« Je ne me rappelle plus du paiement de 13ème mois ». C’est ce que le Maire de Dakar a répondu au doyen des Juges dans le secret de son cabinet le 17 mars 2017, à 15 heures 7 minutes. Le Magistrat avait posé à Khalifa Sall la question à savoir : « Les fonds que vous appelez fonds politiques étaient disponibles pour combien de mois dans l’année ? »
La réponse du Maire de Dakar : « C’était mis à ma disposition pour les 12 mois de l’année correspondant à l’inscription budgétaire ». Le Magistrat enchaîne : « Les enquêteurs ont relevé le paiement d’un 13ème mois dans le courant de l’année 2013. Qu’en dites-vous ? » Ambiance…
Auparavant, l’édile de la capitale a persisté et signé que les fonds que lui remettait son Directeur administratif et financier (Daf), Mbaye Touré, étaient des fonds politiques. « Il s’agissait de fonds politiques, le maire les utilisait de façon discrétionnaire au profit des administrations, instituions, populations démunies et nécessiteuses. Je n’ai jamais utilisé les fonds politiques à des fins personnelles.
Le même jour, le doyen des Juges interroge Amadou Moctar Diop, le coordonnateur de l’Inspection général des services municipaux. Il dit : « Oui j’ai signé les procès-verbaux de réception mais nous n’avons jamais réceptionné du riz ou du mil. J’ai signé parce que cela répondait à des préoccupations d’ordre comptable (…) Le procédé de régularisation des a posteriori était le même avec le Maire Pape Diop.
Concernant les entêtes des factures, le chef du bureau du budget de la ville de Dakar, Yaya Bodian, révèle : « Il m’est arrivé de faire des démarches tendant à me procurer des factures (…) C’est mon chef de service Mbaye Touré qui m’avait demandé de me rapprocher de Fatou Traoré, son assistante, pour qu’elle nous prête l’entête du Gie de son frère en vue de justifier les dépenses de la caisse d’avance. Je remplissais les factures en y mettant du riz et du mil d’une valeur égale à celle autorisée par la caisse d’avance. Ensuite je présentais à Fatou Traoré pour signature et apposition du cachet du Gie. Par la suite elle m’a remis le cachet (…) En remplissant les factures qui ne correspondaient à aucune livraison, je n’étais pas conscient d’être en train de commettre du faux ».
Le 23 mars, Khalifa Sall refait encore face au Juge qui lui rappelle qu’il est accusée d’avoir détourné en toute connaissance la somme de 1,830 milliards Fcfa. Le maire de Dakar dit : « De toute ma vie et de toute la carrière, c’est la première fois que je fais l’objet d’une accusation aussi calomnieuse. En servant l’Etat, j’ai toujours été respectueux de la loi et des règlements. (…) Je ne suis pas un homme d’argent et tous les sénégalais connaissent mon train de vie et mes moyens de vie ».
Le même jour, le Maire de Dakar est confronté à Mbaye Touré, dans le bureau du doyen des juges. Mbaye Touré a dit : « Je confirme que je remettais les fonds en mains propres au Maire Khalifa Sall ». Interpellé, ce dernier dira : « Je confirme que les fonds étaient mis à ma disposition par le Daf Mbaye Touré ». Une réponse répétée deux fois, devant l’instance du doyen des Juges. Le magistrat demande alors à son greffier de constater que Khalifa Sall refuse de répondre à la question.