La date du 11 juin 2024 restera gravée dans l’histoire du Sénégal. Après une longue attente de plus d’une décennie, une nouvelle ère s’ouvre pour le pays. L’annonce du début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar (à 100 km de Dakar) a été largement commentée sur les réseaux sociaux. L’intérêt est vivace, et l’espoir est palpable chez les populations !
Sur l’avenue Papa Guèye Fall, le trafic routier est dense malgré les feux de signalisation. Les piétons se précipitent pour rejoindre la gare du BRT (Bus Rapid Transit), la nouvelle attraction des Dakarois. Amadou Dione attend patiemment un bus pour rejoindre la banlieue. Partisan indéfectible du gouvernement actuel, il soutient que l’extraction du premier baril de pétrole arrive au bon moment. « La situation économique est actuellement difficile. L’attente a été très longue. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre. Espérons que ce soit la meilleure pour notre cher pays », se réjouit-il. D’après lui, la manne financière générée par l’exploitation pétrolière doit être « bien gérée » par les gouvernants.
Au Marché Sandaga, c’est le grand rush comme d’habitude. Dans ce grand désordre où se côtoient commerçants, acheteurs, badauds, mécaniciens et gargotières, le début de l’exploitation de l’or noir n’est pas passé inaperçu. Beaucoup y voient un signe d’espoir. Sur une travée du marché, Ndongo Diop, 35 ans, s’active à ranger ses bagages. Aux murs de son magasin, des effigies des marabouts de la confrérie mouride. Pour lui, une gestion transparente des ressources pétrolières doit primer sur tout. « Plusieurs pays ont basculé dans des conflits à cause du pétrole. La question d’un partage équitable de la rente pétrolière doit être plus que jamais un leitmotiv pour éviter les frustrations », avertit-il d’un ton nasillard.
Sur la rue Fleurus, Mamadou Mbengue, sueur dégoulinant sur son visage à cause de la forte canicule, accepte de lâcher quelques mots. Ce qui préoccupe les Sénégalais, explique-t-il, c’est la transparence. « Vu les scandales qui se sont succédé avec les régimes des Présidents Wade et Macky Sall, il faut suivre de près l’utilisation des recettes issues de l’exploitation du pétrole », met-il en garde. L’affaire Pétrotim, souligne-t-il, est une illustration parfaite de ce qui guette notre pays en matière de mauvaise gouvernance des ressources hydrauliques. « Toutes les données qui tournent autour de l’exploitation du pétrole et du gaz doivent être rendues publiques. C’est la meilleure façon pour les autorités de montrer leur bonne foi », insiste-t-il. « Où est passé l’argent issu de l’exploitation de l’or de Sabadola ou encore du zircon à Diogo ? », s’interroge-t-il. À l’image des pays du Golfe Persique, dit Mamadou, le pays doit également songer à accélérer son développement.
À côté de lui, Assane Ndiaye, 40 ans, se félicite du démarrage de l’exploitation de l’or noir. Il s’attend à une utilisation « rationnelle » des fonds. « Comme beaucoup de pays exportateurs de pétrole, nos dirigeants doivent dès maintenant songer à investir dans des secteurs clés porteurs de développement comme l’agriculture, l’éducation et l’élevage », conseille-t-il. Ce qui permettra d’éviter une dépendance excessive au pétrole.
Pour Dior Thiam, l’enjeu est de résoudre l’équation de l’emploi des jeunes. Cette étudiante en marketing se dit « rassurée » après l’annonce du début de la production de pétrole après plusieurs reports. Elle appelle les décideurs à financer des projets fructueux pour la jeunesse. « L’exploitation des hydrocarbures n’est pas éternelle. Nous en disposons peu par rapport aux pays arabes du Golfe. Le mieux est d’en profiter pour développer des programmes visant à résoudre le chômage des jeunes », conseille cette femme âgée d’une trentaine d’années
À quelques pas de là, Ousmane Sakho tient une agence de voyage. Les bonnes nouvelles du large lui sont parvenues. Selon lui, c’est une « aubaine » pour résoudre certains problèmes qui plombent le quotidien des « gorgorlu ». « Avec nos parts issues de l’exploitation du pétrole, nous pouvons arrêter d’importer du fuel pour nos centrales électriques »,suggère-t-il. Ce qui se traduira par une baisse des coûts de l’électricité. D’après le quarantenaire, la manne pétrolière peut permettre de subventionner certains produits alimentaires. « Malgré la baisse des prix de certains produits de première nécessité, l’État peut aller plus loin avec l’argent issu des hydrocarbures », avance Ousmane pour qui le vrai enjeu est de financer l’autosuffisance alimentaire.
Eviter la malédiction du pétrole
À la place de l’Indépendance, le trafic est intense. Sur les bancs en fer, plusieurs personnes sont assises, visiblement protégées des rayons solaires qui illuminent les immeubles du Plateau en cette après-midi. Cheikh Sy feuillette tranquillement son journal. Le sexagénaire est au diapason de l’actualité. Malgré l’enthousiasme autour du premier baril, il préfère rester prudent. « Il ne faut pas crier victoire trop vite. Le pétrole est souvent synonyme d’instabilité », avertit ce fonctionnaire à la retraite. Selon lui, les autorités doivent être vigilantes. Le pétrole a plongé plusieurs pays dans l’instabilité. L’Irak et la Libye en sont des exemples patents. Il est essentiel, ajoute-t-il, que les retombées profitent à tous. « Les erreurs commises dans l’est du Sénégal ne doivent plus se répéter. Pour cela, une distribution équitable des bénéfices doit être une priorité des autorités », précise Cheikh, soulignant que la visite de Diomaye sur la plate-forme de Sangomar est un signe positif quant à l’intention réelle des autorités actuelles.
Pour Mor Sarr, « une gestion sobre et vertueuse » de la rente pétrolière est un gage pour éviter « la malédiction du pétrole ». Selon lui, il faut s’inspirer des politiques de distribution des richesses en vigueur dans les pays arabes du Golfe pour étouffer les frustrations. « L’argent du pétrole ne doit pas servir seulement à construire des routes et des ponts, mais il faut que les localités les plus reculées en profitent pour réduire les disparités territoriales », soutient notre interlocuteur. Avec les autorités qui ont fait de la transparence sur la question des ressources naturelles leur maître-mot, croisons les doigts !
dakarmatin
Sur l’avenue Papa Guèye Fall, le trafic routier est dense malgré les feux de signalisation. Les piétons se précipitent pour rejoindre la gare du BRT (Bus Rapid Transit), la nouvelle attraction des Dakarois. Amadou Dione attend patiemment un bus pour rejoindre la banlieue. Partisan indéfectible du gouvernement actuel, il soutient que l’extraction du premier baril de pétrole arrive au bon moment. « La situation économique est actuellement difficile. L’attente a été très longue. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre. Espérons que ce soit la meilleure pour notre cher pays », se réjouit-il. D’après lui, la manne financière générée par l’exploitation pétrolière doit être « bien gérée » par les gouvernants.
Au Marché Sandaga, c’est le grand rush comme d’habitude. Dans ce grand désordre où se côtoient commerçants, acheteurs, badauds, mécaniciens et gargotières, le début de l’exploitation de l’or noir n’est pas passé inaperçu. Beaucoup y voient un signe d’espoir. Sur une travée du marché, Ndongo Diop, 35 ans, s’active à ranger ses bagages. Aux murs de son magasin, des effigies des marabouts de la confrérie mouride. Pour lui, une gestion transparente des ressources pétrolières doit primer sur tout. « Plusieurs pays ont basculé dans des conflits à cause du pétrole. La question d’un partage équitable de la rente pétrolière doit être plus que jamais un leitmotiv pour éviter les frustrations », avertit-il d’un ton nasillard.
Sur la rue Fleurus, Mamadou Mbengue, sueur dégoulinant sur son visage à cause de la forte canicule, accepte de lâcher quelques mots. Ce qui préoccupe les Sénégalais, explique-t-il, c’est la transparence. « Vu les scandales qui se sont succédé avec les régimes des Présidents Wade et Macky Sall, il faut suivre de près l’utilisation des recettes issues de l’exploitation du pétrole », met-il en garde. L’affaire Pétrotim, souligne-t-il, est une illustration parfaite de ce qui guette notre pays en matière de mauvaise gouvernance des ressources hydrauliques. « Toutes les données qui tournent autour de l’exploitation du pétrole et du gaz doivent être rendues publiques. C’est la meilleure façon pour les autorités de montrer leur bonne foi », insiste-t-il. « Où est passé l’argent issu de l’exploitation de l’or de Sabadola ou encore du zircon à Diogo ? », s’interroge-t-il. À l’image des pays du Golfe Persique, dit Mamadou, le pays doit également songer à accélérer son développement.
À côté de lui, Assane Ndiaye, 40 ans, se félicite du démarrage de l’exploitation de l’or noir. Il s’attend à une utilisation « rationnelle » des fonds. « Comme beaucoup de pays exportateurs de pétrole, nos dirigeants doivent dès maintenant songer à investir dans des secteurs clés porteurs de développement comme l’agriculture, l’éducation et l’élevage », conseille-t-il. Ce qui permettra d’éviter une dépendance excessive au pétrole.
Pour Dior Thiam, l’enjeu est de résoudre l’équation de l’emploi des jeunes. Cette étudiante en marketing se dit « rassurée » après l’annonce du début de la production de pétrole après plusieurs reports. Elle appelle les décideurs à financer des projets fructueux pour la jeunesse. « L’exploitation des hydrocarbures n’est pas éternelle. Nous en disposons peu par rapport aux pays arabes du Golfe. Le mieux est d’en profiter pour développer des programmes visant à résoudre le chômage des jeunes », conseille cette femme âgée d’une trentaine d’années
À quelques pas de là, Ousmane Sakho tient une agence de voyage. Les bonnes nouvelles du large lui sont parvenues. Selon lui, c’est une « aubaine » pour résoudre certains problèmes qui plombent le quotidien des « gorgorlu ». « Avec nos parts issues de l’exploitation du pétrole, nous pouvons arrêter d’importer du fuel pour nos centrales électriques »,suggère-t-il. Ce qui se traduira par une baisse des coûts de l’électricité. D’après le quarantenaire, la manne pétrolière peut permettre de subventionner certains produits alimentaires. « Malgré la baisse des prix de certains produits de première nécessité, l’État peut aller plus loin avec l’argent issu des hydrocarbures », avance Ousmane pour qui le vrai enjeu est de financer l’autosuffisance alimentaire.
Eviter la malédiction du pétrole
À la place de l’Indépendance, le trafic est intense. Sur les bancs en fer, plusieurs personnes sont assises, visiblement protégées des rayons solaires qui illuminent les immeubles du Plateau en cette après-midi. Cheikh Sy feuillette tranquillement son journal. Le sexagénaire est au diapason de l’actualité. Malgré l’enthousiasme autour du premier baril, il préfère rester prudent. « Il ne faut pas crier victoire trop vite. Le pétrole est souvent synonyme d’instabilité », avertit ce fonctionnaire à la retraite. Selon lui, les autorités doivent être vigilantes. Le pétrole a plongé plusieurs pays dans l’instabilité. L’Irak et la Libye en sont des exemples patents. Il est essentiel, ajoute-t-il, que les retombées profitent à tous. « Les erreurs commises dans l’est du Sénégal ne doivent plus se répéter. Pour cela, une distribution équitable des bénéfices doit être une priorité des autorités », précise Cheikh, soulignant que la visite de Diomaye sur la plate-forme de Sangomar est un signe positif quant à l’intention réelle des autorités actuelles.
Pour Mor Sarr, « une gestion sobre et vertueuse » de la rente pétrolière est un gage pour éviter « la malédiction du pétrole ». Selon lui, il faut s’inspirer des politiques de distribution des richesses en vigueur dans les pays arabes du Golfe pour étouffer les frustrations. « L’argent du pétrole ne doit pas servir seulement à construire des routes et des ponts, mais il faut que les localités les plus reculées en profitent pour réduire les disparités territoriales », soutient notre interlocuteur. Avec les autorités qui ont fait de la transparence sur la question des ressources naturelles leur maître-mot, croisons les doigts !
dakarmatin