Les uns sont les nervis d’étape, les autres les vernis de l’Etat : leur dénominateur commun, c’est d’être des destructeurs de valeurs.
L’activité des premiers a tellement pris de l’ampleur qu’à l’image de leurs lointains cousins qui se font distinguer armes à la main sous le sigle ISIS, au nom d’un prétendu Etat islamique qu’ils disent défendre, il n’est pas superflu d’inventer un ISIS local, qui se déclinerait en Institut Supérieur de l’Insultologie du Sénégal. C’est leur expertise. Sous nos tropiques, l’instrument létal pour une faune d’individus, facilement identifiables, n’est rien d’autre que de passer par la plume, le verbe et l’envie forcenée de démolir, pour s’en prendre par les mots, les mensonges et les manipulations quand ils se savent en face d’arguments fondés en raison, ad rem et non ad hominem.
Débats d’hier
Pourtant, au départ, leur apparition sur la scène sénégalaise était même sympathique. Souvenons-nous du temps de Léopold Sédar Senghor. Amateur de vrais débats intellectuels, le premier Président de la République du Sénégal aimait lancer ses troupes d’élites intellectuelles dans l’arène pour faire face à ses contempteurs. Elles y trouvaient des bretteurs de choc moulés à des idéologies gauchisantes, comme Sémou Pathé Guèye, Samba Diouldé Thiam ou encore Babacar Sine (avant qu’il ne finisse par rejoindre les verdeurs politiques). Les Sénégalais, de toutes obédiences politiques, se régalaient des répliques, sous des oripeaux socialisantes, que portaient avec verve les Habib Thiam, Abdou Salam Kane, Bara Diouf ou encore Moctar Kébé. Le socialisme Senghorien n’avait pas de complexe. Malgré la moiteur du parti unique de fait que sa formation incarnait dans un landerneau politique où l’intolérance des siens faisait des dégâts en écartant celles et ceux qui ne s’alignaient pas, à l’instar d’un Cheikh Anta Diop, le fait est que le débat restait grosso modo civilisé et permettait de poser les questions fondamentales de notre nation alors en train de faire ses premiers pas sur la scène internationale.
Au vinaigre !
Tout commence à tourner au vinaigre sous le régime d’Abdou Diouf. Son calme et sa technocratie ne pouvaient masquer les hurlements de ses sicaires soudain lâchés dans un terrain de jeu qui était devenu un lieu de déballages, non de débats : c’est le temps en particulier des publications comme « Le Débat », pour ne citer que celle-là, lancé par la Présidence du Sénégal, pour s’en prendre, sans gants ni recul, aux mal-pensants. On se demande encore d’ailleurs comment le suave Asak, Abdou Salam Kâne, en fut arrivé à sortir des sentiers de la plume savante pour se muer en plume sauvage pour traiter d’âne le futur Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, dans l’une des éditions du Débat. Cette ère de dérives n’a fait que s’amplifier en raison de l’arrivée sur la scène médiatique de nouveaux journaux dont certains financés par le pouvoir d’Etat, en particulier par Jean Collin, n’eurent de cesse de se distinguer par des attaques subjectives sur de décents citoyens à seule fin de les empêcher de se mouvoir, selon leurs convictions, dans une sphère politique devenue pluraliste dans le monde entier, après la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989.
On pouvait croire que la défaite des socialistes à l’élection de l’an 2000 allait entraîner une autre approche de la pratique journalistique au Sénégal. Surtout que Wade, dans son projet de société articulé autour du Sopi (le changement en Wolof), avait promis, entre autres, de mettre fin aux comportements anti-nationaux et anti-démocratiques de plusieurs titres de la presse nationale. L’histoire retiendra hélas qu’il n’en fit rien. Plus grave : il permit même que sous sa gouverne des publications conçues dans la fange, au milieu des poubelles, surgissent pour empester l’atmosphère publique. Qui a oublié les frasques du journal ‘Il est Midi’ ?
Nervis de la presse et/ou dames de compagnie
Les nervis de la presse, qu’on les appelle dames de compagnie assagis au banquet du pouvoir ou bouledogues formés à la méthode pavlovienne, sont toujours de sortie dans le pays. Ils se trompent d’époque et de société : à l’ère des ruptures technologiques, dans un contexte d’offre médiatique plurielle et même individualisée, s’imaginer qu’on peut faire taire les gens par les insultes, la diffamation et la vulgarité, c’est participer d’un combat d’arrière-garde, sans chance de réussite. Les Sénégalais ne sont pas dupes. Mieux encore, ils sont de marbre face à ces méthodes ayant plombé toutes les sociétés autocratiques. Ils savent que les petits d’esprit parlent des gens, or, dans la crise protéiforme qu’ils subissent de plein fouet, leur souhait c’est de voir le débat rester sur les enjeux fondamentaux.
Les nervis de l’Etat sont en cela des reliques dont la disparition doit être une exigence nationale. Dans la même logique, tous doivent aussi porter un regard critique sur les vernis de l’Etat que sont ces avocats de l’Etat qui, depuis quelques-années, nous coûtent des fortunes sans rien rapporter. L’onctuosité de leur verbe, leurs conférences de presse à n’en plus finir dans les grands palaces et leurs voyages aux antipodes, au prix fort, n’ont encore rien rapporté au pays. En réalité, ils ne valent guère mieux que les insulteurs de l’Etat. Or, dans un contexte où la gestion axée sur les résultats est la mode, il est temps de mettre fin au bluff de ces deux catégories de profiteurs de la nation. Retournons au tableau noir pour réécrire un agenda et des termes de référence crédibles avec celles et ceux qui peuvent produire de sains résultats !
L’activité des premiers a tellement pris de l’ampleur qu’à l’image de leurs lointains cousins qui se font distinguer armes à la main sous le sigle ISIS, au nom d’un prétendu Etat islamique qu’ils disent défendre, il n’est pas superflu d’inventer un ISIS local, qui se déclinerait en Institut Supérieur de l’Insultologie du Sénégal. C’est leur expertise. Sous nos tropiques, l’instrument létal pour une faune d’individus, facilement identifiables, n’est rien d’autre que de passer par la plume, le verbe et l’envie forcenée de démolir, pour s’en prendre par les mots, les mensonges et les manipulations quand ils se savent en face d’arguments fondés en raison, ad rem et non ad hominem.
Débats d’hier
Pourtant, au départ, leur apparition sur la scène sénégalaise était même sympathique. Souvenons-nous du temps de Léopold Sédar Senghor. Amateur de vrais débats intellectuels, le premier Président de la République du Sénégal aimait lancer ses troupes d’élites intellectuelles dans l’arène pour faire face à ses contempteurs. Elles y trouvaient des bretteurs de choc moulés à des idéologies gauchisantes, comme Sémou Pathé Guèye, Samba Diouldé Thiam ou encore Babacar Sine (avant qu’il ne finisse par rejoindre les verdeurs politiques). Les Sénégalais, de toutes obédiences politiques, se régalaient des répliques, sous des oripeaux socialisantes, que portaient avec verve les Habib Thiam, Abdou Salam Kane, Bara Diouf ou encore Moctar Kébé. Le socialisme Senghorien n’avait pas de complexe. Malgré la moiteur du parti unique de fait que sa formation incarnait dans un landerneau politique où l’intolérance des siens faisait des dégâts en écartant celles et ceux qui ne s’alignaient pas, à l’instar d’un Cheikh Anta Diop, le fait est que le débat restait grosso modo civilisé et permettait de poser les questions fondamentales de notre nation alors en train de faire ses premiers pas sur la scène internationale.
Au vinaigre !
Tout commence à tourner au vinaigre sous le régime d’Abdou Diouf. Son calme et sa technocratie ne pouvaient masquer les hurlements de ses sicaires soudain lâchés dans un terrain de jeu qui était devenu un lieu de déballages, non de débats : c’est le temps en particulier des publications comme « Le Débat », pour ne citer que celle-là, lancé par la Présidence du Sénégal, pour s’en prendre, sans gants ni recul, aux mal-pensants. On se demande encore d’ailleurs comment le suave Asak, Abdou Salam Kâne, en fut arrivé à sortir des sentiers de la plume savante pour se muer en plume sauvage pour traiter d’âne le futur Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, dans l’une des éditions du Débat. Cette ère de dérives n’a fait que s’amplifier en raison de l’arrivée sur la scène médiatique de nouveaux journaux dont certains financés par le pouvoir d’Etat, en particulier par Jean Collin, n’eurent de cesse de se distinguer par des attaques subjectives sur de décents citoyens à seule fin de les empêcher de se mouvoir, selon leurs convictions, dans une sphère politique devenue pluraliste dans le monde entier, après la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989.
On pouvait croire que la défaite des socialistes à l’élection de l’an 2000 allait entraîner une autre approche de la pratique journalistique au Sénégal. Surtout que Wade, dans son projet de société articulé autour du Sopi (le changement en Wolof), avait promis, entre autres, de mettre fin aux comportements anti-nationaux et anti-démocratiques de plusieurs titres de la presse nationale. L’histoire retiendra hélas qu’il n’en fit rien. Plus grave : il permit même que sous sa gouverne des publications conçues dans la fange, au milieu des poubelles, surgissent pour empester l’atmosphère publique. Qui a oublié les frasques du journal ‘Il est Midi’ ?
Nervis de la presse et/ou dames de compagnie
Les nervis de la presse, qu’on les appelle dames de compagnie assagis au banquet du pouvoir ou bouledogues formés à la méthode pavlovienne, sont toujours de sortie dans le pays. Ils se trompent d’époque et de société : à l’ère des ruptures technologiques, dans un contexte d’offre médiatique plurielle et même individualisée, s’imaginer qu’on peut faire taire les gens par les insultes, la diffamation et la vulgarité, c’est participer d’un combat d’arrière-garde, sans chance de réussite. Les Sénégalais ne sont pas dupes. Mieux encore, ils sont de marbre face à ces méthodes ayant plombé toutes les sociétés autocratiques. Ils savent que les petits d’esprit parlent des gens, or, dans la crise protéiforme qu’ils subissent de plein fouet, leur souhait c’est de voir le débat rester sur les enjeux fondamentaux.
Les nervis de l’Etat sont en cela des reliques dont la disparition doit être une exigence nationale. Dans la même logique, tous doivent aussi porter un regard critique sur les vernis de l’Etat que sont ces avocats de l’Etat qui, depuis quelques-années, nous coûtent des fortunes sans rien rapporter. L’onctuosité de leur verbe, leurs conférences de presse à n’en plus finir dans les grands palaces et leurs voyages aux antipodes, au prix fort, n’ont encore rien rapporté au pays. En réalité, ils ne valent guère mieux que les insulteurs de l’Etat. Or, dans un contexte où la gestion axée sur les résultats est la mode, il est temps de mettre fin au bluff de ces deux catégories de profiteurs de la nation. Retournons au tableau noir pour réécrire un agenda et des termes de référence crédibles avec celles et ceux qui peuvent produire de sains résultats !