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Burkina: la justice ordonne la libération d'un homme "enlevé" par des agents du renseignement

Rédigé par Dakarposte le Mardi 7 Novembre 2023 à 06:51 modifié le Mardi 7 Novembre 2023 - 06:54

Le tribunal administratif de Ouagadougou a ordonné lundi la libération d'un homme d'affaires burkinabè "enlevé" mi-septembre par des agents du renseignement. 

"L'enlèvement de monsieur Kambou Sansan Anselme par des agents de l'Agence nationale de renseignement (ANR) est manifestement illégal et constitutif d'une grave atteinte à sa liberté d'aller et de venir", selon une ordonnance rendue publique à l'issue d'une audience en référé 

En conséquence, il a enjoint l'Etat burkinabè "à travers l'ANR de mettre immédiatement un terme à la détention de monsieur Kambou Sansan Anselme et lui permettre de regagner son domicile". 

Influent homme d'affaires à la tête d'une centrale d'achat qui vend de l'armement, Sansan Anselme Kambou a été enlevé dans la nuit du 20 septembre devant son domicile par des hommes armés se présentant comme des agents de l'ANR, avant d'être conduit vers une destination inconnue, selon des membres de sa famille. 

M. Kambou est un proche de l'ancien chef d'état-major de la gendarmerie du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Évrard Somda, limogé début octobre après l'arrestation de deux de ses anciens collaborateurs pour leur implication présumée dans une tentative de coup d'Etat, déjouée par les autorités militaires. 

Plusieurs cas d'enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou. 

Des voix s'élèvent également pour dénoncer des "réquisitions" récentes de citoyens critiques du pouvoir par les autorités militaires. 

En avril, un décret de mobilisation générale avait été adopté permettant si besoin la réquisition des "jeunes de 18 ans et plus" afin de lutter contre les jihadistes qui mènent régulièrement des attaques sanglantes dans le pays. 

Lundi, le Front Patriotique, une coalition de plusieurs dizaines de partis politiques et d'organisations citoyennes a constaté que des "réquisitions pour le front de guerre ont été adressées à des citoyens burkinabè, pour la plupart des acteurs de la société civile qui ont exprimé des voix discordantes vis-à-vis des autorités de la transition". 

La coalition "s'inquiète et condamne" une "dérive autoritariste" du régime. 

Le mouvement "Le balai citoyen", à l'origine de l'insurrection populaire qui a conduit à la chute de l'ancien président Blaise Compaoré en 2014, a de son côté indiqué que deux de ses membres avaient été "réquisitionnés". 

Dimanche, une association de défense des droits humains au Burkina Faso avait elle aussi dénoncé une "réquisition massive et ciblée de citoyens" critiques du pouvoir. 

Et un collectif de syndicats a également déploré "un acharnement contre des citoyens ayant exprimé des opinions critiques vis-à-vis des autorités de la transition". 

"Les libertés individuelles ne priment pas sur celles de la Nation", a affirmé lundi le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022. 

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), qui ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires et plus de deux millions de déplacés internes.









































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