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Cissé Kane Ndao: "Le Sénégal est en danger (...) Les lobbys sont en train de prendre position et ils ne reculeront devant rien pour continuer de contrôler le pouvoir politique (...)"

Rédigé par Dakarposte le Lundi 29 Août 2016 à 18:36 modifié le Lundi 29 Août 2016 - 18:43

Afin que nul n'en ignore, dakarposte.com publie une contribution de Cissé Kane Ndao


Cissé Kane Ndao: "Le Sénégal est en danger (...) Les lobbys sont en train de prendre position et ils ne reculeront devant rien pour continuer de contrôler le pouvoir politique (...)"
Le Sénégal est le seul pays au monde où nous trouvons des lobbys implantés jusqu’au cœur du pouvoir. Ces puissants lobbys y sont représentés par des hommes de réseau qui impriment leurs marques sur toutes les politiques concernant les sociétés qu’ils représentent, des sociétés leur appartenant comme pour le cas de Baba DIAO ITOC, ou pas, comme pour celui de l’incontournable Diagna NDIAYE, défenseur des intérêts de MIMRAN, et des groupes bancaires marocains. 

Nous sommes en plein dans une guerre économique que se livrent des hommes d’affaires et de puissants réseaux étrangers qui ont pris pied au Sénégal et en contrôlent de larges pans avec la force du décret de Macky, acquis à leurs cause.

Il en est ainsi du combat entre Mansour Kama et sa clique contre Serigne Mboup, un Mansour Kama soutenu par Macky dans sa tentative de supprimer les chambres de commerce régionales pour ne laisser en place qu’une seule, nationale, à Dakar. Il n’est pas besoin de préciser que Macky qui est déjà intervenu dans le fonctionnement de cette chambre de commerce, en permettant illégalement au défunt président de continuer à en occuper les fonctions, interviendra aussi pour imposer le camp de Mansour Kama, en atomes crochus avec les lobbys du palais qui les soutiennent certainement.

C’est donc dire que notre pays est en danger. Les lobbys sont en train de prendre position et ils ne reculeront devant rien pour continuer de contrôler le pouvoir politique. Les prochaines échéances électorales comment à pointer leur bout de nez, et chaque camp fourbit ses armes. 
Un homme politique disait dernièrement que nous devions éviter de tomber dans la malédiction du pétrole. Elle est déjà là, cette malédiction.

L’odeur du pétrole est si forte qu’elle a attiré l’attention de tous les patriotes, décidés à se pencher sur ce cas aux fins de prévenir tout abus ou détournement, car des actes dans ce sens sont en train d’être posés. Ceux qui ne vivent que pour le pétrole et du pétrole, et dont les intérêts commencent à cristalliser toutes les attentions, sortent de l’ombre, et montrent les crocs.

En effet, tant que ces gens au vu de leur proximité avec Macky pouvaient le manipuler dans l’ombre, et faire prendre les décrets pour éliminer les obstacles à leurs affaires, ils n’avaient aucune raison de se montrer.

Il en est ainsi de Baba DIAO. Pour la première fois, la majorité des sénégalais a dû être surprise, comme les japonais entendant pour la première fois la voix de leur empereur leur demandant de se rendre pour mettre fin à la seconde guerre mondiale, de le voir se « payer » la Une du journal L’Obs, avant de commettre une lettre ouverte adressée à Abdoul Mbaye, pour revendiquer publiquement être un des acteurs pétroliers cités par l’ex PM dans sa missive adressée à Macky, et qui attend toujours sa réponse.

Il faut dire à sa décharge qu’il doit bien être obligé de le faire, car toutes les personnes qu’il a citées ont essayé en vain, jusqu’à Aliou Sall lui même de se défendre ou d’apporter des éclaircissements qui n’ont fait que renforcer le scepticisme des sénégalais, quant au deal à grande échelle entourant cette histoire de pétrole !

Analysons alors sa lettre, pour y apporter un éclairage que nous voulons objectif.
Monsieur DIAO, interpellant Abdoul Mbaye lui lance : « Vos allusions concernant le frère du Président de la République m'amènent à vous poser la question suivante : le lien de parenté ? Un frère ? Doit-il exclure, pour un citoyen sénégalais, le droit d'exercer une activité économique antérieure à l'accession à la magistrature suprême d'un autre frère devenu Président de la République ? Je ne le pense pas ».
Il a bien raison de le dire, M. DIAO, mais l’activité économique dans laquelle s’est tristement illustrée Aliou Sall n’est pas antérieure à l’avènement de Macky Sall à la tête de notre pays. Une simple preuve suffit : tous les décrets qui ont mis Aliou Sall en selle dans le dossier de notre pétrole où il tire toutes les ficèles par la seule bénédiction de son frère sont signés de la main de Macky Sall lui-même.
En plus, la fameuse Banque de Dakar a été créée et mise en place avec l’appui de son frère qui a même reçu les « promoteurs » et amis d’Aliou Sal. Ce même Aliou Sall qui se disait employé ayant perdu depuis son poste à cause des polémiques journalistiques l’a d’ailleurs retrouvée rapidement.
Si M. DIAO souhaite tout le bien de la terre à Aliou Sall, qu’il veuille bien lui rappeler la jurisprudence Karim Wade. Karim Wade était partout, ou du moins on voyait ou on devinait devrais-je dire sa main partout.
Aujourd’hui la CREI a vidé son dossier. Il a été condamné et son patrimoine ainsi que celui de se amis et proches confisqué et nationalisé. Pourtant, son nom n’apparaissait sur aucun des dossiers pour lesquels la CREI le poursuivait.
Aliou Sall est plus exposé encore, en sa qualité de frère du Président posant des actes bien visibles dans ce domaine du pétrole qui aiguise si férocement l’appétit de Baba DIAO qu’il se sente obligé de le défendre.
Il aura beau dire jusqu’à l’extinction du soleil personne ne verra son nom lié au pétrole et qu’il ne s’agit que d’accusations portées à son encontre, mais on ne peut pas cacher cet astre avec ses mains. Aliou Sall, obscur journaliste au Sénégal entré à l’ENA de Paris pour se retrouver chargé d’affaires en Chine en qualité de fonctionnaire n’a jamais été au cœur d’une quelconque affaire de la République relative au pétrole avant l’avènement de Macky, qui puisse justifier sa position d’acteur principal dans ce dossier.
Et ce n’est pas Baba DIAO qui le lavera certainement.
Nous accordons à Baba DIAO que « [son] cursus universitaire et professionnel permet peut-être de comprendre [sa] nomination par Monsieur le Président de la République, comme Conseiller Spécial » mais dans tous les pays du monde où la gouvernance sobre et vertueuse n’est pas un slogan vidé de son sens, où la patrie avant le parti signifie quelque chose, on ne verra un Baba DIAO installé au cœur du système, avec une société unipersonnelle comme celle d’Aliou Sall justement, occuper la place de premier et unique fournisseur de tout le pays en produits pétroliers ! En effet, M. Baba DIAO nous confesse dans sa lettre, qu’ « en plus de mes activités liées à ITOC SA [il est] également membre fondateur, depuis 1987, d'un Groupe pétrolier international dont [il a été], de 1987 à 2007, Administrateur et membre du Comité de Surveillance »
Il nous informe également « qu'aucune tonne de produits pétroliers n'entre à la raffinerie de Mbao sans le lancement préalable d'un appel d'offres international auquel participent une trentaine de sociétés et que parmi celles-ci, seule ITOC SA est sénégalaise » il n’en demeure pas moins que dans les faits, tout le monde se rappelle « comment Baba Diao a obtenu la tête de Maïmouna Ndoye Seck » ; les courriers estampillés « Confidentiel » relatives aux combines du directeur général de la SAR qui ont bénéficié à sa société à l’insu du gouvernement, ce qu’il ne pouvait lui ignorer, sont dans la presse, ainsi que les informations relatives aux conditions léonines dans lesquelles ses contrats qu’il gagne systématiquement lui ont été octroyés.
A ce propos Le site Leral dans son édition du 10 juillet 2015 révèle : « Le coup qui a été fatal à Maïmouna Ndoye Seck fait suite à son refus d'avaliser le contrat d'approvisionnement de gaz butane signé en catimini par le Directeur général de la SAR, Oumar Diop, avec la société ITOC de Baba Diao, par ailleurs puissant conseiller spécial du président de la République, sans respecter aucune procédure de l'entreprise. Les conditions du contrat sont proprement scandaleuses avec une prime accordée à ITOC qui a été augmentée de 11 dollars par tonne alors que tous les spécialistes s'accordent à dire qu'elle devrait baisser d'au moins 35 dollars. »
Alors, que M. Baba DIAO ne nous parle pas d’entreprise nationale employant des nationaux. Il est clair que les conséquences de ces actes rapportées ci dessous bénéficient à sa société, et donc à lui-même.
Où est alors le patriotisme économique dont il semble se prévaloir ?
Par ailleurs, M. Baba DIAO se permet de faire remarquer qu’ « il est plutôt inédit, dans notre pays, qu'un Premier Ministre, ayant quitté ses fonctions, adopte une attitude permanente de défiance vis-à-vis du Président de la République qui l'a nommé et se répande, dans la presse et les autres médias, en accusations tendancieuses. » Avant d’ajouter, à l’endroit de M. Mbaye : « « La création d'un parti politique, par une autorité de votre niveau, ne saurait justifier de tels actes ! »
Quand même, c’est à M. Baba DIAO que l’on devrait demander dans quel pays il vit ! Qu’est ce que Macky n’a pas débité comme énormités contre Me WADE, allant même jusqu’à menacer de créer un gouvernement parallèle si jamais Me WADE faisait du forçage ?
Si aujourd’hui on peut considérer l’attitude de M. Mbaye comme une attitude de défiance qui déplait fortement à Baba DIAO, son indignation est bien sélective. 
S’il était d’ailleurs avéré même que M. Mbaye a adopté une attitude de défiance envers Macky, Macky n’aura récolté que ce qu’il a semé, et je porte à l’attention de M. DIAO que les relations entre Me WADE et Macky étaient autrement plus profondes que celles de Macky avec M. Mbaye, et pourtant cela n’a pas empêché Macky, pourtant responsable au premier chef des huit ans de présence de Me WADE au pouvoir de tenir à son endroit des propos dont l’insolence et la discourtoisie résonnent encore dans nos oreilles !
Et pour ce qui me concerne, je me pose la question de savoir depuis quand demander des éclairages pour le compte du peuple sénégalais en vertu des règles d’éthique et de transparence auxquelles notre pays a souscrit était une attitude de défiance ?
Poursuivant son réquisitoire sans doute exacerbé par l’odeur du pétrole, M. DIAO dira tendancieusement à Abdoul Mbaye : « Au demeurant, il est permis, de s'interroger sur les conditions dans lesquelles vous avez souvent quitté ces différentes banques » !
Cela fait rire, car outre la mobilité qui caractérise les personnels des banques, tout le monde sait que les qualités professionnelles et la compétence avérée de M. MBAYE ont toujours motivé tous les grands groupes bancaires à faire appel à ses talents, lui-même y compris.
En effet, M. DIAO lui-même confesse à l’endroit de M. MBAYE : « (…) je vous ai proposé, dans votre bureau de Directeur Général de la Banque Sénégalo-Tunisienne sis à l'immeuble KEBE, Avenue Peytavin, il y a une dizaine d'années, un projet commun de création de banque » ! Quelle plus belle reconnaissance de la compétence de M. Mbaye dont il salue par ailleurs « [le] profil de Banquier et [la] réputation » dans ce secteur exigeant où la bonne réputation est obligatoire, pour exercer « le métier de Banquier durant de longues années » !
Nous n’avons rien à ajouter à de pareils compliments ! Nous y associons les nôtres alors !
M. DIAO termine en disant à l’endroit de M. Mbaye : « Cette lettre est la première et la dernière que je vous adresse, en mon nom personnel ». Seraient-ce des menaces ? 
L’avenir nous édifiera.
Nous suggérons à M. DIAO quant à lui de penser au passé, et malgré les « tâches autrement plus urgentes [qui l’] attendent, » de penser aussi à ses amis d’hier.
M. Khadim Fall est l’un d’eux. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il a accueilli M. DIAO en Europe il ya quarante ans, quand il venait d’arriver sans le sous. Aujourd’hui, ce monsieur qui lui garde toujours son estime roule dans une vieille 504 de 30 ans, et vit sous un hangar avec une piaule que lui prête gracieusement M. DIAO, qui se vante de peser 270 milliards.
Mais il est vrai qu’au Sénégal, bien souvent « qui change de vie change d’amis » !
Rien d’étonnant à cela. Surtout que M. DIAO finit son courrier en nous disant clairement que notre pays, son pays le Sénégal vient en dernière position, dans ses « affaires urgentes » !


Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R

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