Cette situation d’incohérence notoire est assimilable à un échec. A titre de rappel, le constat d’échec a été tellement préoccupant qu’il a servi de prétexte au dernier séminaire sur la communication gouvernementale, présidé par le ministre de la promotion de la bonne gouvernance, au sortir duquel il a été envisagé, entre autres solutions, la création d’un organe de coordination et d’harmonisation.
En effet, l’Etat du Sénégal, à l’instar des démocraties avancées, est débiteur de l’obligation de communiquer et de rendre compte sur les politiques et programmes destinés aux populations. Pour s’acquitter convenablement de cette obligation, il doit, autant que faire se peut, briser toutes les « zones de non-communication », mais il ne doit pas se retrouver, outre mesure, sous l’empire de la subjectivité, voire de la cacophonie. Le Président Sall, comme le Président Wade dans un passé récent, n’arrive pas encore, malgré tous les efforts consentis au plan matériel, financier et humain, à mettre en route un plan adéquat de communication gouvernementale visant à faire comprendre aux populations son programme de développement politique, économique, social et environnemental, notamment les actions phares qui y sont contenues et les projets déjà réalisés ou en cours d’exécution.
Aussi est-il important de souligner, pour le déplorer, à ce niveau de la réflexion, que cette problématique de communication désorganisée est atypique du fait qu’elle ne résulte pas d’un déficit de communication de la part du gouvernement mais plutôt d’une inflation communicationnelle consécutive à l’arrivée remarquée de journalistes chevronnés qui, avec leur penchant légitime et naturel de vouloir se faire valoir et croyant détenir l’apanage de la communication, tentent de convaincre en s’appuyant sur une rhétorique très linéaire, sans prendre en compte l’équilibre entre l’exigence de communication et les contraintes auxquelles les institutions sont astreintes.
Cela dévoile, malgré leur talent, leur méconnaissance des limites du champ administratif, au sens stricto sensus. Il s’y ajoute l’irruption dans le champ gouvernemental de militants maladroits, généralement membres des partis politiques de la mouvance présidentielle qui, en cherchant à servir la cause de leurs partis ou à défendre le gouvernement, franchissent indûment les frontières entre l’information et la propagande, voire entre la communication citoyenne et la communication politique.
L’analyse combinée de ces deux approches de communication indique, en faisant l’unité de la matière, un mode opératoire qui ne peut créer qu’une moins-value communicationnelle. Le contraire de l’objectif visé : en l’occurrence, une plus-value communicationnelle offrant plus de lisibilité et de visibilité à l’action gouvernementale.
En effet, l’atteinte d’une plus-value communicationnelle, si elle est gérée avec efficacité, peut servir de ferment pour structurer et rendre performante la communication gouvernementale qui, selon les spécialistes, « constitue un service public consistant à renseigner et à écouter les populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, des programmes et des services qui répondent à leurs besoins et à donner suite à leurs préoccupations d’une manière pertinente et utile ».
La façon dont l’information est échangée est également importante. C’est pourquoi communiquer, informer ce n’est point déguiser une pensée ou des faits. Il faut plutôt communiquer et « informer juste et vrai », comme disait en son temps Robert Sagna, ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement sous le magistère du président Diouf. Cela permet, en substance, de garantir que les renseignements et les messages communiqués expriment, avec clarté et cohérence, les objectifs et les thèmes contenus dans le référentiel de communication du gouvernement.
Cela veut dire, in fine, que les porte-parole désignés, quel que soit le niveau de responsabilité où ils se trouvent, doivent parler de faits avérés et restreindre leurs commentaires aux faits considérés. Ils doivent aussi, le cas échéant, apporter des explications concernant un quelconque changement intervenu dans le déroulement des politiques et des programmes ou répondre, en disant la vérité, aux allégations mettant en cause le gouvernement, quels que soient leur nature et leur objet.
Le constat laisse entrevoir aussi que la fonction de porte-parole qui est, de plus en plus, confiée dans l’ordre des pratiques admises, à des journalistes de formation, requiert, subséquemment, la maitrise et l’appropriation d’autres connaissances instrumentales, relevant du domaine de l’ordre administratif, qui ne sont pas forcément à leur portée. Il s’agit, entre autres, du respect des procédures administratives, de la rigueur, de la retenue, de la précision, de la confidentialité et de la subordination, caractéristiques de tout gouvernement respecté, qui ne laissent de place ni à la liberté de ton, ni à l’affranchissement vis-à-vis de la voie hiérarchique et, encore moins, aux réflexes iconoclastes. L’ambiance et les exigences des rédactions ne sont pas celles contraignantes des structures administratives !!!
La question qu’on peut se poser aujourd’hui c’est : Pourquoi ces professionnels de la communication, généralement des valeurs sûres, qui auraient dû être « des voix pures dans la cacophonie » n’arrivent-ils pas à porter efficacement la parole du gouvernement ? La réponse est que nombreux sont ceux parmi eux qui n’arrivent pas à opérer la rupture épistémologique entre le communicateur et le communicant. Ils n’ont plus cette clairvoyance qui leur aurait permis de relever que, pour rendre visibles ses actions et informer régulièrement les populations par des comptes rendus de réception de travaux ou par des bilans d’étape sur les politiques et programmes engagés, le gouvernement s’accommode mieux des services d’un communicant pour les faire valoir.
Abstraction faite, de façon délibérée, sur les comportements et attitudes des responsables ou militants politiques qui s’invitent, sans mandat, à la communication gouvernementale, il apparait à la lumière de l’analyse des faits passés en revue que le gouvernement a fait une erreur de casting en privilégiant la désignation de certains professionnels de la communication comme ses porte-parole attitrés. Censés être les « voix pures » de la communication gouvernementale, ils n’ont pu faire mieux que d’ouvrir la voie qui mène à la polyphonie.
Toutes leurs sorties médiatiques, pour indiquer la position du gouvernement sur des questions d’actualité, sont empreintes de contradiction, de collision, de parti pris ou de jugement partisan. Le constat est le même concernant les situations de controverse, « d’urgence et de crise » pour la gestion desquelles ils n’ont jamais su mettre en avant leur rôle d’interface, de conseil, de médiation, de négociation et de facilitation en disant la vérité au lieu de verser dans les commentaires approximatifs, la contre-vérité et la polémique stérile.
Il faut, cependant, rappeler que ce n’est point leur profil par rapport à l’emploi qui est mis en cause. Ils sont, plutôt, confrontés à des difficultés d’adaptation à l’environnement administratif de leur nouvel emploi. Il s’y ajoute que leur vécu professionnel ne leur offre pas la possibilité d’analyser la communication gouvernementale, comme une démarche administrative donc, soumise à des exigences d’organisation et de méthode que les séminaires ou ateliers, organisés à la hâte, ne peuvent pas résoudre.
Le Bureau d’organisation et de méthode (B.O.M) pourra, ainsi, être mis à contribution, à juste titre, pour apporter un appui à la réflexion sur la méthodologie adéquate et la définition de valeurs communes auxquelles l’ensemble des ministères et leurs démembrements pourront, à l’avenir, se référer en permanence. Les directives en la matière contenues dans les notes circulaires de l’Administration Diouf pourraient servir d’hypothèse de travail. Ces directives étaient tellement claires et précises que les ministères et les directions qui les composent ne pouvaient jamais entrés en collision ou en contradiction.
Le plan de communication interne de chaque ministère était élaboré, en tenant compte des termes de référence de la politique globale de communication du gouvernement. Ces bonnes pratiques subsistent encore, aujourd’hui, dans le fonctionnement des services de communication des forces de défense et de sécurité. Leur outil de communication, en cas de nécessité, demeure le communiqué court, clair, précis et objectif se rapportant aux faits considérés.
En tout état de cause, le communiqué encadré, régulé, contrôlé et lu par le porte-parole de l’institution est l’outil de communication, par excellence, surtout dans les situations de crise ou d’urgence. Son utilisation par les Administrations américaine et israélienne a fini de faire école.
En définitive, la fonction de porte-parole confiée aux journalistes compromet, plus qu’elle sert, la communication gouvernementale. Cette nouvelle vocation a anéanti la fonction d’attaché de presse ou de conseiller en communication qui était originellement la leur au niveau de certains ministères de souveraineté. Ils étaient chargés en relation avec le chef de la cellule de communication d’une part, de la coordination des activités en matière de communication, de l’élaboration de plan et de stratégie de communication interne, de la rédaction des communiqués et des notes d’information et d’autre part, de conseil sur le gestion et le traitement de l’information et d’aide sur le choix adéquat des formats et outils de communication, dans les situations de crise ou d’urgence. La fonction de porte-parole revenant de facto au chef de la cellule de communication astreint au respect d’un certain nombre d’obligations inhérentes à son statut d’agent de l’Etat mais aussi qui appréhende mieux les résultats attendus au bénéfice des populations.
Autrement dit, une communication gouvernementale réussie, forte et durable est tributaire de la mutualisation du savoir-faire du chef de la cellule de communication et de l’expertise de l’attaché de presse ou du conseiller en communication. Les stratégies y relatives doivent être envisagées dans une perspective interministérielle parce que les résultats attendus concernent, globalement, l’information sur les politiques et les programmes du gouvernement destinés aux populations, conformément aux principes de la bonne gouvernance.
Il suffit maintenant, sans revenir sur les détails des supports et outils de communication, d’infléchir la tendance en célébrant le retour de l’attaché de presse ou du conseiller en communication au sein des cabinets ministériels et, en inaugurant une nouvelle ère qui consacre le chef de la cellule de communication comme le porte-parole attitré de l’institution. Cette redistribution des taches, clef de voûte d’une véritable politique de communication gouvernementale, pour être efficace devra inclure tous les aspects liés à son opérationnalité notamment, l’identification des objectifs/cibles, la qualité des ressources humaines, le choix des formats de communication et la rigueur dans l’approche méthodologique.
La communication gouvernementale, parce qu’elle constitue aussi un levier essentiel à la promotion de l’image de marque du gouvernement, les acteurs chargés de sa mise en œuvre, eu égard à sa temporalité très longue, doivent procéder à des évaluations périodiques qui permettent au chef de l’Etat, garant de l’achèvement des politiques et des programmes, de mieux mesurer son impact sur la visibilité des actions du gouvernement et sur l’espérance de bien-être social des populations.
Pour mettre de l’ordre dans le mode actuel de communication du gouvernement, le Président de la république devra saisir l’opportunité qu’offrent la présentation et la mise en œuvre du Projet Sénégal Emergent (Pse), « le référentiel unique de prise en charge des besoins des populations, en termes d’emploi et de lutte contre la pauvreté », selon le ministre du budget, pour impulser une nouvelle communication gouvernementale structurante, cohérente et dynamique, permettant d’entretenir des relations proactives avec les populations par la publication périodique, entre autres outils de communication, d’un tableau synoptique sur l’évolution des politiques et le déroulement des programmes, en fonction des chronogrammes établis.
Cheikh Sadibou Doucouré
Spécialiste des droits de l’homme et des questions pénitentiaires
En effet, l’Etat du Sénégal, à l’instar des démocraties avancées, est débiteur de l’obligation de communiquer et de rendre compte sur les politiques et programmes destinés aux populations. Pour s’acquitter convenablement de cette obligation, il doit, autant que faire se peut, briser toutes les « zones de non-communication », mais il ne doit pas se retrouver, outre mesure, sous l’empire de la subjectivité, voire de la cacophonie. Le Président Sall, comme le Président Wade dans un passé récent, n’arrive pas encore, malgré tous les efforts consentis au plan matériel, financier et humain, à mettre en route un plan adéquat de communication gouvernementale visant à faire comprendre aux populations son programme de développement politique, économique, social et environnemental, notamment les actions phares qui y sont contenues et les projets déjà réalisés ou en cours d’exécution.
Aussi est-il important de souligner, pour le déplorer, à ce niveau de la réflexion, que cette problématique de communication désorganisée est atypique du fait qu’elle ne résulte pas d’un déficit de communication de la part du gouvernement mais plutôt d’une inflation communicationnelle consécutive à l’arrivée remarquée de journalistes chevronnés qui, avec leur penchant légitime et naturel de vouloir se faire valoir et croyant détenir l’apanage de la communication, tentent de convaincre en s’appuyant sur une rhétorique très linéaire, sans prendre en compte l’équilibre entre l’exigence de communication et les contraintes auxquelles les institutions sont astreintes.
Cela dévoile, malgré leur talent, leur méconnaissance des limites du champ administratif, au sens stricto sensus. Il s’y ajoute l’irruption dans le champ gouvernemental de militants maladroits, généralement membres des partis politiques de la mouvance présidentielle qui, en cherchant à servir la cause de leurs partis ou à défendre le gouvernement, franchissent indûment les frontières entre l’information et la propagande, voire entre la communication citoyenne et la communication politique.
L’analyse combinée de ces deux approches de communication indique, en faisant l’unité de la matière, un mode opératoire qui ne peut créer qu’une moins-value communicationnelle. Le contraire de l’objectif visé : en l’occurrence, une plus-value communicationnelle offrant plus de lisibilité et de visibilité à l’action gouvernementale.
En effet, l’atteinte d’une plus-value communicationnelle, si elle est gérée avec efficacité, peut servir de ferment pour structurer et rendre performante la communication gouvernementale qui, selon les spécialistes, « constitue un service public consistant à renseigner et à écouter les populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, des programmes et des services qui répondent à leurs besoins et à donner suite à leurs préoccupations d’une manière pertinente et utile ».
La façon dont l’information est échangée est également importante. C’est pourquoi communiquer, informer ce n’est point déguiser une pensée ou des faits. Il faut plutôt communiquer et « informer juste et vrai », comme disait en son temps Robert Sagna, ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement sous le magistère du président Diouf. Cela permet, en substance, de garantir que les renseignements et les messages communiqués expriment, avec clarté et cohérence, les objectifs et les thèmes contenus dans le référentiel de communication du gouvernement.
Cela veut dire, in fine, que les porte-parole désignés, quel que soit le niveau de responsabilité où ils se trouvent, doivent parler de faits avérés et restreindre leurs commentaires aux faits considérés. Ils doivent aussi, le cas échéant, apporter des explications concernant un quelconque changement intervenu dans le déroulement des politiques et des programmes ou répondre, en disant la vérité, aux allégations mettant en cause le gouvernement, quels que soient leur nature et leur objet.
Le constat laisse entrevoir aussi que la fonction de porte-parole qui est, de plus en plus, confiée dans l’ordre des pratiques admises, à des journalistes de formation, requiert, subséquemment, la maitrise et l’appropriation d’autres connaissances instrumentales, relevant du domaine de l’ordre administratif, qui ne sont pas forcément à leur portée. Il s’agit, entre autres, du respect des procédures administratives, de la rigueur, de la retenue, de la précision, de la confidentialité et de la subordination, caractéristiques de tout gouvernement respecté, qui ne laissent de place ni à la liberté de ton, ni à l’affranchissement vis-à-vis de la voie hiérarchique et, encore moins, aux réflexes iconoclastes. L’ambiance et les exigences des rédactions ne sont pas celles contraignantes des structures administratives !!!
La question qu’on peut se poser aujourd’hui c’est : Pourquoi ces professionnels de la communication, généralement des valeurs sûres, qui auraient dû être « des voix pures dans la cacophonie » n’arrivent-ils pas à porter efficacement la parole du gouvernement ? La réponse est que nombreux sont ceux parmi eux qui n’arrivent pas à opérer la rupture épistémologique entre le communicateur et le communicant. Ils n’ont plus cette clairvoyance qui leur aurait permis de relever que, pour rendre visibles ses actions et informer régulièrement les populations par des comptes rendus de réception de travaux ou par des bilans d’étape sur les politiques et programmes engagés, le gouvernement s’accommode mieux des services d’un communicant pour les faire valoir.
Abstraction faite, de façon délibérée, sur les comportements et attitudes des responsables ou militants politiques qui s’invitent, sans mandat, à la communication gouvernementale, il apparait à la lumière de l’analyse des faits passés en revue que le gouvernement a fait une erreur de casting en privilégiant la désignation de certains professionnels de la communication comme ses porte-parole attitrés. Censés être les « voix pures » de la communication gouvernementale, ils n’ont pu faire mieux que d’ouvrir la voie qui mène à la polyphonie.
Toutes leurs sorties médiatiques, pour indiquer la position du gouvernement sur des questions d’actualité, sont empreintes de contradiction, de collision, de parti pris ou de jugement partisan. Le constat est le même concernant les situations de controverse, « d’urgence et de crise » pour la gestion desquelles ils n’ont jamais su mettre en avant leur rôle d’interface, de conseil, de médiation, de négociation et de facilitation en disant la vérité au lieu de verser dans les commentaires approximatifs, la contre-vérité et la polémique stérile.
Il faut, cependant, rappeler que ce n’est point leur profil par rapport à l’emploi qui est mis en cause. Ils sont, plutôt, confrontés à des difficultés d’adaptation à l’environnement administratif de leur nouvel emploi. Il s’y ajoute que leur vécu professionnel ne leur offre pas la possibilité d’analyser la communication gouvernementale, comme une démarche administrative donc, soumise à des exigences d’organisation et de méthode que les séminaires ou ateliers, organisés à la hâte, ne peuvent pas résoudre.
Le Bureau d’organisation et de méthode (B.O.M) pourra, ainsi, être mis à contribution, à juste titre, pour apporter un appui à la réflexion sur la méthodologie adéquate et la définition de valeurs communes auxquelles l’ensemble des ministères et leurs démembrements pourront, à l’avenir, se référer en permanence. Les directives en la matière contenues dans les notes circulaires de l’Administration Diouf pourraient servir d’hypothèse de travail. Ces directives étaient tellement claires et précises que les ministères et les directions qui les composent ne pouvaient jamais entrés en collision ou en contradiction.
Le plan de communication interne de chaque ministère était élaboré, en tenant compte des termes de référence de la politique globale de communication du gouvernement. Ces bonnes pratiques subsistent encore, aujourd’hui, dans le fonctionnement des services de communication des forces de défense et de sécurité. Leur outil de communication, en cas de nécessité, demeure le communiqué court, clair, précis et objectif se rapportant aux faits considérés.
En tout état de cause, le communiqué encadré, régulé, contrôlé et lu par le porte-parole de l’institution est l’outil de communication, par excellence, surtout dans les situations de crise ou d’urgence. Son utilisation par les Administrations américaine et israélienne a fini de faire école.
En définitive, la fonction de porte-parole confiée aux journalistes compromet, plus qu’elle sert, la communication gouvernementale. Cette nouvelle vocation a anéanti la fonction d’attaché de presse ou de conseiller en communication qui était originellement la leur au niveau de certains ministères de souveraineté. Ils étaient chargés en relation avec le chef de la cellule de communication d’une part, de la coordination des activités en matière de communication, de l’élaboration de plan et de stratégie de communication interne, de la rédaction des communiqués et des notes d’information et d’autre part, de conseil sur le gestion et le traitement de l’information et d’aide sur le choix adéquat des formats et outils de communication, dans les situations de crise ou d’urgence. La fonction de porte-parole revenant de facto au chef de la cellule de communication astreint au respect d’un certain nombre d’obligations inhérentes à son statut d’agent de l’Etat mais aussi qui appréhende mieux les résultats attendus au bénéfice des populations.
Autrement dit, une communication gouvernementale réussie, forte et durable est tributaire de la mutualisation du savoir-faire du chef de la cellule de communication et de l’expertise de l’attaché de presse ou du conseiller en communication. Les stratégies y relatives doivent être envisagées dans une perspective interministérielle parce que les résultats attendus concernent, globalement, l’information sur les politiques et les programmes du gouvernement destinés aux populations, conformément aux principes de la bonne gouvernance.
Il suffit maintenant, sans revenir sur les détails des supports et outils de communication, d’infléchir la tendance en célébrant le retour de l’attaché de presse ou du conseiller en communication au sein des cabinets ministériels et, en inaugurant une nouvelle ère qui consacre le chef de la cellule de communication comme le porte-parole attitré de l’institution. Cette redistribution des taches, clef de voûte d’une véritable politique de communication gouvernementale, pour être efficace devra inclure tous les aspects liés à son opérationnalité notamment, l’identification des objectifs/cibles, la qualité des ressources humaines, le choix des formats de communication et la rigueur dans l’approche méthodologique.
La communication gouvernementale, parce qu’elle constitue aussi un levier essentiel à la promotion de l’image de marque du gouvernement, les acteurs chargés de sa mise en œuvre, eu égard à sa temporalité très longue, doivent procéder à des évaluations périodiques qui permettent au chef de l’Etat, garant de l’achèvement des politiques et des programmes, de mieux mesurer son impact sur la visibilité des actions du gouvernement et sur l’espérance de bien-être social des populations.
Pour mettre de l’ordre dans le mode actuel de communication du gouvernement, le Président de la république devra saisir l’opportunité qu’offrent la présentation et la mise en œuvre du Projet Sénégal Emergent (Pse), « le référentiel unique de prise en charge des besoins des populations, en termes d’emploi et de lutte contre la pauvreté », selon le ministre du budget, pour impulser une nouvelle communication gouvernementale structurante, cohérente et dynamique, permettant d’entretenir des relations proactives avec les populations par la publication périodique, entre autres outils de communication, d’un tableau synoptique sur l’évolution des politiques et le déroulement des programmes, en fonction des chronogrammes établis.
Cheikh Sadibou Doucouré
Spécialiste des droits de l’homme et des questions pénitentiaires