Le groupe français de BTP et de concessions Eiffage a annoncé le décès de son PDG, Pierre Berger, âgé de 47 ans, qui avait succédé au fondateur, Jean-François Roverato, à la tête d’Eiffage, en août 2012.
« Eiffage annonce avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président-directeur-général, Pierre Berger, est décédé cette nuit », rapporte le communiqué. « Les premières pensées de la direction et des employés d’Eiffage vont à son épouse, à ses enfants et aux proches de Pierre Berger », ajoute le texte.
Le patron d’Eiffage a été victime d’une crise cardiaque, a déclaré le groupe à l’Agence France-Presse (AFP), dont le conseil d’administration va se réunir lundi à une heure pas encore fixée.
Pierre Berger a été fauché en pleine réussite. Elève plus que brillant, bachelier à 16 ans, entré à Polytechnique à 18, non sans avoir réussi aussi le concours de l’Ecole normale, puis admis à l’Ecole des ponts et chaussées, Pierre Berger aura consacré sa carrière au BTP. Après six mois passés au laboratoire de l’Ecole des ponts, il fonde, au grand dam de son père, fonctionnaire, un bureau d’étude spécialiste des fondations en sol inondé.
Xavier Huillard, le PDG de Vinci, avait repéré cet ingénieur brillant qui a réalisé chez Vinci un parcours éclair jusqu’à se voir confier en 2005 la branche la plus prestigieuse, celle des grands projets, avec des ouvrages d’art spectaculaires comme le pont enjambant le golfe au Qatar. En parallèle, à partir de 2007, Pierre Berger occupera les fonctions de directeur général, chargé des travaux public, de Vinci Construction France.
« Un homme d’une extrême intelligence »
A la fin de 2010, le PDG d’Eiffage, Jean-François Roverato, atteint par la limite d’âge, et qui cherchait un successeur, fait venir Pierre Berger comme directeur général, un poste de numéro 2 en attendant de prendre la suite de M. Roverato à la tête du troisième groupe de BTP français, une belle prise au détriment de son éternel rival Vinci. Eiffage a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 13,98 milliards d’euros.
Jean-François Roverato, 71 ans, doit normalement participer au conseil d’administration de lundi en sa qualité de vice-président administrateur référent, selon le groupe. « Pour nous, c’est une profonde émotion et tristesse », a expliqué Philippe Luppo, coordinateur CFDT du groupe Eiffage. « Pierre Berger était vraiment l’homme qui a su succéder à Jean-François Roverato, notre ancien PDG, un homme assez charismatique », a-t-il souligné. « Lui non plus ne manquait pas de charisme pour diriger le groupe Eiffage », a assuré le dirigeant syndical.
« Il était d’une extrême intelligence plus cérébrale que charismatique, efficace, décidant rapidement », confie au Monde Jean-François Lefèvre-Moulenq, analyste grand spécialiste du BTP chez Crédit mutuel-CIC Securities, encore sous le choc de la nouvelle.
Disponible, simple, direct, à la franche poignée de main, au regard lumineux, Pierre Berger était aussi un sportif – tennis, course, vélo –, il s’apprêtait à participer en février 2016 au Marathon de Dakar. Il avait aussi participé à deux reprises à la course de 23 kilomètres sur le viaduc de Millau, ouvrage emblématique construit par Eiffage.
Sa succession pose un problème difficile au groupe de BTP. Depuis la nomination de Pierre Berger au poste de PDG le 29 août 2012, le titre Eiffage est passé de 22,90 euros à 53,69 euros, jeudi soir à la clôture de la Bourse de Paris. Le groupe emploie près de 70 000 collaborateurs autour de cinq métiers : concessions et PPP, construction, travaux publics, énergie et métal.