L’inspecteur des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko, va faire face ce matin au Conseil de discipline de la fonction publique. Il risque jusqu’à la radiation. Avant lui, d’autres « têtes brûlées » de l’administration ont payé cash leur liberté de ton.
Ousmane Sonko, un pied hors de la fonction publique
L’inspecteur des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko, président du parti « Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), joue son avenir aujourd’hui après une série de révélations. Parce qu’il a fait des déballages qui ont bousculé la plus haute hiérarchie de l’État du Sénégal, il est traduit devant le conseil de discipline. Au mois de juin dernier, en effet, il avait fait une sortie pour révéler que l’Assemblée Nationale ne paie pas ses impôts.
Une dette évaluée à plus de 6 milliards. Une révélation qui avait poussé le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, à faire une sortie pour démentir cette info. Sonko avait ensuite fait d’autres révélations poussant Amadou Ba à admettre la dette et Moustapha Niasse, le Président de l’Assemblée nationale, à mettre la main à la poche.
Sonko a continué ses révélations en divulguant que le référendum du 20 mars dernier a couté un peu moins de 10 milliards, contrairement aux 3 milliards annoncés par le chef de l’État. Il a fait d’autres révélations sur l’affaire Bictogo et d’autres scandales financiers. Suffisant pour que le gouvernement l’accuse de rompre son obligation de réserve et de donner des informations obtenues de par sa fonction d’Inspecteur des Impôts et Domaines. Amadou Bâ l’a ainsi suspendu de ses fonctions avant d’activer le Conseil de discipline. Il fait face ce mercredi 24 août à ses “juges” et connaîtra bientôt le sort qui lui sera réservé.
Le Commissaire Cheikhna Cheikh Saad Bouh Keita radié de la police
Avant Ousmane Sonko, un autre fonctionnaire, le Commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle, Cheikhna Cheikh Saad Bouh Keita, alors directeur général de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Octris), était passé devant le Conseil de discipline. Il avait dénoncé un trafic de drogue au sein de la police, accusant son prédécesseur à l’Ocrtis, le commissaire Abdoulaye Niang, d’être à la tête de ce trafic. Dans un rapport publié en juillet 2013 dans la presse, il indiquait que M. Niang avait aidé des malfaiteurs qui revendaient de la drogue pour lui. Il expliquait que lors des cérémonies d’incinération des drogues, les boulettes brûlées ne contenaient pas de cocaïne. Le procureur de la République s’était autosaisi de l’affaire pour situer les responsabilités et avait confié le dossier à un juge d’instruction.
Parallèlement à cela, Cheikhna Cheikh Saad Bouh Keita avait été ainsi démis de son poste de patron de l’Ocrtis puis radié par le Président de la République sur recommandation du Conseil de discipline.
Le Colonel Abdoulaye Aziz Ndao mis aux arrêts
Le Colonel Abdoulaye Aziz Ndao, conseillé militaire à l’Ambassade du Sénégal au Portugal et ancien numéro deux de la gendarmerie nationale, avait, lui aussi, fait les frais de sa liberté de ton. Il avait rédigé un livre titré “Pour l’honneur de la gendarmerie”, dans lequel il accusait son ancien patron, l’ex-Haut commandant de la gendarmerie nationale, le général Abdoulaye Fall, d’avoir toujours agi en complicité avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
Il l’accusait d’avoir toujours perçu 200 millions mensuellement dans le dossier de la Casamance et d’avoir permis au Mfdc d’occuper et de fortifier ses positions, faisant croire à l’État l’imminence d’un cessez-le-feu et d’un accord de paix. Il ajoutait que le général Fall était impliqué dans la mort de l’ancien président du conseil régional de Ziguinchor. Des révélations qui avaient fait l’effet d’une bombe.
Au moment où la population réclamait une enquête sur ces révélations, l’État a estimé que le colonel Ndao était assujetti à l’obligation de réserve et ne devait pas écrire un tel livre. En le faisant, il a commis “une infraction aux règles de protection du secret”, selon le ministre des forces armées, Augustin Tine. Rappelé de l’ambassade de Lisbonne où il était en détachement, le colonel Ndao est placé aux arrêts de rigueur à la Caserne Samba Diéry Diallo dès son arrivée au Sénégal. Il sera en détention pendant trente jours avant que la sanction ne soit prolongée de trente jours supplémentaires. Aujourd’hui, le colonel est parti à la retraite.
Auteur: Chamsidine Sane - Seneweb.com