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Ces franco-sénégalais tombés dans le piège du Jihad

Rédigé par Dakarposte le Lundi 22 Août 2016 à 15:32 modifié le Lundi 22 Août 2016 - 15:40

Intercepté à l’aéroport de Dakar et écroué pour terrorisme, Mamadou Diaw n’est que la face visible de l’iceberg. Plusieurs franco-sénégalais comme lui sont tombés dans le piège de l’islamisme radical. Révélations...


Mamadou Diaw voulait se rendre à Médina Gounass... 

Comme annoncé par «L’Observateur» dans sa dernière livraison, un Français d’origine sénégalaise a été écroué à Dakar pour avoir tenté de rallier les zones de combat de l’État islamique. 
Selon les informations de Libération, Mamadou Diaw alias Abu Ahmed est arrivé à l’aéroport de Dakar par vol SS 990 Corsair en provenance de Paris. Né en 1998 à Brieux, en Normandie, il est présenté comme un individu dangereux qui souhaiterait se rendre en zone de combat irako-syrienne. C’est en tout cas l’information obtenue par Interpol qui le surveillait depuis un bon moment. 
Intercepté à son arrivée dans la capitale sénégalaise, Diaw a juste affirmé, lors d’un bref interrogatoire, qu’il devait se rendre à Médina Gounass. Remis à la Division des investigations criminelles (DIC) pour enquête poussée, il a été déféré par la suite au parquet et écroué. Pourtant, il n’est pas le premier franco-sénégalais à être chargé pour des faits de terrorisme présumé. 

Au commencement était le «frère Omsen» 

Le plus connu est sans doute Oumar Diaby dit Omar Omsen. Ce dernier a fait récemment un retour fracassant sur scène lors d’un reportage diffusé par «Complément d’enquête» alors que sa mort avait été annoncée depuis des mois. 
Recherché par toutes les polices du monde, Diaby est considéré aujourd’hui par la France comme l’un des recruteurs les plus actifs de l’État islamique. Il aurait fait convoyer plusieurs jeunes de Nice, dont des membres de sa famille, en Syrie. Il avait été brièvement interpellé à Dakar avant de rejoindre les bastions de l’État islamique en passant par la Mauritanie. 
Si Omar Omsen court toujours, ce n’est pas le cas pour Ibrahim Ly un autre franco-sénégalais arrêté au quartier Grand Mbour courant avril 2015. Celui-ci a combattu en Syrie avant de tenter de rejoindre Dakar parce que se sachant déjà recherché en hexagone. C’est en catastrophe qu’il a quitté dans un premier temps la Turquie où il s’était réfugié après un signalement. Dès son arrivée à l’aéroport de Dakar, il a été «pris en charge» par une équipe spéciale qui l’a ensuite arrêté à Grand Mbour. 

Ibrahima Ly, le grand frère qui a fait plonger son «petit» 

Selon les informations de Libération, la France a d’ailleurs introduit auprès des autorités sénégalaises une demande d’entraide judiciaire pour interroger Ibrahima Ly. Et pour cause, ce dernier a été encore chargé par son jeune frère Mansour Ly condamné à cinq ans ferme en France pour avoir tenté de le rejoindre en Syrie. Ce, en même temps que les  nommés Bilal Thagi, 24 ans, et Fayçal Ait Messoud, 19 ans. 
Comme nous le révélions, Mansour Ly a tenté de rallier la Syrie pour y rejoindre son frère qui combattait bel et bien pour l’Etat islamique. Sauf qu’à hauteur de la frontière  avec la Turquie,le groupe a fait un accident de voiture avant de se retrouver hospitalisé. Ayant constaté qu’il faisait l’objet d’un signalement pour disparition qui porte l’empreinte de sa sœur, les autorités turques ont automatiquement alerté Paris. C’est par la suite que Mansour Ly et Cie seront extradés puis écroués à leur retour en France. 
Aujourd’hui, Mansour est écroué à la prison de Fleury. Lors de son procès, le parquet de Paris a versé dans le dossier d’accusation le témoignage rapporté de Mohamed Cissé Djitté, un Sénégalais d’origine, ami de Mansour Ly qui vivait comme lui à Trappes, dans les Yvelines. 
Il ressort des faits que Djitté a été enrôlé en Syrie par Ibrahima Ly en même temps qu’un autre jeune de Trappes. Quelques jours après son arrivée à Raqqa, il s’est rendu compte de l’horreur. C’est ainsi qu’il a joint les membres de sa fa- mille pour leur dire qu’il avait fait une «connerie» à cause d’Ibrahima Ly. Mieux, il leur dira, selon le dossier du parquet, que ce dernier a amené plus de 400 combattants à l’Etat islamique. 
Pire, Fayçal Massoud et Mansour Ly ont tous les deux soutenu que c’est à cause d’Ibrahima Ly qu’ils ont décidé de rallier l’Etat islamique. Ils affirment avoir été convaincus lorsqu’ils l’ont vu dans une vidéo de propagande de l’El qu’ils ont visionnée à Chiken Planet, un kebab où se retrouvaient les radicalisés à Trappes. Contrairement à ce que soutient Ibrahima Ly, cette vidéo en date du 14 janvier 2015 témoigne de son cynisme. Entouré de deux autres Français ayant rejoint le groupe terroriste, il cautionne les attentats contre Charlie Hebdo mais encore appelle-t-il à des attentats massifs contre la France. «Cette vidéo a accéléré notre départ. On se disait que Ibrahima était là, il ne racontait pas des histoires», a affirmé Massoud. 

Khalifa Dramé arrêté et extradé, Abdoul Mbodji recherché, son frère condamné à six ans ferme 

Comme Mansour Ly, un Franco-sénégalais croupit dans les prisons françaises pour activités terroristes présumés. Il s'agit de Khalifa Dramé qui a été intercepté au Mali et extradé en France. Un autre activement recherché par les services des deux pays est signalé au Mali. Il s’agit d’Abdoul Mbodji, condamné par défaut par un tribunal Français à dix ans de prison ferme. Le  même tribunal avait condamné son frère, Souleymany, cueilli à Orly à son retour du Sénégal, à six ans ferme. Ils sont suspectés d’avoir tenté de rallier la Syrie pour faire le Jihad. 

Une source proche de sa famille de rapporter qu’Abdoul Mbodji n’avait plus donné de nouvelles jusqu’à ce que son nom apparaisse dans la presse française qui rapportait les minutes du procès. Selon nos informations, ce dernier est originaire de Matam, plus précisément de la localité de Dondou, sur la rive du fleuve. 

«Sa famille ne sait plus où taper de la tête», renseignait une connaissance qui signale que Mbodji est décrit comme ayant une personnalité trouble. Pour preuve, après avoir pris épouse au Sénégal, il s’est rendu quelques jours plus tard avec cette dernière au Mali. Mais celle-ci avait dû fuir du Mali pour le Sénégal en passant par la Mauritanie. En effet, elle s’était rendue compte que son mari s’était radicalisé et qu’il avait des liens au sein d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) qui sévit dans le Nord Mali. C’est dire que la Justice Française tient le bon bout puisqu’elle a fait savoir, lors du procès , qu’Abdoul Modji serait désormais membre de la «police» d’Aqmi, chargée de faire respecter la Charia.  
Enfin on peut citer le «cas» Oumar Diaw donné pour mort depuis juillet dernier sans que l’information ne puisse être vérifiée. En décembre 2015 pourtant, les autorités policières étaient en alerte à Strasbourg après des informations faisant état d’un projet d’attentat que préparait Oumar Diaw. 

Le mystère Oumar Diaw 

Originaire de Schiltigheim, une petite ville de l’agglomération strasbourgeoise, Diaw qui avait disparu sans donner de nouvelles est apparu en 2015 dans une vidéo postée le 08 novembre dernier. Agé de 33 ans à l’époque, sa voix a été reconnue par des amis du quartier. La scène se déroulerait à Raqqa, le bastion syrien de l’État islamique. Celui qui se faisait surnommer «Omar» avait rallié la Syrie quelques semaines après s’être marié à Schiltigheim, mais sans son épouse. 

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