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Aliou, le frère controversé du président sénégalais Macky Sall

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 11 Mai 2016 à 14:46 modifié le Mercredi 11 Mai 2016 - 18:08

Le Monde


Sourire de faux timide, regard qui semble percer ses interlocuteurs et manières affables : on dirait Macky Sall. Mais la ressemblance d’Aliou Sall, 46 ans, avec son frère président s’arrête là. Dans le hall d’un grand hôtel parisien où il reçoit comme dans une salle d’audience, il connaît les passions qu’il soulève au Sénégal et répond avec calme aux questions sensibles.

Inconnu au bataillon il y quelques années encore, l’ancien journaliste et ancien diplomate en Chine est désormais considéré par certains comme le « vice-président » du Sénégal. Il a trois mandats en cours : maire, président des maires du Sénégal et président des élus locaux.
De fait, son entrée en politique a surpris. En juillet 2014, il remporte la municipalité de Guédiawaye, dans la banlieue populaire et bouillonnante de Dakar. Aliou Sall reconnaît qu’être « le frère du président Macky Sall lui a donné un marketing politique gratuit. » A Guédiawaye, l’analyse est un peu différente. « S’il n’était pas le frère du président, il n’aurait même pas eu l’idée de se présenter ici », s’offusque Babacar Ngaraf Mbaye, conseiller municipal, affilié au Parti démocratique sénégalais (PDS), dans l’opposition.


Pour ce dernier, le frère cadet du président a bénéficié d’un parachutage dans la ville puisqu’il « n’y a jamais habité et qu’elle regorgeait d’hommes et de femmes compétents ». Parmi eux, Malick Gackou, homme politique populaire et ancien numéro 2 de l’Alliance des forces de progrès (AFP), un parti allié à la coalition gouvernementale, qui s’est désisté en juillet 2014, laissant le champ libre à Aliou Sall. Malick Gackou le regrette aujourd’hui. Il a quitté la coalition gouvernementale pour créer sa propre formation politique, modestement dénommée le Grand Parti.

Aliou Sall, lui, parle de son arrivée en politique comme d’une étape difficile, dans un contexte marqué par le précédent des Wade père et fils, accusés de vouloir « monarchiser » le pouvoir. « Aucun décret n’a nommé Aliou Sall », plaide l’intéressé dans le lobby de cet hôtel parisien en référence au texte de 2009 qui entérinait la nomination de Karim Wade au poste de ministre d’Etat chargé des transports aériens et des infrastructures. Aliou Sall juge néanmoins être « légitimement ministrable » de par son expérience et ajoute qu’aucun autre membre de sa famille n’est « à un poste à responsabilité ».

Un bilan municipal contesté

En sus d’éventuels privilèges familiaux, c’est le bilan du frère du président à la mairie de Guédiawaye que contestent ses adversaires. « Qui est capable de citer une seule réalisation ? », attaque Babacar Mbaye Ngaraf. « Sur l’éducation, il y a le partenariat avec la ville de Mantes-la-Jolie et le département des Yvelines [région parisienne] », raille Malick Gakou. A l’été 2015, douze jeunes Français ont participé à la rénovation de cinq écoles de la ville avec un budget de 70 MILLIONS
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 de francs CFA (108 000 euros) dont 30 proviennent de la partie française. « C’est dérisoire par rapport aux besoins des populations », lâchent ses adversaires. Aliou Sall se défend en mettant en avant d’autres projets comme le prochain établissement d’une université arabo-musulmane dans la ville et la future construction d’une salle de spectacle de 1 200 places, son « projet phare ». « Ce sont des projets dont la réalisation peut aller au-delà de mon mandat », dit-il.

En dehors de la politique, le nom d’Aliou Sall apparaît dans deux affaires. Une plainte a été déposée en décembre 2014 contre lui dans le dossier dit Petro Tim, la société qui était détentrice de la licence de recherche pétrolière au Sénégal. L’Alliance Sauvons le Sénégal, une association citoyenne dont Babacar Mbaye Ngaraf fait partie, a saisi l’Ofnac, le gendarme sénégalais anti-corruption, contre Aliou Sall, alors gérant de Petro Tim. Les plaignants affirment que Petro Tim Limited a vendu 90 % de ses actions à Timis Corporation de l’homme d’affaires roumain Franck Timis sans que le Trésor public sénégalais ne prélève de taxes. Selon la plainte, la transaction s’est élevée à 200 milliards de francs CFA (308 millions d’euros). « On m’a accusé à tort, se défend Aliou Sall. Personne n’a la moindre preuve que je suis actionnaire de Petro Tim. »

Le frère du président est également cité dans la création de la Banque de Dakar. Après avoir nié en être le fondateur, Aliou Sall concède avoir « aidé des amis à créer une banque au Sénégal » avec un budget de « 26 milliards de francs CFA ». « Je pense, franchement, que je devrais être décoré pour cela », sourit-il.

 

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