Les derniers évènements à Tunis concernant un diplomate sénégalais molesté à l’aéroport de Tunis-Carthage ont ceci de bien humiliant que tout le monde travaille à les oublier. En vérité, si la video immortalisant cette scène n’avait pas été prise, l’affaire pour choquante qu’elle soit, n’aurait eu aucun écho.
Il faut espérer que les autorités sénégalaises ne vont essayer de faire oublier cette affaire qui renseigne sur toute la complexité et l’ambiguïté des rapports entre populations noires d’Afrique au sud du Sahara et celles du Maghreb, voire arabe. Et que de la protestation, le curseur va être élevé encore plus haut, pour que la pression puisse être ressentie davantage par l’opinion publique tunisienne elle-même. En effet, c’est une honte que de se taire devant un comportement aussi dégradant pour notre dignité.
Et encore, pour le cas de la Tunisie, c’est un secret de Polichinelle que de souligner que les actes racistes contre les noirs, on en comptabilise à longueur d’année dans ce pays. Les témoignages sur les mauvais traitements sont tellement nombreux, tellement précis, sur Internet et ailleurs, qu’il faut bien se demander si le mal (le racisme) n’a pas atteint sa phase de ‘’métastase’’.
Les populations négro-africaines vivant de ce pays rapportent des histoires vécues qui frisent le drame. Comment ne pas convoquer le témoignage poignant de cette jeune étudiante malienne qui, atteinte au profond d’elle-même, parle ? ‘’En quittant mon pays il y a quelques années, je souriais à l’idée de découvrir cette Tunisie dont tout le monde parlait, le « Paris Africain », la « Dame de tous les éloges », le pays de tous les droits, la patrie de la liberté et de la tolérance. Hmmmmm naïf est celui qui met la charrue avant les bœufs. Hélas, la phase d’émerveillement passée, je me suis rendu compte que de l’autre côté du miroir se cachait une face plus sombre, plus lugubre: une société infectée par le racisme. Infectée me direz-vous, un mot fort! Mais quel autre terme voulez-vous que j’emploie quand chaque jour passée en son sein est presque un calvaire, quand chaque mot, insulte, humiliation que l’on subit est un supplice, quand chaque regard haineux posé sur moi est un fardeau? « Infecté » serait plutôt un euphémisme’’. Et de critiquer le déficit d’engagement pour faire face à cette situation. ‘’Au début, j’accusais l’ignorance, le non éveil des mentalités mais aujourd’hui, j’accuse les intellectuels qui sont au courant de tout ça mais ne mettent en place aucun moyen de les prévenir, j’accuse les intellectuels qui me disent « Ne te laisse pas faire Mariam, affrontes-les »…ohh vous savez, j’adorai mais je ne veux pas que mon père ait à payer des frais d’hôpitaux ou ma mère à pleurer mon décès’’. Ces mots de la malienne Miriam Touré sont définitivement consignés dans la Toile (Internet). Fort heureusement. Au moins, on ne nous insultera pas une seconde fois par l’oubli, en crachant sur la mémoire de l’Histoire
C’est au quotidien que le calvaire est vécu. « Guira guira », « Guerd », « kahlouch »… (Traduisez: « Nègre », « Singe », « Noir ») sont utilisés tous les jours dans les rues pour signifier à l’autre qui marche à côté du Tunisien : ‘’on n’est pas pareil’’… Que dire de ce témoignage de Raoul Fone, ancien étudiant en économie d’origine camerounaise résidant en Tunisie depuis 2003. ‘’De nombreux enfants, quand ils me croisent, crient “Abid” (esclave) et leurs parents ne les reprennent absolument pas’’, confie-t-il à médinapart.net.
En vérité, ce racisme trouve ses racines dans le subconscient des populations qui considèrent au plus profond d’elles-mêmes, qu’elles ont une dignité supérieure aux négro-africains. C’est un préjugé tenace. Sans doute même plus tenace, n’ayons pas peur des mots, que le racisme blanc. Ils nous prennent pour des sous-hommes, des esclaves qui ne peuvent que difficilement accéder à la dignité spirituelle de maîtrise des connaissances profanes et même de la religion. Ce préjugé traverse le Maghreb et frappent comme une Croix rouge, la quasi totalité des pays arabes. Il serait à ce titre intéressant de voir, simple baromètre, le nombre de mariage entre maghrébins, arabes et négro-africains pour comprendre que les lignes de fracture ne sont pas superficielles.
Il est bien triste de le constater, mais la réalité est crue. Elle n’a même pas besoin d’outils scientifiques pour la sonder. C’est à fleur de peau. Elle est expérimentée par des milliers de nos sœurs et frères au quotidien. Et nos dirigeants ne font rien pour au moins rappeler à ces ‘’attardés mentaux’’, que nous sommes des humains à part entière. Que les hommes naissent libres et égaux en droit ! Que l’humanité transcende les couleurs ! Et que les vrais sous-hommes, ce sont les racistes eux-mêmes.
Peut-on espérer une telle élégance de nos dirigeants ? Hélas, non ! Au contraire, on a tellement tendu la main que nos ‘’généreux donateurs’’ saoudiens ou autres, nous considèrent comme de simples mendiants. C’est une grande tristesse que de le constater.
lignedirecte.sn
Il faut espérer que les autorités sénégalaises ne vont essayer de faire oublier cette affaire qui renseigne sur toute la complexité et l’ambiguïté des rapports entre populations noires d’Afrique au sud du Sahara et celles du Maghreb, voire arabe. Et que de la protestation, le curseur va être élevé encore plus haut, pour que la pression puisse être ressentie davantage par l’opinion publique tunisienne elle-même. En effet, c’est une honte que de se taire devant un comportement aussi dégradant pour notre dignité.
Et encore, pour le cas de la Tunisie, c’est un secret de Polichinelle que de souligner que les actes racistes contre les noirs, on en comptabilise à longueur d’année dans ce pays. Les témoignages sur les mauvais traitements sont tellement nombreux, tellement précis, sur Internet et ailleurs, qu’il faut bien se demander si le mal (le racisme) n’a pas atteint sa phase de ‘’métastase’’.
Les populations négro-africaines vivant de ce pays rapportent des histoires vécues qui frisent le drame. Comment ne pas convoquer le témoignage poignant de cette jeune étudiante malienne qui, atteinte au profond d’elle-même, parle ? ‘’En quittant mon pays il y a quelques années, je souriais à l’idée de découvrir cette Tunisie dont tout le monde parlait, le « Paris Africain », la « Dame de tous les éloges », le pays de tous les droits, la patrie de la liberté et de la tolérance. Hmmmmm naïf est celui qui met la charrue avant les bœufs. Hélas, la phase d’émerveillement passée, je me suis rendu compte que de l’autre côté du miroir se cachait une face plus sombre, plus lugubre: une société infectée par le racisme. Infectée me direz-vous, un mot fort! Mais quel autre terme voulez-vous que j’emploie quand chaque jour passée en son sein est presque un calvaire, quand chaque mot, insulte, humiliation que l’on subit est un supplice, quand chaque regard haineux posé sur moi est un fardeau? « Infecté » serait plutôt un euphémisme’’. Et de critiquer le déficit d’engagement pour faire face à cette situation. ‘’Au début, j’accusais l’ignorance, le non éveil des mentalités mais aujourd’hui, j’accuse les intellectuels qui sont au courant de tout ça mais ne mettent en place aucun moyen de les prévenir, j’accuse les intellectuels qui me disent « Ne te laisse pas faire Mariam, affrontes-les »…ohh vous savez, j’adorai mais je ne veux pas que mon père ait à payer des frais d’hôpitaux ou ma mère à pleurer mon décès’’. Ces mots de la malienne Miriam Touré sont définitivement consignés dans la Toile (Internet). Fort heureusement. Au moins, on ne nous insultera pas une seconde fois par l’oubli, en crachant sur la mémoire de l’Histoire
C’est au quotidien que le calvaire est vécu. « Guira guira », « Guerd », « kahlouch »… (Traduisez: « Nègre », « Singe », « Noir ») sont utilisés tous les jours dans les rues pour signifier à l’autre qui marche à côté du Tunisien : ‘’on n’est pas pareil’’… Que dire de ce témoignage de Raoul Fone, ancien étudiant en économie d’origine camerounaise résidant en Tunisie depuis 2003. ‘’De nombreux enfants, quand ils me croisent, crient “Abid” (esclave) et leurs parents ne les reprennent absolument pas’’, confie-t-il à médinapart.net.
En vérité, ce racisme trouve ses racines dans le subconscient des populations qui considèrent au plus profond d’elles-mêmes, qu’elles ont une dignité supérieure aux négro-africains. C’est un préjugé tenace. Sans doute même plus tenace, n’ayons pas peur des mots, que le racisme blanc. Ils nous prennent pour des sous-hommes, des esclaves qui ne peuvent que difficilement accéder à la dignité spirituelle de maîtrise des connaissances profanes et même de la religion. Ce préjugé traverse le Maghreb et frappent comme une Croix rouge, la quasi totalité des pays arabes. Il serait à ce titre intéressant de voir, simple baromètre, le nombre de mariage entre maghrébins, arabes et négro-africains pour comprendre que les lignes de fracture ne sont pas superficielles.
Il est bien triste de le constater, mais la réalité est crue. Elle n’a même pas besoin d’outils scientifiques pour la sonder. C’est à fleur de peau. Elle est expérimentée par des milliers de nos sœurs et frères au quotidien. Et nos dirigeants ne font rien pour au moins rappeler à ces ‘’attardés mentaux’’, que nous sommes des humains à part entière. Que les hommes naissent libres et égaux en droit ! Que l’humanité transcende les couleurs ! Et que les vrais sous-hommes, ce sont les racistes eux-mêmes.
Peut-on espérer une telle élégance de nos dirigeants ? Hélas, non ! Au contraire, on a tellement tendu la main que nos ‘’généreux donateurs’’ saoudiens ou autres, nous considèrent comme de simples mendiants. C’est une grande tristesse que de le constater.
lignedirecte.sn