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Enquête sur une communauté secrète : Les Libanais du Sénégal

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 10 Septembre 2015 à 11:45 modifié le Jeudi 10 Septembre 2015 - 11:47

Ils détiennent une place enviable, pour ne pas dire le monopole du commerce au Sénégal, mais veillent, comme à la prunelle de leurs yeux à passer inaperçus. Ils, ce sont les ressortissants Libanais, dont la plupart est naturalisée Sénégalaise parce qu’ayant vu les limbes au Sénégal. Le Pays a infiltré cette secrète communauté, qui ne vit pas que de négoce.


Enquête sur une communauté secrète : Les Libanais du Sénégal

Ils ont investi tous les secteurs du business, comme l’alimentation, la quincaillerie, l’ameublement, l’imprimerie et tutti quanti. Fayçal, Charara, Hoballah, Bourgi… Que de noms de famille, d’origine libanaise, célèbres au Sénégal, lesquels se sont illustrés à travers des activités économiques devenus, de par leur «baraka» et/ou maestria, des plus prospères. Autant dire que la forte communauté libanaise est établie au «pays de la Téranga» depuis des lustres. Il nous revient qu’ils ont fui l’occupation Israélienne, à l’époque, et les guerres tribales rendant invivable leur patrie d’origine pour s’installer en Afrique Noire. Certains, comme les fils de ce gérant d’une supérette nichée sur la rue Raffenel, en plein cœur de Dakar, ont vu le jour au Sénégal. En effet, les rejetons de F. Hoballah sont nés et grandis au «pays du Thiébou dieune» pour paraphraser l’un d’eux. A l’image de leur pater, ils se réclament Sénégalais bon teint car ayant vu les limbes au Sénégal. Des exemples de ce genre font florès : Hamoudé Sharara, patron de la courue «Fourchette» (ndlr : resto des Vips) est issue de la famille du même nom. Il ressort des infos glanées qu’Hamoudé est un descendant de Moussa Sharara, arrivé au Sénégal en 1937. Pour la gouverne de ceux qui l’ignorent encore, il plastronnait, jusqu’à un passé récent, au maroquin de Vice Président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES). Pour ce qui est des Gandour, rendu récemment tristement célèbres par la Douane Sénégalaise (ndlr : ils ont été pris dans la nasse des gabelous et ont du casquer 1 milliard et poussières), ils sont plutôt connus comme des tenanciers de parfumerie et autres produits cosmétiques. 
Clichés 

Toutefois, la fratrie de Fouad Hoballah, spécialisé dans l’alimentation, entre autres, peut servir, à bien des égards, d’archétype de la « parfaite intégration ». Ils ont pratiquement fait leur cycle scolaire ici, mangent quelquefois Sénégalais et ont des fréquentations Sénégalaises, mais limitées. «Ce, en dépit du fait qu’ils restent distants, de temps à autre, au regard des préjugés qu’on attribue, à tord ou à raison à la communauté Libanaise » précise l’un de leurs employés, lequel dira que certains Sénégalais de souche les isolent dans des clichés, qui les cataloguent «d’étrangers vivant au Sénégal ». Et notre interlocuteur de s’offusquer : « y’en a même qui les traitent de racistes, ce qui n’est pas normal ». S’inscrivant en faux, son collègue de soutenir que les « Libanais se disent Sénégalais alors qu’ils vivent éloignés des vrais Sénégalais ; on dirait qu’ils nous méprisent » lâche Tapha qui étaye son propos en pointant du doigt les maigres revenus de leurs ouvriers, non sans évoquer la rareté des mariages mixtes entre Sénégalais bon teint et Libanais. «Certes, on en trouve, mais cela se compte sur le bout des doigts. J’en connais, qui ont eu des enfants avec leurs bonnes, mais ils les rejettent comme des malpropres dès qu’elles engrossent». A défaut, on leur propose rubis sur ongle une manne assez considérable pour avorter «histoire d’éviter d’être la risée auprès de la communauté Libanaise prompte, comme nous autres Sénégalais, à des spéculations et autres conjectures». 

Solidarité 

Dans un tout autre registre, cette dame Libanaise répondant au nom de Hanan, interpellée sur le sujet dans un célèbre café dakarois, se montrant septique au début de notre conversation finira par déplorer le fait que certains les prennent pour cible lors des manifestations d’humeur. « On nous traite de tous les noms d’oiseaux or que nous sommes chez nous et participons au développement du pays en y investissant nos capitaux » fulmine t’elle dans un Wolof parfait à faire pâlir un Lébou bon teint. Et la belle dame aux mensurations digne d’une « drianké » sénégalaise de soutenir, la main sur le cœur, n’avoir jamais séjourné dans son pays d’origine (ndlr : le Liban). Aussi, Hanan brandit-elle, à titre illustratif, les nombreuses fois où les jeunes Libanais exposent leur «sénégalité», notamment lors des rencontres des «Lions» de foot auxquelles, ils arborent, un tantinet fier, des T-shirts et autres effigies du Sénégal. Toujours est-il que nombre de familles d’origine Libanaises triment dur l’image du commun des Sénégalais. Pour ainsi dire qu’il en existe des ressortissants du «Pays du Cèdre» (ndlr : Liban), qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. En effet, si certains, vivant en vase clos, sirotant leur réussite sociale au «pays de la Téranga», dans lequel, ils ont fait fortune dans divers secteurs ; d’autres n’arrivent pas à vivre décemment. «Mais, cela ne se voit pas car il y’a une solidarité agissante entre nous. Et ces cas sociaux font recours au Cheikh (ndlr : Moneïm Zeïn, qui dirige les prières dans leur institut islamique). Et ce dernier sollicite, à son tour, la mansuétude des autres membres de la communauté Libanaise, qui ne rechigne pas à tendre la perche à leur prochain», nous apprend-on. 

Politique 

Il se trouve que l’arrivée massive des Baol Baol et autres Saloum Saloum à Dakar pour investir le commerce -dont les Libanais détenaient jalousement le monopole- a créé, ipso facto, cette paupérisation galopante auprès d’une frange de la communauté du «Pays des Cèdres». En outre, aussi saugrenue que cela puisse paraitre, il n’ya jamais eu de ministres Libanais au Sénégal et/ou de Libanais détenant de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat, nonobstant le fait que des Sénégalais d’origine Libanaises ont investi le landerneau glissant de « l’art de diriger la cité ». Parmi eux, on peut citer pêle-mêle : Rajab, Aly Haidar (respectivement responsables au Pds et des écologistes du Sénégal), Samir Abourizk, pour ne citer qu’eux d’autant que la liste des politiques Sénégalais d’origine Libanais sont loin d’être exhaustive. Pour toute explication à ce cas de figure des plus paradoxales, l’on s’accorde à évoquer la peur de s’engager des Libanais eu égard aux clichés qu’on leur attribue. Aussi, évoque t’on, le fait que les Libanais restent, encore septiques craignant un éventuel retour de bâton ; comme cela est monnaie courante dans la jungle politique. N’empêche, on note des exceptions à la règle, tels le cas Fayçal Charara, promue au pinacle de la Vice Présidence d’une grande institution Sénégalaise. C’est dire que dans toute chose, il y’a forcément exception. 

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