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Iran-Israël : une dynamique d’emballement que rien ne semble pouvoir arrêter

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 14 Avril 2024 à 18:12 modifié le Dimanche 14 Avril 2024 - 18:21

Iran-Israël : une dynamique d’emballement que rien ne semble pouvoir arrêter
Avec deux pays mus avant tout par des considérations de politique intérieure, les tirs iraniens à destination d’Israël dans la nuit de samedi à dimanche risquent de faire entrer la région dans une phase inconnue.


Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Iran a projeté le Moyen-Orient dans une phase inconnue, inédite depuis la guerre perse de 614, et dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses. Il est donc plus facile de chercher à se rassurer, comme nombre d’observateurs internationaux semblent le faire ces dernières heures. Têtus, les faits sont pourtant alarmants.

Téhéran a mené une attaque aérienne d’une ampleur sans précédent directement contre Israël, et non plus par le biais de ses milices armées dans la région – le Hezbollah au Liban, les Houtis au Yémen et le Hamas à Gaza. Ces centaines d’engins meurtriers envoyés du territoire iranien, dont au moins 110 missiles balistiques, ont forcé l’intervention armée d’autres pays, dont la Grande-Bretagne et la Jordanie, élargissant de fait le conflit en Palestine à une guerre régionale dont les contours restent mouvants. Si les résultats de cette offensive iranienne en termes militaires sont nuls, voire pitoyables, elle n’en reste pas moins en terme d’affichage que c’est une déclaration de guerre allant bien au-delà de la réaction «proportionnée» à la frappe qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril, non revendiquée officiellement par l’Etat hébreu.

L’extase des spectateurs ennemis

Israël n’a donc pas d’autre choix – et d’ailleurs pas d’autre volonté – que de réagir de la même manière «proportionnée», autrement dit d’approfondir la crise. Les graves tensions entre l’Iran et le Pakistan, allant jusqu’à des tirs de missiles, et l’attentat terriblement meurtrier de Kerman en janvier, revendiqué par l’Etat islamique, déstabilisent la stratégie iranienne de coalition anti-occidentale. A l’autre bout du monde, la décision de la Cour de cassation argentine jeudi, confirmant que l’attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, qui avait fait 29 morts en 1992, a été «commandité» par l’Iran, ajoute à la dynamique d’emballement et à la perception de la légitimité de représailles israéliennes.

Aussi dangereuse soit-elle, cette perspective a peu d’obstacles qui pourraient troubler sa réalisation dans le champ géopolitique d’aujourd’hui. Les deux pays en confrontation sont gouvernés par leurs politiques intérieures respectives. Benyamin Nétanyahou, enlisé dans son offensive à Gaza, est ravi de la diversion que constitue l’offensive iranienne. Elle lui offre l’opportunité de redorer son blason sécuritaire, après sa lourde responsabilité dans l’aveuglement menant aux terribles attaques du 7 octobre. Les mollahs, eux, offrent au peuple une réponse nationaliste à la crise économique et à la contestation sociétale et politique de 2022.

La preuve par ces vidéos circulant sur les réseaux sociaux où on applaudit le spectacle grandiose des illuminations explosives cette nuit au Moyen-Orient de part et d’autre des frontières, à Gaza pour encourager l’audace de l’attaque iranienne et à Jérusalem pour remercier l’efficacité de la défense israélienne. Seule la langue dans laquelle cette jubilation s’exprime permet de différencier l’extase des spectateurs ennemis.

Les ingénieurs ont fait des miracles de part et d’autre
Un autre acteur dont on ne saurait sous-estimer l’influence est le lobby des exportations d’armes, qui ont déjà battu en 2023 des records aux Etats-Unis, en France, en Allemagne – et en Iran et en Israël. Les images spectaculaires du Dôme de fer anéantissant en plein vol des dizaines de missiles balistiques et autres engins remplis de dizaines de kilos d’explosifs ne peuvent que convaincre des clients encore hésitants, après que l’Allemagne en a déjà fait l’acquisition auprès d’Israël pour la modique somme de quatre milliards d’euros. De même pour l’Iran, dont les drones kamikazes ont fait le bonheur de l’armée russe en Ukraine.

Et qui pourrait le nier ? Les ingénieurs ont fait des miracles de part et d’autre, le Hamas améliorant sans cesse des morceaux de ferraille pour en faire de puissantes roquettes, les Iraniens déjouant les contrôles pour assembler des missiles interdits, et les Israéliens créant de toutes pièces un toit de protection virtuel parant des centaines d’engins de mort sans aucune erreur. Toutes ces prouesses d’ingénierie, toute cette inventivité, toute cette ingéniosité, seront-elles un jour canalisées vers la recherche de la paix au lieu de la guerre ? La nuit du 13 avril et ses conséquences certaines en repousse considérablement l’échéance.








































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