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Avis d’inexpert – Journalisme d’investigation, du vrai ! (Par Jean Meïssa DIOP)

Rédigé par Dakarposte le Mardi 12 Avril 2016 à 10:13 modifié le Mardi 12 Avril 2016 - 10:19

Panama Papers, ce terme est désormais entré dans l’histoire du journalisme (précisément celui d’investigation, d’autres célébrités comme Pierre Péan préfèrent ‘’journalisme d’enquête’’ suite aux révélations, à partir du 3 avril dernier, par plusieurs journaux européens, américains et africains du travail collectif de professionnels de l’information réunis en Consortium international des journalistes d’investigation).

 

Une affaire ainsi dénommée pour désigner des documents sur de stupéfiantes évasions fiscales réalisées par des citoyens de pays d’Europe, d’Afrique, d’Amérique vers Panama, paradis fiscal en Amérique centrale. Des Sénégalais ne sont pas en reste, puisque au moins quatre de nos compatriotes sont cités dans ces cas de malhonnêteté dont certains se sont peut-être doublés et aggravés de fraudes fiscales. Parmi les preux investigateurs, flotte le pavillon sénégalais et ouest-africain, symbolisé par le site Ouestaf.news, qui n’en est pas à sa première expérience de ce type. Il faut en être fier et s’en faire l’émule, si possible.


Il y a eu de retentissantes exclusivités d’investigation comme Watergate qui, éclatant en 1972, se solda, en 1974, par la démission du président d’alors des États-Unis, Richard Nixon. Il y a eu donc Watergate et voilà Panama Papers. Du vrai journalisme d’investigation qui a commencé par le journal allemand Süddeutsche Zeitung qui, s’étant retrouvé avec un gigantesque fichier de 11,5 millions de documents datant de 1970 à 2016, a eu la générosité de partager l’exclusivité avec d’autres journaux européens, américains… Le site Ouestafnews, un organe de presse bien sénégalais, a pris part à ce gigantesque travail d’investigation ‘’1500 fois plus important que Wikileaks’’, cette publication de documents diplomatiques américains qui ébranla bien des pouvoirs à travers le monde.

 

Et Ouestafnews, qui a traité le volet sénégalais des Panama Papers, a dû remettre à leur place  (avec beaucoup de classe) des partisans de ce Karim Wade, dont l’un des proches, Mamadou Pouye, condamné et emprisonné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), protagoniste dans cette affaire, qui se mirent à accuser l’organe de presse d’être un suppôt du pouvoir APR pour discréditer Wade fils. Il faut s’en féliciter ; surtout féliciter ce pavillon sénégalais au sein d’un consortium qui a déjà écrit ses lettres de noblesse. Un Ouestafnews qui ne tient pas du tout à laisser des groupies ternir son mérite ou dévaloriser son travail qui a du mérite.

 

C’est cela le journalisme d’investigation, loin de l’immédiat, loin de la routine, bien risqué (risque physique, risque moral…) à tous les points de vue. Ce type de journalisme pas du tout facile, passionnant, prestigieux, ‘’se caractérise par la durée de travail sur un même sujet et par des recherches approfondies’’, ainsi que le définit l’encyclopédie virtuelle Wikipédia. Ces accusateurs sans argument ne savent sans doute pas que ‘’la définition du journalisme d’investigation, selon la déontologie du journalisme, implique également une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économiques, et une profondeur d’analyse qui résiste à la tentation de l’audimat ou à la course à l’exclusivité’’, pour citer encore Wikipédia. En consultant plusieurs sources et en interrogeant plusieurs spécialistes du sujet ou témoins des événements, le journaliste d’investigation peut trier plus efficacement les informations et découvrir des faits inédits. Sa connaissance des faits tiendra donc mieux compte de la réalité et son analyse sera ainsi de meilleure qualité.

 

Un journalisme d’investigation est donc bien loin de celui qui prétend dégoter un scoop chaque jour, chaque semaine, chaque mois ! Cette course au scoop, cette préoccupation de l’exclusivité quotidienne est un des pires maux du journalisme.

Etre prisonnier de la tentation du scoop quotidien, c’est s’exposer à la manipulation, à l’approximation, à la déduction facile, puisqu’on ne se donne pas le temps de faire un travail de rigueur et surtout de ‘’savoir ce qu’on cherche’’.

Mossack Fonseca, le cabinet spécialisé dans la domiciliation des évasions, n’en est plus qu’à crier au voleur de ses documents. Parfois, il y a de ces vols (si vol il y a eu des documents de Mossack Fonseca) et de ces voleurs qui rendent service à la vérité.

 

Post-scriptum : Investigation aussi, ce numéro de complément d’enquête l’est et les téléspectateurs de France 2 ont pu apprécier le portrait pas du tout enrubanné consacré à l’homme d’affaires français Vincent Bolloré qui a étendu ses tentacules dans au moins quarante-cinq pays africains, le Sénégal y compris. Un homme d’affaires sans scrupules et qui a les dents suffisamment longues pour dévorer ses concurrents, mais aussi ses collaborateurs. Ajoutez-y ses relations étranges avec certains dirigeants d’Etat africains qui en ont fait presque un proconsul de la Françafrique dans leur pays.

 

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