En plus des pays historiques du G7 (États-Unis, Canada, Allemagne, France, Italie, Canada et Royaume-Uni), les dirigeants de l’Ukraine, de l’Inde, du Brésil, de l’Algérie, du Kenya et même le pape François sont invités à ce rendez-vous, rapporte notre envoyée spéciale à Bari, Aabla Jounaïdi.
Lors du premier G7 pour un souverain pontife, François aura plusieurs rendez-vous bilatéraux, comptant parler des dangers de l’intelligence artificielle non maitrisée. Cela en plus d’appeler à la paix, alors que les pays seront en pleines discussions sur la recherche d’une trêve à Gaza.
Avoirs russes gelés
En plus du Proche-Orient, l’autre grand dossier est ukrainien. Le président Volodymyr Zelensky viendra en espérant entendre de bonnes nouvelles car les dirigeants du G7 se sont mis d’accord pour mettre à profit les avoirs gelés de la Russie afin d’aider financièrement l’Ukraine et son effort de guerre. Depuis des mois, les dirigeants occidentaux étaient divisés sur comment donner accès à Kiev à une partie des bénéfices générés par les avoirs russes gelés depuis deux ans.
Au total, 300 milliards de dollars de la banque centrale russe ont été rendus inaccessibles dans le monde. Certains États - comme l’Allemagne et même la France et l’Italie - s’inquiètent des conséquences légales, voire de la stabilité du marché européen, en cas de saisie pure et simple de ces sommes.
Interrogé la semaine dernière en France, le président américain Joe Biden a assuré avoir trouvé une solution. La proposition des États-Unis consiste à octroyer eux-mêmes un prêt de 50 milliards de dollars à Kiev d’ici la fin de l’année qui serait remboursé grâce aux profits générés par les avoirs russes en Europe.
Les 50 milliards de dollars garantiraient à Kiev le financement de son effort de guerre pour 2025. Cela en plus de ce qui existe déjà au niveau européen : la facilité européenne pour la paix et ses 11 milliards d’euros. L’accord entre chefs d’États trouvé, reste à voir les modalités pratiques de ce prêt de 50 milliards de dollars. Ce sera le travail des ministres des Finances du G7, confie une source à l’Élysée.
Dans ce cadre, les États-Unis ont annoncé mercredi 12 juin de nouvelles sanctions contre la Russie. Cette panoplie plus large vise notamment à empêcher Moscou de contourner les sanctions occidentales pour s’équiper en matériel technologique dans sa guerre contre l'Ukraine.
Via ces nouvelles sanctions, Washington vise également la Chine et son rapprochement économique avec la Russie, qui pourrait aider cette dernière dans la guerre. Les dirigeants du G7 pourraient interpeler directement Pékin dans une déclaration finale.
Meloni met l'immigration sur la table
En plus des questions de migrations et de l’accès à l’énergie, qui devraient être deux autres thèmes abordés, l’Italie a insisté pour inscrire l’Afrique et la méditerranée au menu des discussions. En évoquant le développement des pays africains, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni ne cache pas les ambitions de son pays et de son programme d’extrême droite anti-immigration.
L’Union africaine, l’Algérie, l’Égypte, la Tunisie, le Kenya et l’Afrique du Sud ne seront pas tous du voyage. Mais Giorgia Meloni a invité leurs dirigeants dans les Pouilles. La Première ministre avait réussi l’exploit d’en réunir une vingtaine déjà fin janvier à Rome, pour un sommet Italie-Afrique. Elle y avait présenté son plan « Mattei » pour l’Afrique. Ce dernier veut encourager le développement durable du continent via des investissements vertueux. Cela dans un objectif affiché de décourager les départs de migrants.
Des investissements à hauteur de 5,5 milliards d’euros avaient été annoncés dans une série de projets censés donner une large place aux infrastructures énergétiques car l’Italie veut toujours être la plaque tournante qui fait transiter le gaz, et bientôt l’hydrogène, entre les deux rives de la Méditerranée.
Dans les échanges annoncés, la société civile est remarquablement absente. Celle-ci est pourtant inquiète des conséquences potentielles de ces politiques pour le climat et pour les populations les plus vulnérables. Le financement de long-terme du développement dans les pays les plus pauvres et la restructuration de leur dette, seront des sujets sur la table également à Borgo Egnazia.
Influence italienne grandissante
La dirigeante italienne et hôte de l’événement profitera d’ailleurs d’une légitimité supplémentaire cette année, elle qui est confortée par le récent scrutin européen. Giorgia Meloni a été l’une des grandes gagnantes des Européennes : son parti Fratelli d’Italia a recueilli 28,8 % en Italie, soit le plus grand score.
En revanche, le président français Emmanuel Macron, souvent extrêmement investi dans ce genre de rassemblements internationaux, arrive affaibli par l'échec de son parti aux européennes et la perspective d’une victoire de l’extrême-droite lors des élections législatives anticipées qu’il a convoquées. Il aura donc une voix qui « ne pourra que très difficilement engager l’avenir, même à court terme, de la France », analyse Bertrand Badie, professeur émérite à Science Po Paris.
Un dispositif sécuritaire pléthorique déployé par l’Italie pour le G7, dont les contrôles aux frontières
Afin de garantir la sécurité du G7, l’Italie, qui assure sa présidence tournante, a réintroduit les contrôles aux frontières pour la période du 5 au 18 juin. Alors que l’extrême droite est au pouvoir à Rome, les autorités ont imposé des mesures drastiques, notamment dans les Pouilles, région du sud bordée par la mer Adriatique et la mer Ionienne et où les nombreux dirigeants se réunissent.
Le dispositif pour l’ordre public et la prévention du terrorisme mobilise près de 10 000 hommes, dont des policiers démineurs, des tireurs d’élite, des soldats, des pompiers, des scaphandriers et des experts des services de renseignement.
Parmi les équipements, on compte une myriade de caméras de surveillance installées entre Bari, Brindisi et Borgo Egnazia, le lieu du sommet. Particulièrement le contre-torpilleur Doria armé de missiles, des scooters de mer, des avions de reconnaissance, des hélicoptères et une multitude de drones.
Les résidents dans les zones « rouges » ne pourront circuler qu’avec des laissez-passer et les plages seront interdites à la baignade jusqu’au 16 juin. Le coût total pour protéger les dirigeants du G7 et les autres invités, dont le pape François et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’élève à environ 25 millions d’euros.
Lors du premier G7 pour un souverain pontife, François aura plusieurs rendez-vous bilatéraux, comptant parler des dangers de l’intelligence artificielle non maitrisée. Cela en plus d’appeler à la paix, alors que les pays seront en pleines discussions sur la recherche d’une trêve à Gaza.
Avoirs russes gelés
En plus du Proche-Orient, l’autre grand dossier est ukrainien. Le président Volodymyr Zelensky viendra en espérant entendre de bonnes nouvelles car les dirigeants du G7 se sont mis d’accord pour mettre à profit les avoirs gelés de la Russie afin d’aider financièrement l’Ukraine et son effort de guerre. Depuis des mois, les dirigeants occidentaux étaient divisés sur comment donner accès à Kiev à une partie des bénéfices générés par les avoirs russes gelés depuis deux ans.
Au total, 300 milliards de dollars de la banque centrale russe ont été rendus inaccessibles dans le monde. Certains États - comme l’Allemagne et même la France et l’Italie - s’inquiètent des conséquences légales, voire de la stabilité du marché européen, en cas de saisie pure et simple de ces sommes.
Interrogé la semaine dernière en France, le président américain Joe Biden a assuré avoir trouvé une solution. La proposition des États-Unis consiste à octroyer eux-mêmes un prêt de 50 milliards de dollars à Kiev d’ici la fin de l’année qui serait remboursé grâce aux profits générés par les avoirs russes en Europe.
Les 50 milliards de dollars garantiraient à Kiev le financement de son effort de guerre pour 2025. Cela en plus de ce qui existe déjà au niveau européen : la facilité européenne pour la paix et ses 11 milliards d’euros. L’accord entre chefs d’États trouvé, reste à voir les modalités pratiques de ce prêt de 50 milliards de dollars. Ce sera le travail des ministres des Finances du G7, confie une source à l’Élysée.
Dans ce cadre, les États-Unis ont annoncé mercredi 12 juin de nouvelles sanctions contre la Russie. Cette panoplie plus large vise notamment à empêcher Moscou de contourner les sanctions occidentales pour s’équiper en matériel technologique dans sa guerre contre l'Ukraine.
Via ces nouvelles sanctions, Washington vise également la Chine et son rapprochement économique avec la Russie, qui pourrait aider cette dernière dans la guerre. Les dirigeants du G7 pourraient interpeler directement Pékin dans une déclaration finale.
Meloni met l'immigration sur la table
En plus des questions de migrations et de l’accès à l’énergie, qui devraient être deux autres thèmes abordés, l’Italie a insisté pour inscrire l’Afrique et la méditerranée au menu des discussions. En évoquant le développement des pays africains, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni ne cache pas les ambitions de son pays et de son programme d’extrême droite anti-immigration.
L’Union africaine, l’Algérie, l’Égypte, la Tunisie, le Kenya et l’Afrique du Sud ne seront pas tous du voyage. Mais Giorgia Meloni a invité leurs dirigeants dans les Pouilles. La Première ministre avait réussi l’exploit d’en réunir une vingtaine déjà fin janvier à Rome, pour un sommet Italie-Afrique. Elle y avait présenté son plan « Mattei » pour l’Afrique. Ce dernier veut encourager le développement durable du continent via des investissements vertueux. Cela dans un objectif affiché de décourager les départs de migrants.
Des investissements à hauteur de 5,5 milliards d’euros avaient été annoncés dans une série de projets censés donner une large place aux infrastructures énergétiques car l’Italie veut toujours être la plaque tournante qui fait transiter le gaz, et bientôt l’hydrogène, entre les deux rives de la Méditerranée.
Dans les échanges annoncés, la société civile est remarquablement absente. Celle-ci est pourtant inquiète des conséquences potentielles de ces politiques pour le climat et pour les populations les plus vulnérables. Le financement de long-terme du développement dans les pays les plus pauvres et la restructuration de leur dette, seront des sujets sur la table également à Borgo Egnazia.
Influence italienne grandissante
La dirigeante italienne et hôte de l’événement profitera d’ailleurs d’une légitimité supplémentaire cette année, elle qui est confortée par le récent scrutin européen. Giorgia Meloni a été l’une des grandes gagnantes des Européennes : son parti Fratelli d’Italia a recueilli 28,8 % en Italie, soit le plus grand score.
En revanche, le président français Emmanuel Macron, souvent extrêmement investi dans ce genre de rassemblements internationaux, arrive affaibli par l'échec de son parti aux européennes et la perspective d’une victoire de l’extrême-droite lors des élections législatives anticipées qu’il a convoquées. Il aura donc une voix qui « ne pourra que très difficilement engager l’avenir, même à court terme, de la France », analyse Bertrand Badie, professeur émérite à Science Po Paris.
Un dispositif sécuritaire pléthorique déployé par l’Italie pour le G7, dont les contrôles aux frontières
Afin de garantir la sécurité du G7, l’Italie, qui assure sa présidence tournante, a réintroduit les contrôles aux frontières pour la période du 5 au 18 juin. Alors que l’extrême droite est au pouvoir à Rome, les autorités ont imposé des mesures drastiques, notamment dans les Pouilles, région du sud bordée par la mer Adriatique et la mer Ionienne et où les nombreux dirigeants se réunissent.
Le dispositif pour l’ordre public et la prévention du terrorisme mobilise près de 10 000 hommes, dont des policiers démineurs, des tireurs d’élite, des soldats, des pompiers, des scaphandriers et des experts des services de renseignement.
Parmi les équipements, on compte une myriade de caméras de surveillance installées entre Bari, Brindisi et Borgo Egnazia, le lieu du sommet. Particulièrement le contre-torpilleur Doria armé de missiles, des scooters de mer, des avions de reconnaissance, des hélicoptères et une multitude de drones.
Les résidents dans les zones « rouges » ne pourront circuler qu’avec des laissez-passer et les plages seront interdites à la baignade jusqu’au 16 juin. Le coût total pour protéger les dirigeants du G7 et les autres invités, dont le pape François et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’élève à environ 25 millions d’euros.