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Les effarantes révélations sur la mutinerie du 20 septembre dernier à la prison de Rebeuss...Ce qui n'a jamais été dit sur cette affaire...

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 12 Octobre 2016 à 04:07 modifié le Jeudi 13 Octobre 2016 - 01:34

A travers une lettre déposée incognito à la rédaction de dakarposte.com, on en apprend encore sur les circonstances de la mort du défunt Ibrahima Mbow (ndlr: détenu tué lors de la mutinerie du 20 septembre 2016). Le ou les auteurs de cette missive, se disant" témoin des faits" de revenir longuement sur le film de la fameuse mutinerie. Qui est loin de connaitre son épilogue.
Nous publions in extenso la lettre, sans changer la moindre virgule!


L’autopsie publiée officiellement a révélé  les circonstances qui ont conduit à la mort du prisonnier Ibrahima Mbow, dit Ibrahima Fall lors de la mutinerie qui a eu lieu à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss.

Le rapport du médecin légiste, Dr Ibou Thiam de l’hôpital Aristide le Dentec parle de " plaies pénétrantes thoraciques et crâniennes avec perforation pulmonaire droite, des lésions cérébrales et hémorragies de grande abondance, à la suite de coups et blessures par arme à feu ".
Ce que dit le rapport de façon explicite c’est que Ibrahima Mbow a été tué par arme à feu. Une conclusion qui met en cause directement les gardes pénitentiaires. Par ailleurs, les détails de l’autopsie ne laissent aucun doute sur la violence qu’a subi le prisonnier mort. 

Dans la missive parvenue à dakarposte.com, il est écrit qu'Ibrahima Mbow "a été tué devant sa chambre vers les coups de 11h, 11h 30"

Poursuivant, l'auteur de la lettre d'écrire: "certes un évènement malheureux mais qui fait suite à un long parcours où les autorités compétentes ont fait la sourde oreille face aux complaintes des détenus. En effet, depuis le mercredi 14 septembre, l'administration pénitentiaire ayant eu échos d'une grève de la faim qui se préparait au sein de la prison avait mandaté le comité des sages, cellule qu'ils avaient mis en place pour discuter des problèmes des détenus, pour qu'ils rencontrent les détenus en instance de grève afin qu'ils puissent exposer leurs doléances. La rencontre s'étant tenu le même jour, les détenus grévistes du moins en instance de grève ont exposé aux membres du comité des sages leurs revendications qui étaient: 1/ La fin des détentions préventive pour pallier au surpeuplement au sein de la prison qui ont pour conséquence des conditions inhumains de détention. 2/ la permanence des Chambres Criminelles comme prévue dans les dispositions de la loi portant modification des Cours d'Assises en Chambres Criminelles qui avaient suscité tant d'espoir au sein des détenus.
En somme, les détenus ne demandent qu'à être jugés."


"Sur ce, après de longs échanges qui ont duré plus de trois tours d'horloge, les détenus en instance de grève par la voix de leur porte parole Amdy Moustapha Barry avaient convenu de surseoir momentanément à leur grève de la faim dans l'attente d'un retour favorable à leurs revendications de la part des autorités. A leur grande surprise, le soir venu trois détenus présents lors de cette réunion en l'occurrence Mohamadou Bamba, Ibou Ndao et Amadou Sy ont été transféré à la Maison de Correction de Thiès pour des motifs fallacieux. Pour le premier: insubordination à agent de l'administration pénitentiaire, pour le deuxième: vol au niveau de la cuisine où il en était le chef et pour le troisième: détention de téléphone portable dans la chambre dont il était le chef. Cela a eu pour conséquence que les détenus ont entamé le lendemain (jeudi 15 septembre 2016) une grève de la faim. Ainsi, du jeudi jusqu'au mardi fatidique, la grève de la faim avait été observé sans heurt. Auparavant, le lundi 19 septembre 2016, l'administration pénitentiaire en la personne du régisseur Agnès Diogoye assisté de son adjoint, le lieutenant Guèye, du chef de Cour l'Adjudant Ndiaga Loum ainsi que du service de service socio-éducatif l'adjudant Mame Balla Faye convoquèrent les détenus grévistes à une réunion de crise. Le porte parole porta à nouveau les motifs de leur grève de la faim. Il a été convenu d'écrire lors de cette réunion une lettre ouverte au Procureur de la République afin de lui signifier les motifs de la grève de la faim. La lettre a été écrite et remise à l'administration pénitentiaire  et les détenus regagnèrent leurs chambres espérant obtenir une suite favorable"

Selon l'auteur de la lettre parvenue à dakarposte.com, "rien ne présageait le lendemain mardi 20 septembre d'une journée  funeste". 

"En effet, les détenus se sont réveillés écoeurés suite aux déclarations du Directeur de l'Administration Pénitentiaire niant toute grève au sein de la prison et donnant de fausses informations sur les détenus transférés. Néanmoins,  ils se sont rendus dans l'ordre et le calme à la visite aux parents et proches le mardi. La visite du Procureur de la République est alors annoncée. Il devait arriver vers 12h. A un certain moment, des détenus grévistes ont décidé d'interrompre les visites. C'était pour aller se masser au niveau du terrain qui se trouve dans le 4ème secteur et d'y attendre  dans le calme le procureur. L'administration pénitentiaire est intervenue pour reprendre les chaises qui étaient installées tout autour du terrain. Niet catégorique de certains détenus mais grâce à la médiation du porte parole Amdy Moustapha Barry les détenus consentirent à rendre les chaises mais ont réaffirmé leur volonté de rester dans la Cour pour y attendre le Procureur. En ce moment là, les détenus du 1 er et du 2ème secteurs décident de venir retrouver au niveau du 4ème secteur leurs co détenus parés tous de ruban  rouge. C'est ainsi que les gardes les ont retenu et ont commencé à les matraquer et à utiliser leur teaser. Les détenus parvenaient à les résister. Le garde qui était en poste au niveau du miradot qui jouxte le 4 eme secteur a chargé son fusil à pompe,prêt à tirer et a demandé aux détenus de se mettre à genoux. Les détenus ont alors commencé à le huer et il tira en l'air créant la panique avant de déclencher l'intifada. Les autres gardes sont tous montés pour prendre les armes que le chef de poste Ciss leur a remis avec des cartouches. Qui leur a donné cet ordre? Ce n'est certainement pas le chef de Cour, responsable de la détention et qui se trouvait au niveau de la chambre 3 en train de discuter avec les détenus. Soudain, les tirs  ont commencé. Des coups de feux nourris. Les crépitements des armes ont plongé la prison de Rebeuss dans une panique généralisée.  Tous les gardes sont venus à la rescousse. Il y'avait entre autres le garde "3V Issa Dione", le "garde 3V Malang Diémé qui a été affecté au camp pénal et qui était venu en renfort ce jour-là, ainsi que chef de poste Babacar brigadier également et ils étaient aidés par des gardes 1 V qui sont des stagiaires. Les détenus n'avaient pour seules armes que  les pierres qu'ils ramassaient au niveau du terrain; Des pierres qu'ils jetaient aux gardes pour tenter de les repousser. Parmi les blessés graves, on peut citer Ibrahima Mbow qui a été tué devant sa chambre (03) alors qu'il s'enfuyait pour regagner sa chambre. Un autre détenu du nom de Pape Makhtar Diop, employé à la censure , a été atteint à la tête alors qu'il faisait son travail et se trouvait devant la chambre 34 et tant d'autres. Il y'avait du sang partout.
Quelques heures après, le Directeur de l'Administration Pénitentiaire (DAP) est entré dans la détention en compagnie de presque toutes les autorités de l'administration pénitentaire. Il demanda aux gardes armés jusqu'aux dents de faire regagner leurs chambres à tous les détenus. Un blocus s'en suivit durant 5 jours. Du mardi au dimanche, aucun détenu n'est sorti de sa chambre, tous cloitrés et mis en boite comme des sardines.
Le vendredi 23 septembre 2016, les détenus  ont reçu la visite du Procureur de la République qui leur assurera qu'il allait transmettre fidèlement leurs doléances aux autres autorités . D'ailleurs, le lendemain ce fut au tour du garde des sceaux ministre de la Justice de venir s'enquérir de la situation avant de donner l'assurance que les autorités feront tout leur possible pour pallier aux longues détentions qui entrainent le surpeuplement dans les prisons.
Depuis lors, les détenus subissent des tortures encore plus ignobles, fugurez-vous au moment où vous lirez ce papier, les détenus de Rebeuss sont enfermés 23h24 . Donc, n'ont qu'une heure de promenade. Ils ne peuvent plus s'entrainer sur le terrain, les manifestations religieuses sont interdites, les maladies comme l'hémorroïde, la tuberculose etc...font légion " 



Pour l’heure l’enquête suit son cours. Elle permettra certainement de situer les responsabilités sur ce drame survenu le 20 septembre dernier à Rebeuss.

Affaire à suivre...


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