Idrissa Seck voit derrière le dialogue national une façon pour le chef de l’Etat de reconnaître, «après 4 ans d’exercice du pouvoir, ses limites», mais aussi que «la charge du Sénégal est trop lourde pour ses épaules». Ce qui est, selon lui, un «mérite».
Samedi, à quelques heures de l’ouverture du dialogue national lancé par le chef de l’Etat, Idrissa Seck, lui, dialoguait avec ses militants massés dans la petite cour de son siège à Diamalaye. Du haut du balcon, le leader de Rewmi balance des critiques acerbes à l’encontre de Macky Sall. «Le fait de se rendre compte, après 4 ans d’exercice du pouvoir, de ses limites est un mérite. Le fait de se rendre compte que l’exercice solitaire du pouvoir ne peut mener qu’à l’échec est un mérite. Comprendre enfin que la charge du Sénégal est trop lourde pour ses épaules est un mérite», dit-il. De son avis, cette concertation «tardive» qui a réuni les «forces vives de la Nation» devrait se tenir à des occasions telles que le débat sur l’Acte 3 de la décentralisation, l’envoi supposé de troupes en Arabie Saoudite et le référendum. L’ancien Premier ministre explique les raisons de son absence à ce dialogue qu’il qualifie «de circonstance». «Le seul problème que je vois, c’est que le dialogue ne devait pas se faire comme se fut le cas pour le référendum dans la précipitation, sous la pression et il ne devrait pas se faire sous l’emprise de la passion, des manœuvres ou des calculs politiciens», indique Idrissa Seck. En outre, il a déploré le fait que l’invitation du président de la République «n’ait pas de destinataire et l’identité de ceux qui doivent participer au dialogue non spécifiée».
Allusion au Gl Niang sur le Conseil suprême de la République
Idrissa Seck n’a pas raté l’occasion pour revenir sur sa proposition pour la création d’un Conseil suprême de la République qui a soulevé un tollé au sein de la classe politique. Il précise qu’en aucun moment l’idée de mettre son conseil au-dessus du président de la République ne lui a traversé l’esprit. Une allusion à la sortie du général Mamadou Niang à l’émission «Grand jury» qui disait ne pas comprendre sa proposition. «Cela veut dire qu’il (Idrissa Seck) superviserait l’action du chef de l’Etat ? Je ne sais pas, je n’ai pas bien compris. Je ne sais pas ce qu’il a voulu dire. Nous sommes dans une République, dans un Etat de droit. Il y a des institutions comme le président de la République qui est une émanation de la volonté populaire. Et à partir de ce moment, je ne vois pas de personnalité capable d’être au-dessus de cette autorité-là. Sinon, il faut changer d’appellation de nos Etats», disait l’ancien ministre de l’Intérieur.
Pour lui, avec cet organe, il pourrait y avoir «un dialogue sérieux» dans un cadre «inclusif et pluridisciplinaire». Et à côté, il propose aussi un «Observatoire national des engagements politiques et des bonnes pratiques de gouvernance qui aura pour mission de définir les intérêts supérieurs de la Nation et les hiérarchiser en trois catégories, à savoir les intérêts vitaux, les intérêts extrêmement importants et les intérêts importants». Cet observatoire recenserait, selon lui, tous les engagements souscrits par les leaders politiques en matière d’énergie par exemple et se chargerait de surveiller l’application de ses engagements.
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