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DECES EN CASCADE DE SENEGALAIS A L’EXTERIEUR L’ETAT OPTE POUR LE SILENCE

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 13 Août 2015 à 12:54 modifié le Vendredi 14 Août 2015 - 21:24

DECES EN CASCADE DE SENEGALAIS A L’EXTERIEUR L’ETAT OPTE POUR LE SILENCE
Le meurtre de Mor Sylla survenu, avant-hier, en Espagne est le dernier cas d’une série de maltraitances exercées sur les Sénégalais de l’extérieur. Seulement, l’absence de réaction forte de l’Etat face à des pays peu respectueux des droits humains semble encourager de tels écarts de comportements.

Dans la nuit du lundi au mardi, un Sénégalais a été tué en Espagne, projeté qu’il aurait été du quatrième étage par des policiers espagnols qui lui reprocheraient d’avoir vendu des produits prohibés.

Selon les témoignages de ses compatriotes, c’est lors d'une fouille de son appartement que Mor Sylla, vendeur à la sauvette originaire de Mbour, est tombé de son immeuble. Une situation qui a suscité la colère de ces derniers qui ont démenti la version de la police espagnole. «Contrairement à ce que les policiers ont déclaré, Mor Sylla n'a pas sauté, mais a été poussé par ces mêmes policiers», a réagi l’un d’entre eux.

Par la suite, le Consul général du Sénégal à Madrid a ordonné qu'une autopsie soit faite pour élucider cette «mort tragique, afin que les responsabilités soient situées». En réaction à cet incident, le directeur des Sénégalais de l’extérieur s’est tout bonnement contenté de répéter la thèse avancée par la Police espagnole. «Il était soupçonné de détenir des produits contrefaits», a réagi Sory Kaba sur les ondes d’une radio de la place.

Quelques semaines avant ce drame, un ressortissant du pays de la Teranga a été tué par des policiers gabonais qui, eux aussi, ont avancé la thèse du suicide pour justifier leur forfait. Une version encore démentie par ses compatriotes basés dans ce pays qui ont parlé de «torture suivie de mort d’homme». Auparavant, d’autres cas de meurtre et d’assassinat ont été notés notamment au Maroc, en Italie, aux Etats-Unis et dans d’autres pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique.

Et ce ne sont pas seulement les émigrés qui sont victimes de tels traitements car même les diplomates sénégalais ne sont pas épargnés par ces pratiques. Si ce ne sont pas des cas de maltraitances qui culminent avec mort d’homme, ce sont des violations du statut de diplomate, comme en atteste l’affaire du diplomate de Tunis, malmené par des policiers.

La faiblesse notée dans la réaction du gouvernement devant ces nombreux cas de tortures, maltraitances et traitements cruels infligés à nos compatriotes émigrés est déplorable aux yeux de certains. L’Etat est mis au banc des accusés avec l’absence d’une «réaction forte». Nombreux sont les Sénégalais scandalisés, voire plus par ce qu’il est convenu d’appeler la «passivité suspecte» de l’Etat face à ces bavures exercées sur nos compatriotes. Pourtant, la tentative d’exécution de Sénégalais en Gambie avait suscité une réaction «forte» du chef de l’Etat. Ce qui avait contraint le président Jammeh à surseoir à ses exécutions extrajudiciaires. Ainsi, d’aucuns considèrent que l’indifférence, conjuguée au manque de courage expliquent, quelque part, les abus et dérapages fréquents des pays d’accueil.

Pour Horizons sans frontières, «le vide juridique et l’absence de lois universelles» expliquent ces «violations et assassinats sans cesse récurrents de migrants sénégalais». Récemment, des dizaines de ressortissants sénégalais viennent d’être rapatriés et spoliés de leurs biens du Gabon, tandis que d’autres croupissent, selon l’organisation migratoire, «sans assistance spécifique dans des prisons».

Fort de ce constat d’échec du gouvernement et consciente qu’une immigration bien gérée peut être un facteur de lutte contre la pauvreté, cette organisation estime qu’«il faut développer une stratégie novatrice basée sur une diplomatie non gouvernementale».

Jamais une délégation des ministères et directions concernés encore moins une mission parlementaire ne s’est rendue sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Ensuite, l’on se perd même devant cette cacophonie entretenue dans la gestion des questions migratoires par le ministre des Affaires étrangères et le directeur des Sénégalais de l’extérieur d’une part ; et d’autre part par le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur. Voilà pourquoi Boubacar Sèye, président de HSF, demande au chef de l’Etat de revoir sa copie et de mettre sur pied une seule structure indépendante pour prendre à bras-le-corps la question migratoire.

Des Sénégalais sont morts, continuent de mourir et vont encore mourir, face au laxisme des gouvernants accusés de ne pas protéger leurs ressortissants en terre étrangère, comme c’est le cas notamment pour des pays comme la France, les Etats-Unis... Car même s’il est fait obligation aux émigrés de respecter les lois des pays d’accueil, il n’en demeure pas moins que la violation de celles-ci ne peut, en aucune manière, justifier de tels écarts de comportements.

Avec Walfnet

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