L’image est encore dans les mémoires : le Palestinien Yasser Arafat et l'Israélien Yitzhak Rabin se serrant la main sur la pelouse de la Maison Blanche en présence de Bill Clinton. C’était le 13 septembre 1993. Un homme est également présent mais n'est pas la cible des objectifs : Shimon Peres. L’ancien homme d'État israélien, décédé mercredi 28 septembre à 93 ans, est alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement de son rival Yitzhak Rabin. C'est lui qui fut chargé de négocier dans le plus grand secret les accords d’Oslo entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël. Et ce n’est qu’un an plus tard que sa contribution est saluée comme il se doit, lorsque les trois hommes reçoivent ensemble le prix Nobel de la paix récompensant "leurs efforts pour créer la paix au Moyen-Orient". Shimon Peres assure alors que "les armées d'occupation appartiennent au passé".
Ces accords sur l'autonomie sont le premier texte de paix ratifié par les deux camps qui s'affrontent pour la terre depuis 1948 et la création d'Israël. Ils suscitent alors un immense espoir à travers le monde et près de 25 ans après leur signature, ils continuent de régir les relations entre les deux camps. Mais la paix, elle, semble s’éloigner de plus en plus.
La signature de la Déclaration de principes devait poser les jalons pour régler le conflit israélo-palestinien et établir les bases d’une autonomie palestinienne à l’intérieur des frontières de 1967.
Le premier volet crée en 1993 l'Autorité palestinienne, une entité intérimaire supposée s'effacer en 1999 avec la perspective de création d'un État indépendant. En 1995, le second volet divise la Cisjordanie en trois zones : la zone A contrôlée par les Palestiniens, la zone B au contrôle partagé, et la zone C, représentant plus de 60 % du territoire, qui devait progressivement passer aux mains des Palestiniens mais reste entièrement contrôlée par l'armée israélienne.
En revanche, les questions les plus épineuses des frontières, du statut de Jérusalem, des colonies israéliennes et du droit au retour des réfugiés palestiniens sont reportées à des négociations ultérieures.
Constat d’échec
Deux ans plus tard, le 4 novembre 1995, un juif extrémiste abat Yitzhak Rabin de deux balles dans le dos. Pour de nombreux observateurs, c'est Oslo qu'on enterre avec le Premier ministre travailliste. Shimon Peres assure l'intérim, mais en juin 1996, c’est Benjamin Netanyahou, opposé de longue date à ces accords, qui devient Premier ministre.
Au tournant du XXIe siècle, au moment où la période intérimaire doit prendre fin et ne voyant pas l'État qu'ils espèrent depuis 50 ans, les Palestiniens s'engagent dans la deuxième Intifada. Les Israéliens, eux, accélèrent la colonisation. Les guerres se succèdent à Gaza, où le Hamas prend le pouvoir en 2007.
Pour Freddy Eitan, ancien ambassadeur d’Israël, interrogé par France 24 en 2013 à l’occasion des 20 ans des accords d’Oslo, "l’insécurité a rendu la société israélienne plus méfiante". Selon lui, ces accords, qu’il qualifie de "TGV de la paix", sont un échec, en grande partie "car beaucoup d’étapes ont été brûlées". "Nous avons mis la charrue avant les bœufs", analyse-t-il. "Le cérémonial qui a eu lieu sur la pelouse de la Maison Blanche a éclipsé la réalité du terrain et surtout la montée en puissance du Hamas, qui est un saboteur de la paix", explique-t-il.
"Les accord d’Oslo ont ramené la Palestine en Palestine"
Pour d’autres, en revanche, tout n’est pas à jeter dans les accords d’Oslo. C’est le cas de l'ancien ministre israélien Yossi Beilin, l'un des architectes de ces accords, qui, selon lui, ont au moins établi un lien entre les deux camps. "La reconnaissance mutuelle existant entre Israël et l'OLP est restée intacte", assure-t-il dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz en 2013. "Aujourd'hui, Israël et les Palestiniens coordonnent les opérations dans tous les domaines, en particulier celui de la sécurité, c'est le changement majeur apporté par les accords d'Oslo."
Même constat pour Leila Shahid, ancienne déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne. "Ce serait injuste de dire qu’Oslo a été un échec total", confiait-elle à France 24 en 2013. Pour elle, "quelque chose de fondamental a changé en 1993 : la Palestine a été reconnue comme une réalité, comme un État potentiel à venir". Plus encore, elle rappelle les avancées qui ont suivi la conclusion du traité : "Yasser Arafat a pu ramener la Palestine en Palestine". Et d’insister : "Aujourd’hui, l’OLP est chez elle après plus de 45 ans d’exil et elle a construit les infrastructures administratives d’un État". Après un retour triomphal en juillet 1994 dans les territoires palestiniens au terme d’un exil de 27 ans, Yasser Arafat y avait établi l’Autorité palestinienne, dont il a été élu à la présidence en janvier 1996.
Leila Shahid souligne toutefois comme principale raison de l’échec des accords d’Oslo, l’annexion de territoires par l’État hébreu et "notamment Jérusalem-Est, qui doit devenir la capitale de la Palestine, et beaucoup de territoire en Cisjordanie". Et de conclure : "Si on veut vraiment négocier sur la base de deux États, il faut être cohérent et arrêter de construire un mur, des colonies et d’importer des gens. À moins qu’Israël ne souhaite un État d’apartheid."
Avec la disparition de Shimon Peres, qui a aussi été impliqué dans l'effort de paix avec l'Égypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes avec lesquels Israël a signé un traité de paix, ce sont les trois artisans des accords d’Oslo qui sont désormais décédés, après l'assassinat d'Yitzhak Rabin en 1995 et la mort de Yasser Arafat en 2004.
Et chez Israéliens et Palestiniens, il n’y a plus qu’une courte majorité pour soutenir encore la solution à deux États coexistant en paix. Un sondage publié le 22 août dernier par le Palestinian Center for Polling and Survey Research (PCPSR) et l’Israel Democracy Institute (IDI) montre en effet que seulement 51 % des Palestiniens et 59 % des Israéliens interrogés sont favorables à la création d’un État palestinien au côté d’Israël.
Ces accords sur l'autonomie sont le premier texte de paix ratifié par les deux camps qui s'affrontent pour la terre depuis 1948 et la création d'Israël. Ils suscitent alors un immense espoir à travers le monde et près de 25 ans après leur signature, ils continuent de régir les relations entre les deux camps. Mais la paix, elle, semble s’éloigner de plus en plus.
La signature de la Déclaration de principes devait poser les jalons pour régler le conflit israélo-palestinien et établir les bases d’une autonomie palestinienne à l’intérieur des frontières de 1967.
Le premier volet crée en 1993 l'Autorité palestinienne, une entité intérimaire supposée s'effacer en 1999 avec la perspective de création d'un État indépendant. En 1995, le second volet divise la Cisjordanie en trois zones : la zone A contrôlée par les Palestiniens, la zone B au contrôle partagé, et la zone C, représentant plus de 60 % du territoire, qui devait progressivement passer aux mains des Palestiniens mais reste entièrement contrôlée par l'armée israélienne.
En revanche, les questions les plus épineuses des frontières, du statut de Jérusalem, des colonies israéliennes et du droit au retour des réfugiés palestiniens sont reportées à des négociations ultérieures.
Constat d’échec
Deux ans plus tard, le 4 novembre 1995, un juif extrémiste abat Yitzhak Rabin de deux balles dans le dos. Pour de nombreux observateurs, c'est Oslo qu'on enterre avec le Premier ministre travailliste. Shimon Peres assure l'intérim, mais en juin 1996, c’est Benjamin Netanyahou, opposé de longue date à ces accords, qui devient Premier ministre.
Au tournant du XXIe siècle, au moment où la période intérimaire doit prendre fin et ne voyant pas l'État qu'ils espèrent depuis 50 ans, les Palestiniens s'engagent dans la deuxième Intifada. Les Israéliens, eux, accélèrent la colonisation. Les guerres se succèdent à Gaza, où le Hamas prend le pouvoir en 2007.
Pour Freddy Eitan, ancien ambassadeur d’Israël, interrogé par France 24 en 2013 à l’occasion des 20 ans des accords d’Oslo, "l’insécurité a rendu la société israélienne plus méfiante". Selon lui, ces accords, qu’il qualifie de "TGV de la paix", sont un échec, en grande partie "car beaucoup d’étapes ont été brûlées". "Nous avons mis la charrue avant les bœufs", analyse-t-il. "Le cérémonial qui a eu lieu sur la pelouse de la Maison Blanche a éclipsé la réalité du terrain et surtout la montée en puissance du Hamas, qui est un saboteur de la paix", explique-t-il.
"Les accord d’Oslo ont ramené la Palestine en Palestine"
Pour d’autres, en revanche, tout n’est pas à jeter dans les accords d’Oslo. C’est le cas de l'ancien ministre israélien Yossi Beilin, l'un des architectes de ces accords, qui, selon lui, ont au moins établi un lien entre les deux camps. "La reconnaissance mutuelle existant entre Israël et l'OLP est restée intacte", assure-t-il dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz en 2013. "Aujourd'hui, Israël et les Palestiniens coordonnent les opérations dans tous les domaines, en particulier celui de la sécurité, c'est le changement majeur apporté par les accords d'Oslo."
Même constat pour Leila Shahid, ancienne déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne. "Ce serait injuste de dire qu’Oslo a été un échec total", confiait-elle à France 24 en 2013. Pour elle, "quelque chose de fondamental a changé en 1993 : la Palestine a été reconnue comme une réalité, comme un État potentiel à venir". Plus encore, elle rappelle les avancées qui ont suivi la conclusion du traité : "Yasser Arafat a pu ramener la Palestine en Palestine". Et d’insister : "Aujourd’hui, l’OLP est chez elle après plus de 45 ans d’exil et elle a construit les infrastructures administratives d’un État". Après un retour triomphal en juillet 1994 dans les territoires palestiniens au terme d’un exil de 27 ans, Yasser Arafat y avait établi l’Autorité palestinienne, dont il a été élu à la présidence en janvier 1996.
Leila Shahid souligne toutefois comme principale raison de l’échec des accords d’Oslo, l’annexion de territoires par l’État hébreu et "notamment Jérusalem-Est, qui doit devenir la capitale de la Palestine, et beaucoup de territoire en Cisjordanie". Et de conclure : "Si on veut vraiment négocier sur la base de deux États, il faut être cohérent et arrêter de construire un mur, des colonies et d’importer des gens. À moins qu’Israël ne souhaite un État d’apartheid."
Avec la disparition de Shimon Peres, qui a aussi été impliqué dans l'effort de paix avec l'Égypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes avec lesquels Israël a signé un traité de paix, ce sont les trois artisans des accords d’Oslo qui sont désormais décédés, après l'assassinat d'Yitzhak Rabin en 1995 et la mort de Yasser Arafat en 2004.
Et chez Israéliens et Palestiniens, il n’y a plus qu’une courte majorité pour soutenir encore la solution à deux États coexistant en paix. Un sondage publié le 22 août dernier par le Palestinian Center for Polling and Survey Research (PCPSR) et l’Israel Democracy Institute (IDI) montre en effet que seulement 51 % des Palestiniens et 59 % des Israéliens interrogés sont favorables à la création d’un État palestinien au côté d’Israël.