Si l’on devait faire un portrait de Jean Paul Dias, force sera de le dépeindre en clair-obscur (de préférence sur un tableau en noir et blanc dans une toile blanche) tant il est à la fois noir et blanc, sans aucune nuance de gris. S’il était artiste de cirque il aurait été un funambule qui ne prend jamais de risques car il ne ferait jamais ses numéros sans veiller à bien accrocher le filon de sécurité sur sa ceinture. Si on devait décrire l’homme public, c’est le politicien rusé qu’il faut mettre à jour, celui qui ne vogue qu’au gré de ses intérêts et qui sait où il faut poser les pieds dans la mare aux crocodiles sans perdre pied.
Socialiste à ses débuts politiques, Jean Paul Dias Mendes à l’état civil songeait à se caser dans l’administration comme tous les cadres de l’époque et faire une carrière qui le mettrait, lui et sa petite famille à l’abri du besoin. Puis, pour des raisons que lui seul peut expliquer (et il ne manquera pas de le faire s’il en a l’occasion), après une courte carrière diplomatique et la gestion de la fondation nationale de l’action sociale, il est viré comme un malpropre de son bureau et banni par le régime de Diouf. Un pareil affront ne pouvait rester sans conséquence car pour qui connaît le tempérament bouillant et vindicatif de ce Dakarois de souche aux racines cap-verdiennes, il était clair qu’il rendra le coup reçu de quelque manière que ce soit. Il choisit alors de faire mal en rejoignant le camp de l’opposition alors incarné par Abdoulaye Wade et le Pds dans les années 80. Il avait une belle opportunité d’y jouer un grand rôle car Serigne Diop venait d’entrer en dissidence, Fara Ndiaye avait quitté volontairement le Pds avant lui et les vieux membres fondateurs qui faisaient la pluie et le beau temps comme Abdoulaye Fall Puritain avaient été «retournés» par le président Abdou Diouf sous la baguette manœuvrière de feu Jean Collin.
Accueilli à bras ouverts, Jean Paul Dias se positionnera tout de suite comme un des tribuns du parti, celui qui savait attiser la colère des Sénégalais contre le régime de Diouf adoubé par la France et dont le bras armé, Jean Collin faisait et défaisait à sa guise les carrières de ceux qui lui faisaient tête ou dont la tête ne lui revenait pas.
Au Pds il est vite coopté dans les instances supérieures et il prend par de manière décisive à la campagne électorale de 1988 en tant que Directeur de publication du journal Sopi, campagne au cours de laquelle il fait sensation auprès des militants du Pds par sa verve et son courage. C’est ainsi qu’après des élections présidentielles très contestées suivies d’un climat social très agité qui a conduit Wade et beaucoup de responsables en prison, le Président Abdou Diouf appelle à un dialogue et tend la main à l’opposition, Wade accepte alors de participer au premier «Gouvernement de majorité présidentielle élargi» (avril 1991 - octobre 1992) dans lequel Jean Paul Dias est nommé ministre de l’Intégration africaine. Lorsqu’il quitte volontairement le gouvernement pour présenter une liste du Pds en direction des élections législatives de 1993, Wade part avec ses ministres. Et à la surprise générale, l’opposition gagne dans le département de Dakar, au grand dam de Mamadou Diop, alors tout puissant Secrétaire générale de l’Union régionale socialiste de Dakar et maire de la capitale qui accuse le Pds d’avoir procédé à des fraudes massives par le biais d’ordonnances pré-signées qui ont permis à plusieurs personnes de voter sans carte d’électeur ou même de voter… plusieurs fois. Vrai ou faux, les accusations de Mamadou Diop n’y feront rien car Wade venait de démontrer une fois de plus sa représentativité au plan national en s’emparant de plusieurs postes de députés et en obtenant un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
Pour ruser et saper les bases nationales du Pds, Diouf rappellera à nouveau Abdoulaye Wade dans son gouvernement. Mais en choisissant les responsables qui devaient l’accompagner dans le gouvernement de Diouf, il zappe Jean Paul Dias au profit de maître Massokhna Kane, l’actuel défenseur des droits des consommateurs qui venait à peine d’adhérer officiellement au Pds. Dias n’apprécie pas et commence à se démarquer. Peu de temps après il crée un mouvement politique dénommé Bloc des Citoyens Gaïndés dont il changera bientôt l’appellation -pour montrer qu’il quittait définitivement le camp libéral pour afficher une certaine neutralité- en le transformant en Bloc des centristes Gaïndés. Son parti est reconnu en 1996 et il participe aux législatives de 1998 au cours desquelles il obtient un seul député à l’Assemblée nationale, lui-même. Il soutient alors le camp de Diouf avec qui il battra campagne à l’élection présidentielle de 2000 en compagnie d’un certain Ousmane Ngom, patron du Parti libéral sénégalais qui avait aussi fait défection des rangs du Pds. Diouf battu, il fera profil bas jusqu’à ce que Wade le rappelle aux affaires en lui proposant un poste de ministre de la Ville. Trop peu pour lui et connaissant les humeurs changeantes de son ancien compagnon de lutte qui pourrait le virer à tout moment pour n’importe quelle raison, il réclame un poste de Directeur général. Wade le lui offre mais ses prétentions salariales (6 millions de francs par mois assortis de différentes indemnités) sont sans commune mesure avec les usages de l’administration et il est à nouveau viré. Il entre alors en rébellion ouverte contre le pouvoir et ne rate aucune occasion de flétrir ses anciens frères du Pds.
En avril 2006, le jour du Vendredi Saint, la Division des Investigations Criminelles (DIC) le poursuivra jusque dans l'enceinte de la Cathédrale de Dakar où il assistait au Chemin de Croix afin de tenter de l'arrêter au motif qu'il aurait traité le Président Abdoulaye Wade de «mécréant». Ce n'est qu'à la sortie de l'office qu'il sera interpelé, nuitamment relâché à la suite du tollé populaire, puis à nouveau arrêté le mardi suivant. Après trois semaines de prison, il sera libéré. Le 9 août de la même année, il sera violemment interpellé, à nouveau, en son domicile au petit matin et incarcéré sous prétexte que des doutes existeraient relativement à sa nationalité sénégalaise. Cette affaire provoqua, aussi, une levée de boucliers populaire d'autant que son fils, Barthélemy, sera appréhendé dans la même période et déporté à Tambacounda où il sera emprisonné dans la chaleur suffocante de la maison d’arrêt et de correction régionale. Ses actes de défiance à l’égard de Wade n’étaient qu’une façon pour lui de se venger des multiples couleuvres que ce dernier lui avait fait avaler comme, pour se venger de Diouf et de Collin avait rejoint le Pds. C’est un homme qui ne pardonne rien et qui sait donner coup pour coup et il est présenté comme un redoutable combattant qui garde toujours une botte secrète avant de l’asséner au moment choisi.
Sa botte secrète avec Macky Sall, c’est son fils. Barthélémy Dias est en même temps le cheval de Troie et le bélier qui enfonce la porte de la citadelle. Jean Paul a utilisé les déboires judiciaires de son bouillant rejeton pour offrir un marché à Macky Sall alors dans l’opposition : «Je te soutiens mais si tu es élu tu fais libérer mon fils accusé de meurtre et tu le mets sur la liste des députés afin de lui garantir une immunité parlementaire». Le marché conclu sur le dos de Barth sera rompu lorsque ce dernier est entré en rébellion contre le hiérarchie de son parti à qui il reprochait d’avoir renoncé à la conquête du pouvoir. En fâchant Macky et la coalition Bennoo bokk yaakar, Dias fils rompait tacitement le pacte noué entre son père et le Président Macky Sall qui a aussitôt rouvert son dossier judiciaire même si, sous la pression insoutenable de Jean Paul Dias qui menaçait de faire de terribles révélations, le pouvoir a reculé en évitant d’envoyer Barthélémy dans une juridiction criminelle tout en lui trouvant une porte de sortie par un verdict jugé «politique» par une bonne partie de l’opinion.
Tout cela est en vérité l’œuvre du père Dias, ce baroudeur qui sait attendre longtemps en embuscade avant de donner l’assaut. Il a su agir avec dextérité pour éviter à son fils une peine infâmante tout autant qu’il a su dribbler Macky au bon moment pour offrir une… passe décisive aux adversaires de ce dernier. Car en homme politique chevronné il a la capacité de sentir le vent tourner et ne se prive pas de se tansformer en girouette pour en suivre la direction. Aujourd’hui c’est le Front Mankoo Taxawu Senegaal qui fait le buzz et c’est naturellement là qu’il se sentira le mieux, puisque de toute façon son fils a été tiré des griffes de la justice. De plus, c’est une manière de faire payer à Macky l’ostracisme dont a été victime le BCG depuis 2012 alors que ce parti est un des fondateurs de la coalition Macky 2012 qui a conduit le candidat Macky à affronter victorieusement le candidat Wade au second tour. Comme un éléphant, Jean Paul Dias n’oublie décidément jamais.
Socialiste à ses débuts politiques, Jean Paul Dias Mendes à l’état civil songeait à se caser dans l’administration comme tous les cadres de l’époque et faire une carrière qui le mettrait, lui et sa petite famille à l’abri du besoin. Puis, pour des raisons que lui seul peut expliquer (et il ne manquera pas de le faire s’il en a l’occasion), après une courte carrière diplomatique et la gestion de la fondation nationale de l’action sociale, il est viré comme un malpropre de son bureau et banni par le régime de Diouf. Un pareil affront ne pouvait rester sans conséquence car pour qui connaît le tempérament bouillant et vindicatif de ce Dakarois de souche aux racines cap-verdiennes, il était clair qu’il rendra le coup reçu de quelque manière que ce soit. Il choisit alors de faire mal en rejoignant le camp de l’opposition alors incarné par Abdoulaye Wade et le Pds dans les années 80. Il avait une belle opportunité d’y jouer un grand rôle car Serigne Diop venait d’entrer en dissidence, Fara Ndiaye avait quitté volontairement le Pds avant lui et les vieux membres fondateurs qui faisaient la pluie et le beau temps comme Abdoulaye Fall Puritain avaient été «retournés» par le président Abdou Diouf sous la baguette manœuvrière de feu Jean Collin.
Accueilli à bras ouverts, Jean Paul Dias se positionnera tout de suite comme un des tribuns du parti, celui qui savait attiser la colère des Sénégalais contre le régime de Diouf adoubé par la France et dont le bras armé, Jean Collin faisait et défaisait à sa guise les carrières de ceux qui lui faisaient tête ou dont la tête ne lui revenait pas.
Au Pds il est vite coopté dans les instances supérieures et il prend par de manière décisive à la campagne électorale de 1988 en tant que Directeur de publication du journal Sopi, campagne au cours de laquelle il fait sensation auprès des militants du Pds par sa verve et son courage. C’est ainsi qu’après des élections présidentielles très contestées suivies d’un climat social très agité qui a conduit Wade et beaucoup de responsables en prison, le Président Abdou Diouf appelle à un dialogue et tend la main à l’opposition, Wade accepte alors de participer au premier «Gouvernement de majorité présidentielle élargi» (avril 1991 - octobre 1992) dans lequel Jean Paul Dias est nommé ministre de l’Intégration africaine. Lorsqu’il quitte volontairement le gouvernement pour présenter une liste du Pds en direction des élections législatives de 1993, Wade part avec ses ministres. Et à la surprise générale, l’opposition gagne dans le département de Dakar, au grand dam de Mamadou Diop, alors tout puissant Secrétaire générale de l’Union régionale socialiste de Dakar et maire de la capitale qui accuse le Pds d’avoir procédé à des fraudes massives par le biais d’ordonnances pré-signées qui ont permis à plusieurs personnes de voter sans carte d’électeur ou même de voter… plusieurs fois. Vrai ou faux, les accusations de Mamadou Diop n’y feront rien car Wade venait de démontrer une fois de plus sa représentativité au plan national en s’emparant de plusieurs postes de députés et en obtenant un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
Pour ruser et saper les bases nationales du Pds, Diouf rappellera à nouveau Abdoulaye Wade dans son gouvernement. Mais en choisissant les responsables qui devaient l’accompagner dans le gouvernement de Diouf, il zappe Jean Paul Dias au profit de maître Massokhna Kane, l’actuel défenseur des droits des consommateurs qui venait à peine d’adhérer officiellement au Pds. Dias n’apprécie pas et commence à se démarquer. Peu de temps après il crée un mouvement politique dénommé Bloc des Citoyens Gaïndés dont il changera bientôt l’appellation -pour montrer qu’il quittait définitivement le camp libéral pour afficher une certaine neutralité- en le transformant en Bloc des centristes Gaïndés. Son parti est reconnu en 1996 et il participe aux législatives de 1998 au cours desquelles il obtient un seul député à l’Assemblée nationale, lui-même. Il soutient alors le camp de Diouf avec qui il battra campagne à l’élection présidentielle de 2000 en compagnie d’un certain Ousmane Ngom, patron du Parti libéral sénégalais qui avait aussi fait défection des rangs du Pds. Diouf battu, il fera profil bas jusqu’à ce que Wade le rappelle aux affaires en lui proposant un poste de ministre de la Ville. Trop peu pour lui et connaissant les humeurs changeantes de son ancien compagnon de lutte qui pourrait le virer à tout moment pour n’importe quelle raison, il réclame un poste de Directeur général. Wade le lui offre mais ses prétentions salariales (6 millions de francs par mois assortis de différentes indemnités) sont sans commune mesure avec les usages de l’administration et il est à nouveau viré. Il entre alors en rébellion ouverte contre le pouvoir et ne rate aucune occasion de flétrir ses anciens frères du Pds.
En avril 2006, le jour du Vendredi Saint, la Division des Investigations Criminelles (DIC) le poursuivra jusque dans l'enceinte de la Cathédrale de Dakar où il assistait au Chemin de Croix afin de tenter de l'arrêter au motif qu'il aurait traité le Président Abdoulaye Wade de «mécréant». Ce n'est qu'à la sortie de l'office qu'il sera interpelé, nuitamment relâché à la suite du tollé populaire, puis à nouveau arrêté le mardi suivant. Après trois semaines de prison, il sera libéré. Le 9 août de la même année, il sera violemment interpellé, à nouveau, en son domicile au petit matin et incarcéré sous prétexte que des doutes existeraient relativement à sa nationalité sénégalaise. Cette affaire provoqua, aussi, une levée de boucliers populaire d'autant que son fils, Barthélemy, sera appréhendé dans la même période et déporté à Tambacounda où il sera emprisonné dans la chaleur suffocante de la maison d’arrêt et de correction régionale. Ses actes de défiance à l’égard de Wade n’étaient qu’une façon pour lui de se venger des multiples couleuvres que ce dernier lui avait fait avaler comme, pour se venger de Diouf et de Collin avait rejoint le Pds. C’est un homme qui ne pardonne rien et qui sait donner coup pour coup et il est présenté comme un redoutable combattant qui garde toujours une botte secrète avant de l’asséner au moment choisi.
Sa botte secrète avec Macky Sall, c’est son fils. Barthélémy Dias est en même temps le cheval de Troie et le bélier qui enfonce la porte de la citadelle. Jean Paul a utilisé les déboires judiciaires de son bouillant rejeton pour offrir un marché à Macky Sall alors dans l’opposition : «Je te soutiens mais si tu es élu tu fais libérer mon fils accusé de meurtre et tu le mets sur la liste des députés afin de lui garantir une immunité parlementaire». Le marché conclu sur le dos de Barth sera rompu lorsque ce dernier est entré en rébellion contre le hiérarchie de son parti à qui il reprochait d’avoir renoncé à la conquête du pouvoir. En fâchant Macky et la coalition Bennoo bokk yaakar, Dias fils rompait tacitement le pacte noué entre son père et le Président Macky Sall qui a aussitôt rouvert son dossier judiciaire même si, sous la pression insoutenable de Jean Paul Dias qui menaçait de faire de terribles révélations, le pouvoir a reculé en évitant d’envoyer Barthélémy dans une juridiction criminelle tout en lui trouvant une porte de sortie par un verdict jugé «politique» par une bonne partie de l’opinion.
Tout cela est en vérité l’œuvre du père Dias, ce baroudeur qui sait attendre longtemps en embuscade avant de donner l’assaut. Il a su agir avec dextérité pour éviter à son fils une peine infâmante tout autant qu’il a su dribbler Macky au bon moment pour offrir une… passe décisive aux adversaires de ce dernier. Car en homme politique chevronné il a la capacité de sentir le vent tourner et ne se prive pas de se tansformer en girouette pour en suivre la direction. Aujourd’hui c’est le Front Mankoo Taxawu Senegaal qui fait le buzz et c’est naturellement là qu’il se sentira le mieux, puisque de toute façon son fils a été tiré des griffes de la justice. De plus, c’est une manière de faire payer à Macky l’ostracisme dont a été victime le BCG depuis 2012 alors que ce parti est un des fondateurs de la coalition Macky 2012 qui a conduit le candidat Macky à affronter victorieusement le candidat Wade au second tour. Comme un éléphant, Jean Paul Dias n’oublie décidément jamais.