«Nous ne pourrons plus laisser prospérer les propos diffamatoires, les allégations sans fondement et les attaques malveillantes. Ça c’est terminé. Il faut qu’on soit clair. Les allégations sans fondement et les attaques malveillantes sans aucune preuve et avec nul autre dessein que de jeter le discrédit sur l’Etat, les citoyens et les institutions ne passeront plus. Le gouvernement prendra toutes ses responsabilités pour défendre l’intérêt général et national». Beaucoup n’auraient jamais cru entendre un jour Mahamad Boun Abdallah Dionne s’exprimer de la sorte. Tellement l’homme était réservé, effacé, posé. Aujourd’hui, cette présentation est anecdotique. Qui disait que le pourvoir corrompt?
Nommé Premier ministre au lendemain de la débâcle d’Aminata Touré aux élections locales de juin 2014, le natif de Gossas semble vouloir démentir ces quelques personnes qui le décrivaient comme un mou. A force de déclarations malheureuses, celui à qui les plus farouches détracteurs de Macky Sall trouvaient beaucoup de qualités suscite le mécontentement et polarise les attaques. En annonçant à tous les Sénégalais qu’il allait faire face à la presse pour parler de l’affaire Petro Tim, Mahamad Boun Abdallah Dionne a fait penser à certains, qu’il allait définitivement faire éclater la vérité. «Désormais, quiconque diffusera de fausses nouvelles s’exposera à la rigueur de la loi et à la loi pénale. Je voudrais donc, au nom de Macky Sall, appeler les uns et les autres à plus de retenue mais aussi à davantage de modestie parce que nul n’a le monopole de l’intelligence, de l’engagement patriotique et de l’éthique», dit-il à l’arrivée. En versant dans la menace, le chef du gouvernement déroute ceux qui lui portent estime et corrobore ceux qui qualifient le régime de dictatorial. Pourtant, cette dernière sortie, n’est pas son premier fait d’armes. Mahamad Boun Abdallah Dionne qui prenait part, à Saly au mois de janvier dernier, à une rencontre des cadres de l’Alliance pour la République (Apr), avait attiré l’attention avec une malencontreuse déclaration. Alors que le débat sur le mandat du président de la République battait son plein, Mahamad Boun Abdallah Dionne avait cru détenir la bonne formule pour faire taire tout le monde. «Halte à la République des professeurs», avait-il lancé aux juristes qui pensaient que l’avis du Conseil constitutionnel ne liait pas le chef de l’Etat.
Seulement, le Premier ministre ne se veut pas le seul fusible du président Macky Sall. A chaque fois que le jeune frère de ce dernier est pointé d’un doigt accusateur, il s’active. La première fois que l’ancien président Abdoulaye Wade a évoqué les affaires Petro Tim et Arcellor Mittal, c’est lui qui était monté au créneau pour laver à grande eau le frère du chef de l’Etat de tout soupçon. Face à la presse, un samedi du mois de décembre 2014, il avait trouvé judicieux de préciser que l’Etat du Sénégal n’avait pas parafé de contrat avec Petro Tim/Sénégal, qui employait Aliou SALL, mais bien avec Petro Tim Limited.
Au vu des réactions que sa dernière sortie a suscitées, sa ligne de défense ne semble pas suffire à servir de bouclier à Aliou Sall qui est de plus en plus acculé. Pour une question d’intérêt national, sans une loi votée à l’Assemblée nationale, du genre Ezzan, il parait utopique de vouloir museler tout le monde.
Mame Birame WATHIE