Alioune Badara Cissé décline sa feuille de route

Ça y est : Alioune Badara Cissé est officiellement le nouveau médiateur de la République pour une durée de 6 ans. La cérémonie de passation de services avec Pr Serigne Diop s’est déroulée hier dans les locaux de la médiature de la République. L’occasion a été saisie par Alioune Badara Cissé pour décliner ses missions à la tête de cette institution.

Pour remplir pleinement le rôle de cette institution, Me Cissé compte privilégier l’autosaisine. «Nous ne sommes plus cette institution qui reste derrière et qui attend qu’on lui envoie un courrier. Quand nous avons vent qu’un incident est à naître ou des difficultés sont en train d’être vécues, il nous appartient d’envoyer un délégué, d’essayer d’en savoir davantage. Quand nous voyons nos concitoyens faire une grève de la faim parce que leurs droits ont été bafoués, on ne peut pas rester les bras croisés. Il nous faut rencontrer les gens pour qu’ils comprennent que les batailles ne sont pas utiles lorsque le dialogue est encore possible», at-il déclaré. 

Le nouveau médiateur de la République s’est aussi engagé à mettre l’accent sur la communication autour de cet organe afin de faire comprendre aux citoyens le rôle qu’il joue.

«Beaucoup de personnes m’ont appelé ne sachant pas ce qu’est la Médiature. Je trouve que ce n’est pas normal, il va falloir que le médiateur se saisisse des problèmes sans attendre que le citoyen lambda l’informe. Ce sera un moyen important pour que la Médiature se retrouve comme il se doit au centre des institutions de la République», ajoute l’ex-ministre des Affaires étrangères. 

Lors de son discours, le médiateur de la République sortant a fait savoir que pour remplir cette mission, il fallait être «disponible et avoir un grand cœur». Deux qualités que Serigne Diop retrouve chez Me Alioune Badara Cissé «Vous ferez dans cette maison un travail remarquable. Vous ferez mieux que nous», a-t-il dit.

Parlant de disponibilité, Me Cissé a pris l’engagement d’être à l’écoute de tous les citoyens où ils se trouvent. «Je serai partout où le Sénégal aura besoin d’une oreille attentive, partout où il y aura une demande de pacification. Je pense être celui qui sera à votre disposition autant de temps qu’il faudra avec l’équipe, le porte-voix face à une Administration qui semble ne pas répondre aux courriers, qui semble ne pas donner suite à vos réclamations (...)», a-t-il promis.

Éloges à Macky Sall

Me Alioune Badara Cissé a profité de la cérémonie de passation de services à la Médiature pour revenir sur ses «retrouvailles» avec le président de la République, Macky Sall, après un long moment de brouille provoqué par son limogeage du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.

Me Cissé a tenu à «remercier le président de la République pour cet extraordinaire travail intérieur de dépassement pour que deux frères pendant un moment perdu de vue se retrouvent». «Je retrouve dans cette salle des gens qui ont tant œuvré pour que cela soit, mais Dieu avait dit que cela ne sera pas en ce moment-là, cela le sera dans le secret de son cabinet, sans nul autre témoin. Parce qu’au moment où cette amitié se scellait, au moment où ses combats se menaient au Sénégal et à l’étranger, il n’y avait pas de témoins», a- t-il fait savoir.

Selon Me Cissé, sachant que «ce jour arriverait ici ou ailleurs», il s’est fait «en sacerdoce l’obligation de ne rien faire et de ne rien dire». «Je suis resté droit dans mes bottes, carré dans mes principes pour certains, mais je savais que s’il fallait donner une vie pour que la sienne soit sauve, je donnerai la mienne. Pendant le temps de notre compagnonnage politique et administratif, je n’ai rien fait de moins que cela. Aujourd’hui, il a pris sur lui-même de me mettre à la tête d’une institution dans laquelle je ne reçois d’instruction de personne ou alors d’aucune autorité», a-t-il fait savoir.

Se prononçant sur son avenir politique maintenant qu’il est à la tête de cette institution et soumis au devoir de réserve, Me Alioune Badara Cissé estime que «si se mettre au service de ses concitoyens est un mouroir politique, alors il faudrait me considérer comme un cadavre politique».

«Ma carrière politique a le droit d’être sacrifiée au profit des besoins des Sénégalais. Si vous pensez que sacrifier sa carrière politique, c’est se mettre au service des Sénégalais, je sacrifierai ma carrière politique, parce que la politique c’est l’administration de la cité. Et je suis au cœur de l’administration de la cité, en étant le porte-voix de ceux qui n’en ont pas, ceux qui n’en espèrent pas, ceux qui pensent que pour eux tout est fini», a-t-il argué.