Le blanchiment d’argent et de capitaux est une réalité au Sénégal. La Cellule nationale de traitement des opérations financières (Centif) a décelé de nombreux cas, dans son rapport annuel 2014. En effet, dans le document, on note que les déclarations d’opérations suspectes (DOS) à la Centif ont augmenté de 29,46%, par rapport à 2013. Parmi les 145 dossiers qui ont été transmis au gendarme des renseignements financiers, les 124 ont été délivrés par des banques, c’est-à-dire 86% des divulgations, 11 par les administrations financières et 10 par les systèmes financiers. Ainsi, après investigations, les hommes de Waly Ndour informent avoir identifié ‘’des indices de blanchiment de capitaux sur 22 dossiers d’enquête’’. Ces derniers, renseigne le rapport, ont été transmis au Procureur de la République près le tribunal régional hors classe de Dakar.
Ce qui porte aujourd’hui à 130 le nombre de dossiers envoyés à l’autorité judiciaire, entre 2005 et 2014. Cependant, 72 ont été classés sans suite, informe le rapport, en raison ‘’d’absence d’éléments permettant, à ce stade, de confirmer les soupçons’’. La Centif précise que, malgré cela, une ‘’réouverture de ces dossiers est envisageable’’, si elle dispose de nouveaux faits sur ces personnes mises en cause.
Mais selon la Centif, le financement du terrorisme n’est pas encore une menace. La Cellule n’a pas encore eu vent d’une telle activité dans le pays. Son rapport annuel 2014 vient de montrer que, parmi les 145 dossiers traités, ‘’aucun assujetti n’a signalé de cas, avéré ou non, qui pourrait avoir un lien avec des activités de financement du terrorisme’’. Ce qui peut être rassurante dans un contexte de montée du terrorisme à l’échelle internationale.
Des centaines de millions déjà recouvrés
La Cellule nationale de traitement des informations financières ne s’est pas seulement limitée à la production de rapports. Au cours de l’année 2014, beaucoup de décisions rendues par l’autorité judiciaire ont été exécutées. Le rapport indique que ce sont les ‘’premiers actes concrets d’exécution des décisions prononcées par l’autorité judiciaire sur des dossiers de blanchiment de capitaux qui lui ont été communiqués par la Centif’’. Cette décision du juge a permis au Trésor général de recevoir un premier virement de 643 millions 181 577 F Cfa ‘’détenue dans le compte bancaire d’une personne condamnée pour blanchiment d’argent’’. Le second virement reçu par le Trésor s’élève à 34 millions 878 607 F Cfa. Cet argent appartenait aussi à une personne condamnée pour le même acte. Ce qui fait pour le Trésor une somme globale de plus de 678 millions. En plus, l’Etat a aussi obtenu deux terrains de 210 m2 et 380 m2 qui ont été immatriculés à son nom.
Les messages électroniques : la nouvelle forme d’escroquerie
Ils sont nombreux, les personnes qui, dans leurs mails, reçoivent parfois des messages d’inconnus leur informant qu’ils ont gagné de l’argent. Et pour recevoir leur gain, il leur faut envoyer une petite somme d’argent. Il ne s’agit que d’une arnaque. D’une simple escroquerie. Dans le rapport annuel 2014, 17 dossiers de ce genre ont été transmis au Procureur de la République. Selon la Centif, les manœuvres les plus utilisées par ces escrocs ont trait à ‘’des demandes d’aide en vue de récupérer des biens hérités d’un ascendant décédé contre une rémunération pour services rendus’’ ; ‘’l’utilisation du profil d’une femme, souvent appuyée par la présentation d’une photo attrayante, pour suggérer la possibilité de nouer des relations sentimentales’’. D’autres, plus ingénieux, demandent de l’argent pour ‘’des frais liés à l’accomplissement de formalités administratives ou judiciaires’’, alerte la Centif.
Néanmoins, la Cellule nationale de traitement des informations financières, dans son rapport, fait état de quelques défis à relever pour la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ces derniers ont trait au ‘’renforcement du dispositif préventif’’, mais aussi à l’amélioration de l’efficacité des actions de lutte contre la criminalité financière’’. Cela est d’autant plus important que, note la Cellule, ‘’le système de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme du Sénégal recèle encore des insuffisances’’.