Tout porte à croire donc que si le "Macky" a finalement décidé de convoquer ce dialogue, c’est parce qu’il a fini de se convaincre de son opportunité, peut-être au mépris des attentes subjectives des leaders d’opinions qui l’ont longtemps sollicité et au seul bénéfice des préoccupations sous-terraines de son parti et de ses alliés.
Contenu du dialogue
A écouter les quelques cinquante interventions faites à l’occasion de la journée inaugurale de ce très solennel moment d’échanges, on se rend vite à l’évidence que d’un côté comme de l’autre, l’on a délibérément choisi d’imprimer au dialogue la plus grande ouverture possible. Si le mot n’était un tantinet vulgaire, on pourrait dire qu’il s’agit d’un fourre-tout. Autrement dit, toutes les questions, même les plus surréalistes (comme celle soulevée par le très sémillant Me El Hadji Diouf, à propos de Karim Wade) ont pu trouver des bouches pour les formuler et des oreilles pour les entendre, sans grincements, sans chichis. En termes imagés, le dialogue a donc pour ainsi dire tout l’air d’une locomotive condamnée à s’arrêter à toutes les gares, même celles-là où attendent d’être embarqués des baluchons de préoccupations explosives.
Wade tance Macky de façon cinglante ; la « victime » se venge sur le lieutenant de son tortionnaire…
Dans sa lettre adressée au chef de l’Etat à la veille de la tenue du dialogue, Me Wade, revêtant sa toge de professeur, a biffé avec une insolente courtoisie la plupart des lignes méthodologiques qui ont servi de soubassements au Projet de Réforme constitutionnelle et à sa validation par voie référendaire. Un vrai cours magistral sur la légalité constitutionnelle qui envoie à la poubelle le « triomphe sans gloire » de la majorité présidentielle lors du dernier référendum.
La réaction du commanditaire en chef de la Réforme sur les attaques à peine voilées du Pape du « Sopi » a été attendue en vain. Mais puisqu’en matière d’adversité politique le vis-à-vis ne perd jamais rien pour attendre, le « Macky », en forme de vengeance par procuration, a fait passer à la trappe le Secrétaire général adjoint du PDS Oumar Sarr, en lui infligeant une cinglante leçon de lecture du progrès démocratique. En effet, Macky a renvoyé le sieur Sarr à ses études en lui faisant clairement comprendre que le fait de solliciter la défenestration de l’actuel ministre de l’Intérieur Abdoulaye Diallo pour défaut de neutralité politique apparaît comme une demande insensée au regard des hauteurs démocratiques auxquelles bien des ministres de l’Intérieur politiquement colorés ont porté nombre de joutes électorales ces dernières années.
La pertinence du dialogue en questions
Les avis sur la pertinence ou non du dialogue sont largement partagés, et pour cause. Trois camps se sont particulièrement dessinés à ce sujet : ceux qui pensent que la convocation d’un tel dialogue est plutôt grossière. Du cirque politique quoi (c’est le cas du roc Pape Diop) ; ceux qui pensent que ce dialogue est absolument nécessaire, opportun à tous points de vue, et que donc sa convocation par qui de droit est d’une impérieuse nécessité (c’est le cas des ouailles, souteneurs, accompagnateurs, défenseurs et zélateurs en tous genres du « Prince » ; et enfin, ceux qui estiment que ce dialogue est loin d’être tout à fait pertinent, mais que la courtoisie républicaine et l’impératif patriotique imposent à tous une attitude réceptive. Ce dernier camp est, de loin, démographiquement majoritaire, et c’est le signe que la plupart des parties prenantes de cette large concertation ne doivent leur participation qu’à des impératifs d’élégance républicaine.
Le format retenu pour matérialiser la concertation dicte aussi une lecture critique. L’incarnation suprême de la Nation invite les porteurs d’opinions de tous bords à exprimer publiquement, devant lui et devant la Patrie, leurs visions et leurs idées ; leurs visions du mode de gouvernance déroulé par le « Macky » et leurs idées relativement à la nécessité pour chacun et pour tous de contribuer à faire bouger les choses, à faire avancer le pays. Une telle procédure est problématique, insidieuse, et on est en droit de s’interroger sur sa pertinence. D’abord parce qu’il y aura forcément nombre de sujets supposés porteurs d’opinions viables qui, en vérité, arriveront sur les lieux sans opinion, sans idée ; cela étant, ils se permettront de tendre les oreilles, de renifler les « bonnes sauces », c’est-à-dire, de profiter de la crème des premiers exposés pour forger la matière de leur intervention. Ce sont des pirates. Il y a d’autres qui arrivent à la concertation avec des idées, sans doute même intéressantes, mais qui, du fait de la solennité de la circonstance et de l’orientation générale des débats, se voient obligés de modifier les lignes déjà établies de leur argumentaire.
Sans aller jusqu’à citer des noms, nous osons quand même marteler que de pareils cas de figures se sont signalés avant-hier.
Il s’y ajoute que, à y voir de près, la vertu thérapique qui s’attache à la libre prise de parole en ce haut lieu perd tout son sens devant le triste sort que la dernière instance de jugement pourrait réserver aux points de vue formulés. En effet, de toute évidence, bon nombre d’idées exposées devant le chef de l’Etat ne seront l’objet d’aucun examen ultérieur, à fortiori d’une prise en compte et d’une intégration dans la définition prochaine de la Politique de la Nation.
On ne doit pas par ailleurs se faire des illusions : l’écrasante majorité des hôtes de cette grande concertation se garderont d’étaler sur cette auguste place publique le meilleur de leur Pensée. Car secrètement, ils se posent tous cette question : si j’expose ici ce que j’estime être les meilleures idées personnelles pour la gestion du pays, autour de quoi vais-je bâtir mon programme de gouvernance une fois que je serai porté à la tête de la Nation ?
Des absences qui ne comptent ni ne pèsent ;
Des absences qui comptent mais ne pèsent pas ;
Des absences qui comptent et pèsent…
Il est quasiment insensé de chercher à évaluer la première journée du fameux dialogue dit national sans réfléchir sur l’impact de la défection affichée par certaines personnalités politiques.
Souleymane Ndéné Ndiaye n’y était pas, mais a, pour justifier son absence physique, avancé des arguments qui sont de nature à rassurer ceux qui seraient prompts à penser qu’il n’adhère pas au principe. Le dernier Premier ministre sous Wade ne devrait pas cependant rougir s’i on le plaçait dans la catégorie des chefs de partis qui comptent mais ne pèsent pas. Il compte parce qu’il est connu de tous qu’il entretient avec le « Prince » une forte proximité fraternelle et amicale qui fait que le « Macky » ne peut jamais faire fi totalement des avis qu’il est censé émettre en sa direction. Mais Ndéné, pour sûr, ne pèse pas, ou du moins au plan de la mobilisation militante.
Malgré tout, on peut estimer qu’il est un peu mieux loti que le leader de « Bokk Guiss Guiss », que d’aucuns cataloguent comme quelqu’un qui, en tout cas pour l’heure, ne pèse ni ne compte pas pour beaucoup sur l’échiquier politique national. Et pour cause…L’absence d’un tel leader du plateau du grand dialogue national pourrait donc ne guère être ressentie comme regrettable par le camp qui convoque.
Quid de Malick Gackou ?
Le leader de la banlieue, pour sûr, ne compte pas pour un sou aux yeux de la majorité présidentielle, mais personne ne pourra nier qu’il pèse pour beaucoup, notamment pour une certaine frange sociale calfeutrée dans les bas-fonds. Le pouvoir ne rougirait pas de le voir prendre part à l’auguste événement.
Idrissa Seck incarne quant à lui l’absence la plus digne d’interprétation, car il est le seul à pouvoir être considéré comme un absent qui, à la fois, compte et pèse. Il compte parce que, qu’ils le disent ou qu’ils le taisent, Macky et sa majorité présidentielle sont condamnés à faire attention à tous les actes qu’il pose, et même qu’il ne pose pas. Il pèse aussi parce que, en dehors de Thiès qu’il a dans sa poche (n’en déplaise à ses farouches adversaires de la localité !), l’homme bénéficie aujourd’hui d’un regain de sympathie qui élargit de façon souterraine les bases du cercle de ses militants.
Demande de grâce au profit de Karim Wade ou la requête paranoïaque de Me El Hadji Diouf
Ceux qui ont la ferme conviction que Me El Hadji Diouf est un homme incohérent et grossier dans sa démarche ont sans doute ri jaune lorsqu’ils l’ont entendu pousser devant l’auguste parterre de dignitaires venus répondre à l’appel du « Macky » une chanson surréaliste, inattendue, disharmonique à souhait, et ayant consisté à dire au chef de l’Etat qu’il a le devoir d’accorder la grâce présidentielle au prisonnier politique le plus célèbre aujourd’hui au Sn&égal, Karim Wade. Le lieu était-il indiqué pour formuler une pareille requête ? Quelle en est la motivation profonde ? Pourrait-on véritablement lui accorder une présomption de sincérité et de désintéressement au regard de la duplicité qu’on lui attribue relativement à sa rencontre inattendue et secrète avec Idriss Déby, ce qui lui a valu d’être chassé par Habré du pool de ses avocats ? Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que « Buur Sine » a été très mal inspiré en jouant une note aussi saugrenue dans un concert aussi solennel où les gens étaient plutôt venus pour entendre des chansons d’intérêt national.
Contenu du dialogue
A écouter les quelques cinquante interventions faites à l’occasion de la journée inaugurale de ce très solennel moment d’échanges, on se rend vite à l’évidence que d’un côté comme de l’autre, l’on a délibérément choisi d’imprimer au dialogue la plus grande ouverture possible. Si le mot n’était un tantinet vulgaire, on pourrait dire qu’il s’agit d’un fourre-tout. Autrement dit, toutes les questions, même les plus surréalistes (comme celle soulevée par le très sémillant Me El Hadji Diouf, à propos de Karim Wade) ont pu trouver des bouches pour les formuler et des oreilles pour les entendre, sans grincements, sans chichis. En termes imagés, le dialogue a donc pour ainsi dire tout l’air d’une locomotive condamnée à s’arrêter à toutes les gares, même celles-là où attendent d’être embarqués des baluchons de préoccupations explosives.
Wade tance Macky de façon cinglante ; la « victime » se venge sur le lieutenant de son tortionnaire…
Dans sa lettre adressée au chef de l’Etat à la veille de la tenue du dialogue, Me Wade, revêtant sa toge de professeur, a biffé avec une insolente courtoisie la plupart des lignes méthodologiques qui ont servi de soubassements au Projet de Réforme constitutionnelle et à sa validation par voie référendaire. Un vrai cours magistral sur la légalité constitutionnelle qui envoie à la poubelle le « triomphe sans gloire » de la majorité présidentielle lors du dernier référendum.
La réaction du commanditaire en chef de la Réforme sur les attaques à peine voilées du Pape du « Sopi » a été attendue en vain. Mais puisqu’en matière d’adversité politique le vis-à-vis ne perd jamais rien pour attendre, le « Macky », en forme de vengeance par procuration, a fait passer à la trappe le Secrétaire général adjoint du PDS Oumar Sarr, en lui infligeant une cinglante leçon de lecture du progrès démocratique. En effet, Macky a renvoyé le sieur Sarr à ses études en lui faisant clairement comprendre que le fait de solliciter la défenestration de l’actuel ministre de l’Intérieur Abdoulaye Diallo pour défaut de neutralité politique apparaît comme une demande insensée au regard des hauteurs démocratiques auxquelles bien des ministres de l’Intérieur politiquement colorés ont porté nombre de joutes électorales ces dernières années.
La pertinence du dialogue en questions
Les avis sur la pertinence ou non du dialogue sont largement partagés, et pour cause. Trois camps se sont particulièrement dessinés à ce sujet : ceux qui pensent que la convocation d’un tel dialogue est plutôt grossière. Du cirque politique quoi (c’est le cas du roc Pape Diop) ; ceux qui pensent que ce dialogue est absolument nécessaire, opportun à tous points de vue, et que donc sa convocation par qui de droit est d’une impérieuse nécessité (c’est le cas des ouailles, souteneurs, accompagnateurs, défenseurs et zélateurs en tous genres du « Prince » ; et enfin, ceux qui estiment que ce dialogue est loin d’être tout à fait pertinent, mais que la courtoisie républicaine et l’impératif patriotique imposent à tous une attitude réceptive. Ce dernier camp est, de loin, démographiquement majoritaire, et c’est le signe que la plupart des parties prenantes de cette large concertation ne doivent leur participation qu’à des impératifs d’élégance républicaine.
Le format retenu pour matérialiser la concertation dicte aussi une lecture critique. L’incarnation suprême de la Nation invite les porteurs d’opinions de tous bords à exprimer publiquement, devant lui et devant la Patrie, leurs visions et leurs idées ; leurs visions du mode de gouvernance déroulé par le « Macky » et leurs idées relativement à la nécessité pour chacun et pour tous de contribuer à faire bouger les choses, à faire avancer le pays. Une telle procédure est problématique, insidieuse, et on est en droit de s’interroger sur sa pertinence. D’abord parce qu’il y aura forcément nombre de sujets supposés porteurs d’opinions viables qui, en vérité, arriveront sur les lieux sans opinion, sans idée ; cela étant, ils se permettront de tendre les oreilles, de renifler les « bonnes sauces », c’est-à-dire, de profiter de la crème des premiers exposés pour forger la matière de leur intervention. Ce sont des pirates. Il y a d’autres qui arrivent à la concertation avec des idées, sans doute même intéressantes, mais qui, du fait de la solennité de la circonstance et de l’orientation générale des débats, se voient obligés de modifier les lignes déjà établies de leur argumentaire.
Sans aller jusqu’à citer des noms, nous osons quand même marteler que de pareils cas de figures se sont signalés avant-hier.
Il s’y ajoute que, à y voir de près, la vertu thérapique qui s’attache à la libre prise de parole en ce haut lieu perd tout son sens devant le triste sort que la dernière instance de jugement pourrait réserver aux points de vue formulés. En effet, de toute évidence, bon nombre d’idées exposées devant le chef de l’Etat ne seront l’objet d’aucun examen ultérieur, à fortiori d’une prise en compte et d’une intégration dans la définition prochaine de la Politique de la Nation.
On ne doit pas par ailleurs se faire des illusions : l’écrasante majorité des hôtes de cette grande concertation se garderont d’étaler sur cette auguste place publique le meilleur de leur Pensée. Car secrètement, ils se posent tous cette question : si j’expose ici ce que j’estime être les meilleures idées personnelles pour la gestion du pays, autour de quoi vais-je bâtir mon programme de gouvernance une fois que je serai porté à la tête de la Nation ?
Des absences qui ne comptent ni ne pèsent ;
Des absences qui comptent mais ne pèsent pas ;
Des absences qui comptent et pèsent…
Il est quasiment insensé de chercher à évaluer la première journée du fameux dialogue dit national sans réfléchir sur l’impact de la défection affichée par certaines personnalités politiques.
Souleymane Ndéné Ndiaye n’y était pas, mais a, pour justifier son absence physique, avancé des arguments qui sont de nature à rassurer ceux qui seraient prompts à penser qu’il n’adhère pas au principe. Le dernier Premier ministre sous Wade ne devrait pas cependant rougir s’i on le plaçait dans la catégorie des chefs de partis qui comptent mais ne pèsent pas. Il compte parce qu’il est connu de tous qu’il entretient avec le « Prince » une forte proximité fraternelle et amicale qui fait que le « Macky » ne peut jamais faire fi totalement des avis qu’il est censé émettre en sa direction. Mais Ndéné, pour sûr, ne pèse pas, ou du moins au plan de la mobilisation militante.
Malgré tout, on peut estimer qu’il est un peu mieux loti que le leader de « Bokk Guiss Guiss », que d’aucuns cataloguent comme quelqu’un qui, en tout cas pour l’heure, ne pèse ni ne compte pas pour beaucoup sur l’échiquier politique national. Et pour cause…L’absence d’un tel leader du plateau du grand dialogue national pourrait donc ne guère être ressentie comme regrettable par le camp qui convoque.
Quid de Malick Gackou ?
Le leader de la banlieue, pour sûr, ne compte pas pour un sou aux yeux de la majorité présidentielle, mais personne ne pourra nier qu’il pèse pour beaucoup, notamment pour une certaine frange sociale calfeutrée dans les bas-fonds. Le pouvoir ne rougirait pas de le voir prendre part à l’auguste événement.
Idrissa Seck incarne quant à lui l’absence la plus digne d’interprétation, car il est le seul à pouvoir être considéré comme un absent qui, à la fois, compte et pèse. Il compte parce que, qu’ils le disent ou qu’ils le taisent, Macky et sa majorité présidentielle sont condamnés à faire attention à tous les actes qu’il pose, et même qu’il ne pose pas. Il pèse aussi parce que, en dehors de Thiès qu’il a dans sa poche (n’en déplaise à ses farouches adversaires de la localité !), l’homme bénéficie aujourd’hui d’un regain de sympathie qui élargit de façon souterraine les bases du cercle de ses militants.
Demande de grâce au profit de Karim Wade ou la requête paranoïaque de Me El Hadji Diouf
Ceux qui ont la ferme conviction que Me El Hadji Diouf est un homme incohérent et grossier dans sa démarche ont sans doute ri jaune lorsqu’ils l’ont entendu pousser devant l’auguste parterre de dignitaires venus répondre à l’appel du « Macky » une chanson surréaliste, inattendue, disharmonique à souhait, et ayant consisté à dire au chef de l’Etat qu’il a le devoir d’accorder la grâce présidentielle au prisonnier politique le plus célèbre aujourd’hui au Sn&égal, Karim Wade. Le lieu était-il indiqué pour formuler une pareille requête ? Quelle en est la motivation profonde ? Pourrait-on véritablement lui accorder une présomption de sincérité et de désintéressement au regard de la duplicité qu’on lui attribue relativement à sa rencontre inattendue et secrète avec Idriss Déby, ce qui lui a valu d’être chassé par Habré du pool de ses avocats ? Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que « Buur Sine » a été très mal inspiré en jouant une note aussi saugrenue dans un concert aussi solennel où les gens étaient plutôt venus pour entendre des chansons d’intérêt national.