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L’obsession d’un second mandat

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 11 Août 2016 à 10:00 modifié le Jeudi 11 Août 2016 - 10:01

Macky Sall n’a qu’une hantise : être le premier chef d’Etat sénégalais à avoir fait un mandat, puis s’en est allé. C’est devenu une obsession chez lui depuis son élection à la magistrature suprême en 2012. Son entreprise de démantèlement du Parti démocratique sénégalais (Pds), son ancienne formation politique, participe de cela, tout en ayant été une occasion rêvée d’assouvir une rancune tenace qu’il nourrissait à l’égard de l’homme qui l’a tiré de l’anonymat et l’a fait. C’est ainsi que des pans entiers du parti d’Abdoulaye Wade se sont effondrés, sous ses coups de boutoir, et que nombre de ses responsables ont soit migré vers les pairies marron-beige, soit décidé de faire désormais cavaliers seuls.
Parallèlement, pour n’avoir pas accepté de transhumer, les principaux dignitaires du Pds restés fidèles au Pape du Sopi seront persécutés. Ils feront, d’abord, l’objet d’une vaste campagne de presse tendant à les discréditer au niveau international, tâche à laquelle s’attèlera avec bonheur le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao. Puis, en violation flagrante de la loi, ils seront purement et simplement interdits de sortie du territoire national. Longtemps maintenus en prison à ciel ouvert, certains d’entre eux, à l’image d’Ousmane Ngom, finiront par abdiquer pendant que d’autres, à l’instar de Samuel Sarr, iront trouver refuge auprès de familles religieuses.
Le Pds sérieusement affaibli, l’opposition n’était pas moribonde pour autant. Et les résultats du référendum du 20 mars 2016 en ont été le baromètre le plus fiable. Puisqu’à l’appel de cette opposition et de la société civile, plus de 45 % des votants ont opposé un non catégorique aux réformes proposées par Macky Sall. Pis, 60 % des électeurs sénégalais régulièrement inscrits sur le fichier électoral vont boycotter ce scrutin. Des résultats qui ont eu l’effet d’une douche froide sur le président de la République. Certes, il ne s’attendait pas au plébiscite   que lui promettaient les responsables de son parti, et les mises en garde répétées de la gauche de Benno Bokk Yakaar y ont été pour beaucoup. D’ailleurs, bien lui en a pris, puisque s’il n’était pas descendu sur le terrain pour faire campagne, le camp du Oui aurait, à n’en point douter, enregistré une terrible raclée.
Les enseignements tirés du référendum l’ont incité à chercher à diviser l’opposition. D’où son appel au dialogue national qui allait susciter la suspicion au sein de la coalition «Gor ca wax ja» formée autour du Pds et de Rewmi en direction du référendum du 20 mars. Mais cette coalition n’éclatera pas, malgré les sorties intempestives du leader de Rewmi contre des responsables du Pds et d’And Jëf/Pads. L’Entente des forces de l’opposition (Efop) qui naîtra sur ses flancs, créée, entre autres, par Souleymane Ndéné Ndiaye et Modou Diagne Fada, n’ébranlera pas son fondements.
Concomitamment, des opérations tendant à discréditer les plus irréductibles parmi les opposants au régime seront lancées. Première cible, le leader de Rewmi qui s’est senti pousser des ailes et se positionne comme le chef de l’opposition radicale. Rien ne lui sera épargné. Pas même la remise au goût du jour de ce protocole de Rebeuss qui s’apparente de plus en plus à une arlésienne. Autre cible : l’ancien fils de… qui porte fièrement le nom de Karim depuis son élargissement de prison dans des conditions scabreuses. Grâcié sans en avoir exprimé la demande, il sera exilé de force au Qatar d’où il ne reviendra certainement pas de sitôt. Et pour mettre un terme par anticipation à tout débat ultérieur sur son éligibilité à la prochaine présidentielle prévue en 2019, le pouvoir va s’appuyer sur sa majorité mécanique à l’Assemblée nationale pour faire passer son projet de loi portant sur la double nationalité. Cette loi qui, une fois votée, fera obligation à tout binational voulant se présenter à la présidentielle de renoncer à sa nationalité étrangère quatre ans auparavant, vise également à rendre inéligible Abdoul Mbaye, cet ancien Premier ministre de Macky Sall qui empêche ce dernier de dormir comme un lion repu.
Karim Wade et Abdoul Mbaye mis hors de course, le second mandat de suite sera-t-il pour autant à portée de main ? Macky Sall et ses thuriféraires semblent en être convaincus d’autant qu’Idrissa Seck ne fait plus courir les foules, Malick Gakou n’arrive pas à les accrocher, Khalifa Ababacar Sall n’aura pas avec lui l’appareil du Parti socialiste sans lequel il ne peut aller loin. Moustapha Niasse ayant été dompté, de même que Djibo Leyti Kâ, il ne reste plus qu’à en faire de même avec Ousmane Tanor Dieng par le biais de la présidence du Haut Conseil des collectivités territoriales (Hcct) pour que le tour soit joué et que le second mandat soit assuré.
Par Abdourahmane CAMARA*
* Directeur de publication de Wal Fadjri Quotidien

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