Où et comment les loger ? Le dispositif existant, soit 25 000 places en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), est déjà saturé par les 65 000 demandes que la France examine chaque année. « Seulement un tiers des demandeurs d’asile ont accès à une place en CADA, comme le prévoit pourtant la loi », rappelle la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), qui estime à 20 000 le nombre de places supplémentaires nécessaires. Pour les créer, le gouvernement s’est résolu à mobiliser l’ensemble des acteurs : associations, bailleurs sociaux, collectivités locales.
Fin juin, le gouvernement avait dévoilé un premier « plan migrants », qui prévoyait la création de 11 000 places de divers types : CADA, hébergements d’urgence et logements pour les réfugiés ayant obtenu l’asile mais n’ayant pas trouvé de place dans le parc immobilier conventionnel ou dans le parc social, faute d’insertion socio-économique.
Politique d’accueil sélective
Aujourd’hui, les pouvoirs publics vont devoir redoubler d’efforts. Ils tablent en amont sur les effets d’une politique d’accueil sélective. Les 24 000 demandeurs d’asile seront en effet triés sur le volet. Lundi 7 septembre, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en a donné un aperçu, en expliquant que la France allait dès cette semaine soulager l’Allemagne d’un millier de réfugiés, « uniquement des Syriens, Irakiens et Erythréens ». Pour les 24 000 à venir, la même logique devrait opérer.
Les demandeurs d’asile seront identifiés dans les futurs « hot spots », des centres de contrôle et d’enregistrement en Grèce, en Italie et en Hongrie. Cet écrémage préalable doit permettre d’accélérer l’octroi du statut de réfugié par la France et donc de limiter la durée de séjour dans les CADA « à deux mois maximum », selon le ministère de l’intérieur. L’idée est de faire basculer rapidement les réfugiés qui ont obtenu le statut, donc un titre de séjour et une autorisation de travail, vers un dispositif de logement pérenne, afin de faire de la place aux nouveaux arrivants.
Le gouvernement ne fera cependant pas l’économie de places d’accueil supplémentaires. Un effort dont il ne chiffre pas encore le coût, celui-ci dépendant notamment du nombre de places effectivement créées et de leur nature (les hébergements d’urgence en hôtel étant particulièrement onéreux), des besoins de mises en conformité de bâtiments « recyclés »... A titre de comparaison, le « plan migrants » décidé en juin a été chiffré en année pleine à 70 millions d’euros. « Un processus interministériel permettra de dégager les moyens administratifs et budgétaires nécessaires », a seulement assuré Bernard Cazeneuve, lundi. C’est « une question de quelques millions » d’euros et ça « ne se fera pas au détriment d’autres politiques », a assuré le ministre des finances, Michel Sapin.
Mobiliser les locaux vacants
La réponse de la France va commencer à se dessiner plus concrètement lors de la réunion de travail convoquée samedi 12 septembre, à laquelle M. Cazeneuve a convié les maires de France. Le nouveau coordinateur national de l’accueil des migrants, le préfet Kléber Arhoul, est chargé de sa préparation. Il s’agit de mettre à contribution toutes les villes volontaires : « Elles nous proposeront du logement ou du foncier pour accueillir des demandeurs d’asile », résume t-on place Beauvau. « Paris, Bordeaux, Pau, Poitiers, Besançon, Villeurbanne, Evry, Avignon, Cherbourg, Rouen, Lille, Strasbourg, Metz et tant d’autres ont d’ores et déjà confirmé leur présence », saluait, lundi, M. Cazeneuve.
Le Monde