À Ouagadougou, une autorité traditionnelle a joué un rôle important pour la résolution de la crise.
Au Burkina Faso, la crise politique née du putsch exécuté par les militaires du régiment présidentiel (le RSP) est en passe de se résoudre en une solution diplomatique, qui évite au pays de revenir en arrière un an après avoir chassé Blaise Compaoré du pouvoir. Mais au milieu des négociations interminables qui se sont tenues entre les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le général Diendéré, chef des putschistes, et la classe politique burkinabè, un homme discret semble avoir pesé de tout son poids: le Mogho Naaba.
Au centre des évènements
Avant qu'il appose sa signature sur l'accord trouvé entre les putchistes et les loyalistes mardi 22 septembre en soirée, son nom était déjà revenu plusieurs fois dans la bouche des principaux acteurs de la crise. Le général Diendéré, qui a mené le putsch, s'est ainsi rendu lundi 21 septembre chez le roi des mossi, l'ethnie majoritaire du Burkina, alors que l'armée régulière encerclait la ville. Le général Diendéré a décrit son entrevue avec le Mogho Naaba, dans une interview accordée au média américain Vice.
«Je voulais lui faire le point sur la situation, lui expliquer, puisque cette nouvelle situation est arrivée sous ma responsabilité. Il a accepté de me recevoir et a appelé les autres responsables des communautés religieuses qui devaient être présents à cette audience. Cette audience a été accordée pour 16 heures (...) Quand je suis arrivé, des jeunes gens qui étaient hors du Palais ont aperçu mon cortège et ont commencé à venir se masser devant la porte du Mogho Naaba. Je ne voulais pas que les gens se massent devant la cour du Mogho Naaba. Cela pouvait l'indisposer, j'ai donc dû écourter l'audience. J'ai demandé congé et je suis parti.»
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En réalité, selon plusieurs médias locaux, c'est le Mogho Naaba qui a chassé le général pour éviter qu'une foule en colère ne le lynche.
Un pouvoir séculaire
Le Mogho Naaba, titre porté par le roi du royaume mossi de Ouagadougou, est une autorité traditionnelle qui a conservé une influence politique dans le Burkina Faso moderne. Le Mogho Naaba actuel, Naba Baongo II, est selon les griots de la cour le 37e souverain mossi de l'histoire. Le royaume de Ouagadougou s'est imposé au fil des siècles comme le royaume mossi le plus puissant. Il cohabitait avec ceux du Gourma, du Mamprousi, du Dagomba et du Yatenga.
Le Mogho Naaba auteur d'un coup d'Etat
Clin d'oeil de l'histoire, un Mogho Naaba avait tenté de renverser le pouvoir burkinabè par un coup d'Etat. C'était en 1958. Le Mogho Naba Kougri voulait imposer à la Haute Volta (nom du Burkina de l'époque) une monarchie constitutionnelle mais échoua dans sa tentative. Tout l'inverse d'aujourd'hui. Un bref résumé des évènements de l'époque est raconté dans le livre «Le Retour des rois, les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique».
«Le Mogho Naaba réunit son gouvernement traditionnel et obtint de ses ministres l'autorisation d'assiéger avec des guerriers l'assemblée territoriale. le matin du 17 octobre 1958, 3.000 archers allèrent cerner l'enceinte de l'assemblée. La manifestation dura jusqu'à 11 heures où l'armée française intervint pour disperser les guerriers.»
Comme quoi l'Histoire ne se repète pas toujours.
Au Burkina Faso, la crise politique née du putsch exécuté par les militaires du régiment présidentiel (le RSP) est en passe de se résoudre en une solution diplomatique, qui évite au pays de revenir en arrière un an après avoir chassé Blaise Compaoré du pouvoir. Mais au milieu des négociations interminables qui se sont tenues entre les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le général Diendéré, chef des putschistes, et la classe politique burkinabè, un homme discret semble avoir pesé de tout son poids: le Mogho Naaba.
Au centre des évènements
Avant qu'il appose sa signature sur l'accord trouvé entre les putchistes et les loyalistes mardi 22 septembre en soirée, son nom était déjà revenu plusieurs fois dans la bouche des principaux acteurs de la crise. Le général Diendéré, qui a mené le putsch, s'est ainsi rendu lundi 21 septembre chez le roi des mossi, l'ethnie majoritaire du Burkina, alors que l'armée régulière encerclait la ville. Le général Diendéré a décrit son entrevue avec le Mogho Naaba, dans une interview accordée au média américain Vice.
«Je voulais lui faire le point sur la situation, lui expliquer, puisque cette nouvelle situation est arrivée sous ma responsabilité. Il a accepté de me recevoir et a appelé les autres responsables des communautés religieuses qui devaient être présents à cette audience. Cette audience a été accordée pour 16 heures (...) Quand je suis arrivé, des jeunes gens qui étaient hors du Palais ont aperçu mon cortège et ont commencé à venir se masser devant la porte du Mogho Naaba. Je ne voulais pas que les gens se massent devant la cour du Mogho Naaba. Cela pouvait l'indisposer, j'ai donc dû écourter l'audience. J'ai demandé congé et je suis parti.»
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En réalité, selon plusieurs médias locaux, c'est le Mogho Naaba qui a chassé le général pour éviter qu'une foule en colère ne le lynche.
Un pouvoir séculaire
Le Mogho Naaba, titre porté par le roi du royaume mossi de Ouagadougou, est une autorité traditionnelle qui a conservé une influence politique dans le Burkina Faso moderne. Le Mogho Naaba actuel, Naba Baongo II, est selon les griots de la cour le 37e souverain mossi de l'histoire. Le royaume de Ouagadougou s'est imposé au fil des siècles comme le royaume mossi le plus puissant. Il cohabitait avec ceux du Gourma, du Mamprousi, du Dagomba et du Yatenga.
Le Mogho Naaba auteur d'un coup d'Etat
Clin d'oeil de l'histoire, un Mogho Naaba avait tenté de renverser le pouvoir burkinabè par un coup d'Etat. C'était en 1958. Le Mogho Naba Kougri voulait imposer à la Haute Volta (nom du Burkina de l'époque) une monarchie constitutionnelle mais échoua dans sa tentative. Tout l'inverse d'aujourd'hui. Un bref résumé des évènements de l'époque est raconté dans le livre «Le Retour des rois, les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique».
«Le Mogho Naaba réunit son gouvernement traditionnel et obtint de ses ministres l'autorisation d'assiéger avec des guerriers l'assemblée territoriale. le matin du 17 octobre 1958, 3.000 archers allèrent cerner l'enceinte de l'assemblée. La manifestation dura jusqu'à 11 heures où l'armée française intervint pour disperser les guerriers.»
Comme quoi l'Histoire ne se repète pas toujours.