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Moussa Ngom a donné le la, à Macky et Jammeh de jouer leur partition!

Rédigé par Dakarposte le Lundi 12 Octobre 2015 à 23:09 modifié le Mardi 13 Octobre 2015 - 01:21

Moussa Ngom a  donné le la, à Macky et Jammeh de jouer leur partition!


Une légende de la musique africaine vient de tomber, et tous les cœurs sont en larmes. Moussa Ngom, cet auteur compositeur au timbre unique et aux envolées enivrantes, a enfin tiré sa révérence après avoir dignement affronté, pendant de longues années, l’anonymat, la déche, la misère et une absence de reconnaissance que rien ne justifiait.
En assurant la veille une soirée perlée de vibrations odeur de passé et de souvenirs, celui qui s’est matinalement présenté comme un soldat absolu de Bamba ne savait sûrement pas qu’il venait de signer ce qu’on pourrait appeler son chant du cygne. Le lendemain, on annonçait sa mort. Certainement pas cependant à la stupéfaction de tous, puisque nombre de ses amis, sympathisants et fans étaient parfaitement conscients que l’homme était en proie à d’atroces pathologies, qui avaient fini de l’affaiblir. 
La vie de cet artiste s’était très tôt confondue avec sa foi ardente en l’unité du Sénégal et de la Gambie. Une belle chose qu’il n’a jamais cessé d’appeler de tous ses vœux, avec des accents particulièrement attendrissants, qui ont laissé peu d’entre nous indifférents. Pour Moussa, parler de l’unification de ces deux nations était comme une façon d’écrire un roman de la volonté, qui commence par un trémolo pour culminer en une phosphorescente symphonie.
Pour Moussa, chanter l’unité de ses deux pays d’origine (la formule est curieuse mais pas absurde à ses yeux !) avait le même degré de symbolisme que les actes de patriotisme posés par un soldat face à l’assaut de l’ennemi. L’homme a donc pleinement joué sa partition en direction de ce rêve, que d’aucuns ont, un moment, jugé trop lourd pour être porté par des peuples, à fortiori un homme. 
Aujourd’hui qu’il est monté au ciel (que Dieu l’accueille en son paradis), devrions-nous être si peu entreprenants au point de l’enterrer avec une si miraculeuse utopie ? Allons-nous pousser notre inélégance jusqu’à réduire en charpies une si noble aspiration ? Moussa n’avait pas de pouvoir, mais ceux qui sont détenteurs de la puissance publique, de la voix de leur nation, de la souveraineté populaire (ou impopulaire, c’est selon) de leur peuple n’ont jamais été assez dupes pour ne pas savoir que le discours fédérateur du génial chanteur leur était adressé. Sachant maintenant qu’il va dormir pour de bon du sommeil du juste, il est temps de briser la surdité ces maîtres du pouvoir (en l’occurrence Macky et et Jammeh) à grands coups de fouet. Il ne serait pas aberrant, suivant cette logique, d’exiger de ceux-là qui ont le pouvoir de donner suite à cette folle possibilité à laquelle il a cherché toute sa vie durant à donner la forme de l’acceptation.  
C’est le moment d’ailleurs de rappeler qu’il fut un temps, on avait sérieusement agité l’idée de la construction d’un pont qui relierait le Sénégal et la Gambie. Le symbole d’une telle infrastructure est certes sublime. Eh bien, justement, la mort de celui qui a passé tout son temps à tisser, dans sa tête, ce pont de l’unité, devrait être une belle occasion pour faire revivre l’idée et en lancer les travaux. 
Quid de la levée du corps de l’Artiste ? L’on a pu voir des sommités de la Culture en général et de la musique en particulier. Des voix autorisées dans ce domaine. Oumar Pène, Ismaila LO, Ouza Diallo, Youssou Ndour. Ils ont pris la parole pour témoigner, dire la bonhomie du défunt, son talent, sa générosité. Mais qu’ont-ils fait pour lui, ces dernières années, sachant qu’il était sanitairement et même financièrement peut-être, très mal en point ? On l’a plusieurs fois entendu pourtant pousser, mais toujours avec une grande dignité, de petits cris de détresse. On a entendu Youssou Ndour s’offrir un curieux morceau de compassion, en ce triste événement, en affirmant qu’il ira, après, rendre visite à la famille du défunt. N’a-t-on pas là une espèce de solidarité post mortem un peu mal placée, si l’on sait que le roi du Mbalakh n’aurait pas pris le soin d’apporter assistance et soutien au défunt de son vivant ? Ce type de comportement n’est certainement pas loin d’une sorte d’hypocrite solidarité tant décriée chez nos artistes. Sourds devant les souffrances de leurs pairs, ils deviennent rapidement loquaces lorsque le silence définitif les couvre de tout son poids. 
Puisse Dieu faire que nos artistes encore vivants ne soient pas assez mal barrés pour devoir un jour attendre quelque assistance de la part de quelques chanceux, qui n’ont même pas la promptitude de les consoler avant l’exécution de la basse œuvre de la faucheuse.  

 Edouard
    

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