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Ce qui n'a pas été dit sur le Burkina Faso

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 27 Septembre 2023 à 06:20 modifié le Mercredi 27 Septembre 2023 - 06:21

Ce qui n'a pas été dit sur le Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays du Sahel à faible revenu et aux ressources naturelles limitées. Son économie repose sur l’agriculture, même si les exportations aurifères progressent. Plus de 40 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le rapport 2021-2022 de l'IDH du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), révèle que le Burkina Faso a été classé 184e sur 191 pays.

Situation politique

Après le coup d’État du 30 septembre 2022 qui a renversé le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a été investi comme nouveau président de transition le 21 octobre 2022. Selon la charte de la Transition, il ne pourra se présenter aux prochaines élections présidentielles. 

La transition est conduite par trois principaux organes : le président du Burkina Faso, le gouvernement de transition avec un Premier ministre civil ainsi qu’une Assemblée législative de la transition.

Le Burkina Faso a été suspendu des instances de gouvernance de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.

Depuis 2015, le pays est la cible d'attaques terroristes qui provoquent des déplacements de population. Alors qu’il comptait moins de 50 000 personnes déplacées internes (PDI) en janvier 2019, le pays en recensait 2.06 millions à la date du 31 mars 2023.

Les secteurs de la santé et de l’éducation sont fortement impactés, avec 732 établissements de santé affectés (dont 375 entièrement fermés) en juillet 2023, limitant ainsi l'accès aux soins à environ 3,4 millions de personnes ; 6 149 écoles primaires et secondaires sont fermées, ce qui représente 23,90 % des infrastructures scolaires, affectant 1 041 681 enfants dont 505 748 filles en mai 2023.

L’économie en bref

Après un fort recul de la croissance économique en 2022 à +1,5 % (soit, -1,1 % en terme du PIB par habitant), causé par une combinaison de nouveaux chocs aussi bien domestiques (coups d’Etat, insécurité en zones minières) qu’externes (invasion de l’Ukraine), un net rebond économique en 2023 est projeté à +4,3 % (soit, +1,7 % par habitant).

Cette croissance serait portée par un secteur primaire (+4,1%) bénéficiant d’une meilleure pluviométrie, un secteur des services (+5,1%) porté par les dépenses de l’administration publique, et un secteur secondaire en redressement (+3%), après la contraction enregistrée en 2022, du fait d’un retour à la hausse des volumes d’exportation aurifères.

Le déficit de la balance courante devrait s'améliorer pour atteindre 4,4 % du PIB en 2023, en raison de l'augmentation des exportations minières et de l'amélioration des termes de l'échange, elle-même portée notamment par la hausse des prix de l'or et la baisse des prix du pétrole.

Après un taux record (depuis 10 ans) de 14,1 % en 2022, expliqué par les effets conjugués de l’insécurité (choc négatif sur l’offre de travail en milieux agricoles), du changement climatique (précipitations faibles ou irrégulières), et de l’invasion de la Russie en Ukraine (perturbation des chaînes mondiales d’approvisionnement), l'inflation est projetée en forte baisse en 2023, avec une moyenne estimée à 1,9%. Cette baisse se justifie par des rendements agricoles plus élevés en lien avec les niveaux relativement plus soutenus de précipitations.

Avec le maintien de dépenses publiques élevées (matériel de défenses, défis humanitaires liés à la crise des populations déplacées internes - PDIs - subventions et autres transferts sociaux), le déficit budgétaire pour 2023 devrait s’élever à 6,7 % du PIB. Son financement devrait continuer à reposer essentiellement (à 83 %, soit 3,8 % du PIB) sur les emprunts domestiques, vue la disponibilité plus limitée d’appuis budgétaires directs depuis les coups d’Etat de 2022.

Perspectives à moyen terme

À moyen terme, la croissance réelle devrait revenir à sa trajectoire d'avant COVID-19, quoique sujette à une forte incertitude, et donc, des risques baissiers importants. La croissance en 2024 est projetée à 4,8 % (+2,3 % par habitant) et devrait être tirée par les secteurs agricoles (+4.5 %) et des services (+5.9 %), de même qu’une poursuite du redressement de la production secondaire (+2.8 %). Dans l'hypothèse d'une amélioration de la sécurité et de la mise en œuvre de réformes-clés favorables au secteur privé (énergie, mines, climat des affaires), la croissance devrait s'améliorer à moyen terme pour atteindre 5,1 % (+2,5 % par habitant) d'ici à 2025.

En supposant que la situation sécuritaire domestique ne se détériore pas davantage, l'inflation annuelle moyenne devrait rester stable en 2024 (+2,0 %), et dans la fourchette cible de la BCEAO de 1 à 3 % entre 2024 et 2025.

Le déficit budgétaire devrait baisser à 6,1 % du PIB en 2024, en ligne avec le nouveau programme de Facilité élargie de crédit (FEC) conclue avec le FMI, qui prévoit par ailleurs une convergence vers l'objectif communautaire des 3 % du PIB d’ici à 2027.

Le financement du déficit s'avérera difficile car le durcissement des conditions de financement au niveau mondial a déjà augmenté le coût du financement sur le marché obligataire régional de l'UEMOA et l'accès du pays aux financements concessionnels, notamment les appuis budgétaires, reste toujours limité. Un accès plus large à ces financements pourrait alléger la pression sur les finances publiques, même si la dette publique continuera d'augmenter, en raison principalement de la part, désormais très majoritaire, de dette intérieure.

Avec une inflation faible et une croissance modérée, l'incidence de la pauvreté devrait diminuer d'environ un point de pourcentage par an jusqu'en 2025, mais le nombre projeté de personnes vivant dans l'extrême pauvreté restera supérieur à 7 millions.

L'insécurité persistante, les chocs climatiques, et l'instabilité liée à la transition politique font peser d'importants risques de dégradation des perspectives. Le prix de l'or reste à des niveaux historiquement élevés, mais pourrait baisser en termes réels, ce qui constituerait un risque pour le compte courant et la mobilisation des recettes intérieures.














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