ de Cheikh Bamba Dièye, l’UCS de Abdoulaye Baldé, Bokk Gis Gis de Pape Diop, l’Union national Patriotique de Souleymane Ndéné Ndiaye… et de nombreux autres acteurs de la société civile, n’augure rien de bon pour Macky Sall. Même si ce front est loin d’être homogène et avoir la même position sur l’attitude à tenir vis-à-vis du référendum-faut-il boycotter ou alors faire campagne pour le « non »-, les murs du Palais commencent à trembler déjà. Enfin au Sénégal, il est souvent difficile, voire impossible de perdre un combat quand les partis politiques et la société civile unissent leur forces. Le dernier exemple en date est encore frais dans nos mémoires avec le 3ème mandat de Wade. Et ça, les recruteurs du Palais le savent très bien. C’est pourquoi ils vont tout mettre en œuvre pour saboter l’unité qui tend à se dégager au sein du front. D’où la possibilité de s’attendre à des départs du fait des offres mirobolants du pouvoir en place à certains membres qui ne rêvent que de postes.
Alors, la question qui se pose est de savoir si Macky Sall va démissionner en cas de victoire du « Non » ? La réponse est que politiquement, c’est qui devrait se passer. Mais comme il nous a déjà montrés qu’il n’est pas un homme de parole et d’honneur, un refus de démissionner de sa part ne devrait pas me surprendre. Car il n’est pas un grand homme comme De Gaule.
Francis Lieber
Chroniqueur politique à Paris
politique, le conseiller n’a aucun rôle. C’est pourquoi c’est seul Macky Sall qui est responsable de son reniement.
Le cas de De Gaule qui a démissionné en 1969
Cette tragédie de Macky Sall à laquelle nous assistons sous nos yeux nous rappelle bien celle d’un grand homme : le Général Charles de Gaule, le sauveur de la France. Malmené en Mai 1968 par les étudiants qui ont fait vaciller son régime, n’empêche les Gaullistes sortent victorieux des élections législatives anticipées de Juin 1968. De cette contestation, le Général de Gaule tire la conclusion selon laquelle les Français veulent participer plus à la vie de la Cité. C’est alors qu’il enclenche deux réforme : celles l’éducation et de l’administration par la régionalisation qui vise à donner plus de pouvoir aux régions, et ainsi rapprocher les Français de leur administration, et la fusion du Sénat et du Conseil économique et social.
Ceci servira de prétexte au Général de Gaule pour l’organisation d’un référendum. Ce qui ducoup, a engagé directement sa responsabilité politique en cas de succès ou d’échec de la consultation. Initialement prévue pour décembre 1968, celui est reporté au 27 Avril 1969. Ce
report va permettre à l’opposition de s’organiser. En plus, des fissures apparaissent dans le camp des Gaullistes avec Valéry Giscard d’Estaing qui critiquent ouvertement le Général pour ses tendances autoritaires. La mise à l’écart du très populaire Premier ministre Georges Pompidou n’a pas aussi facilité la tâche au camp gaulliste. Au final, au soir du 27 Avril 1969, c’est le « non » qui l’emporte avec 52,41% des suffrages. Tirant les conséquences et conclusions de l’échec, le Général Charles de Gaules démissionne le lendemain du référendum, c’est-à-dire le 28 Avril 1969.
Les trois raisons de la victoire du « Non »
Ce scénario de la France 68-69 se reproduit à peu près de la même chose aujourd’hui au
Sénégal avec le référendum convoqué par le Président Macky Sall. Celui-ci doit comprendre
que dans une élection, de surcroit un référendum, c’est sa responsabilité politique et
personnelle qui est engagée et qu’en cas de victoire du « non », il devra rendre sa démission dans la soirée du vote ou le lendemain de la consultation. Et ce scénario est plus que plausible au regard de la tournure que prennent les choses.
D’abord, parce que la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakar est en train de voler en éclat avec la sortie fracassante du Vice-président de l’Assemblée Nationale, Mansour Sy Djamil de Bes du Nak qui a ouvertement appeler à voter « non » et le député Imam Mbaye Niang du MRDS qui a démissionné de la mouvance présidentielle. Au niveau du Parti Socialiste, Khalifa Sall, maire de Dakar et Aïssata Tall Sall, maire de Podor ont pris le contre-pied du Premier Secrétaire du parti, Ousmane Tanor Dieng qui avait soutenu le reniement du Chef de l’Etat. Sans oublier que des partis de moindre envergure de la coalition sont opposés à cette mesure et ont appelé à voter « non » au référendum.
Ensuite, le front anti référendum qui commence à se mettre en place et qui réunit le PDS de Oumar Omar, le Rewmi de Idrissa Seck, le FSDBJ de Cheikh Bamba Dièye, l’UCS de Abdoulaye Baldé, Bokk Gis Gis de Pape Diop, l’Union national Patriotique de Souleymane Ndéné Ndiaye… et de nombreux autres acteurs de la société civile, n’augure rien de bon pour Macky Sall. Même si ce front est loin d’être homogène et avoir la même position sur l’attitude à tenir vis-à-vis du référendum-faut-il boycotter ou alors faire campagne pour le « non »-, les murs du Palais commencent à trembler déjà. Enfin au Sénégal, il est souvent difficile, voire impossible de perdre un combat quand les partis politiques et la société civile unissent leur forces. Le dernier exemple en date est encore frais dans nos mémoires avec le 3ème mandat de Wade. Et ça, les recruteurs du Palais le savent très bien. C’est pourquoi ils vont tout mettre en œuvre pour saboter l’unité qui tend à se dégager au sein du front. D’où la possibilité de s’attendre à des départs du fait des offres mirobolants du pouvoir en place à certains membres qui ne rêvent que de postes.
Alors, la question qui se pose est de savoir si Macky Sall va démissionner en cas de victoire du « Non » ? La réponse est que politiquement, c’est qui devrait se passer. Mais comme il nous a déjà montrés qu’il n’est pas un homme de parole et d’honneur, un refus de démissionner de sa part ne devrait pas me surprendre. Car il n’est pas un grand homme comme De Gaule.
Francis Lieber
Chroniqueur politique à Paris