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Me Bocar Arfang Ndao: " L’homme politique au Sénégal voire en Afrique est souvent vu comme un messie, or (...)"

Rédigé par Dakarposte le Samedi 14 Janvier 2017 à 15:22

Dakarposte: Maitre que vous inspire le climat politique actuel après deux années  passées dans l’antichambre, notamment avec votre mouvement Vision Responsable du Sénégal ?

Me Bocar Arfang Ndao: Je remercie votre site pour l’opportunité que vous nous offrez de revenir de manière ramassée sur l’actualité politique et c’est pour constater le même phénomène qu’il y a deux ans c’est-à-dire l’absence de participation significative des jeunes dans les débats publics si ce n’est une participation difficile et risquée notamment avec ce que nous voyons au Parti Socialiste. Cela nous conforte dans l’idée selon laquelle le salut viendra peut-être des candidatures indépendantes.

Justement vous auriez lancé une liste indépendante pour 2017 lors d’une conférence de presse du 23 décembre 2016 ?

Non il ne s’agit pas en l’état d’une liste mais plutôt d’une plateforme pour donner corps à l’idée de la candidature et conséquemment de la liste indépendante (dans le contexte des législatives) telle que voulue dans la dernière réforme constitutionnelle. Mais sur ce point, VRS est avec d’autres groupes comme l’Association pour la Nouvelle Citoyenneté Africaine (ANCA), Takhaw Defar Rewmi(TDR)  ect.. Nous aurons surement l’occasion d’y revenir.

Pourquoi les candidatures indépendantes ? n’avez-vous pas été charmé par les partis politiques ?

J’ai toujours pensé qu’il fallait un renouvellement de l’idée politique en Afrique notamment avec les nouvelles générations. Ce travail, les partis politiques en raison des échéances électorales multiples et leurs enjeux conjoncturels ne peuvent pas prendre le temps de le faire de manière sérieuse et soutenue.
C’est dire que les candidatures indépendantes sont une chance pour l’avenir politique du Sénégal en jouant le rôle de régulation.

Parlez-vous alors d’un échec de la place politique actuelle ?

Pas nécessairement ou en tous cas dans l’absolu. C’est le gouvernement qui a pris l’initiative de renforcer la participation indépendante à toutes les élections dans le dernier referendum. En le faisant, on admet le fait que les partis politiques n’absorbent pas l’opinion politique.

En vérité, le clivage qu’il y a entre les hommes politiques et la société sénégalaise semble avoir en partie une explication culturelle. L’homme politique au Sénégal voire en Afrique est souvent vu comme un messie et ce, à notre avis, à tort. Cela peut expliquer qu’en cas de non performance, il est bien souvent mis au banc des accusés. Or, la vie politique procède d’une réalité autrement plus complexe et d’une responsabilité beaucoup plus partagée.

C’est-à-dire Maitre ?

Que le temps du mandat politique n’est pas le temps de la civilisation .C’est comme le temps d’un père de famille qui cherche la dépense de midi, et celui de son enfant qui a tout le temps de se former et de s’armer pour exercer les mêmes rôles dans 20 ans.

La question de l’alternance générationnelle doit être perçue moins sur le rapport d’âge que sur celui du renouvellement de l’idée et de l’approche politique. Les changements auxquels s’attendent généralement les africains ne peuvent se réaliser en dix ans encore moins en cinq années. Il faut donc une continuité dans l’idée politique. Et la rupture tant souhaitée doit être idéalisée et soutenue par la population dans son entièreté, sinon nous retomberons toujours dans le même travers du messie désavoué avant l’heure.

D’ailleurs l’opposition politique telle que nous l’apprécions aujourd’hui est plus une guerre fratricide et ce, au sens propre comme au sens figuré, qu’une opposition de concepts et en ce sens, plus conjoncturelle que structurelle. Dans un pareil contexte, l’approche n’est plus, ou pas assez constructive.

Nous ne travaillons pas assez sur la citoyenneté politique. Aujourd’hui statistiquement si nous prenons l’exemple de l’université Cheikh Anta Diop, seuls les étudiants qui ont fait l’option d’études de droit ont un accès conséquent à la science politique et bien souvent il s’agit de connaissances liminaires. Cela n’aide pas à forger une bonne opinion et par conséquent bonne identité politique. Une manière de dire au demeurant, qu’une république en consolidation ne peut pas sur certaines questions, offrir les mêmes formations qu’une démocratie accomplie.

Des questions telles que l’histoire des idées politiques et la géopolitique contemporaine devraient être enseignées respectivement au second cycle avant de conclure par la philosophie. Cela peut créer un a priori favorable pour une citoyenneté politique active.

De même, c’est à ce niveau en relation avec l’âge (16-17-18 ans) qu’on devrait faciliter la préinscription ou l’inscription sur les listes électorales de sorte que chaque année une mise à jour progressive des listes puisse être faite de sorte qu’avec le temps, nous disposions d’un fichier électoral critique.

Il faut parfois que les leaders conçoivent la demande sociale comme une demande immédiate ou à moyen terme. Le taux de croissance aussi important qu’il puisse être actuellement (hypothèse) n’est pas nécessairement une garantie pour les générations futures. La construction des échangeurs et des trains du futur est aussi importante que la préparation des générations futures à prendre le relais.



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