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11 septembre 2002, un jour dans l'histoire des Etats-Unis d'Amérique

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 11 Septembre 2016 à 02:44

A 8h46, ce mardi 11 septembre, le vol AA 11 d'American Airlines éventre la tour nord du World Trade Center. Les Etats-Unis basculent dans un autre monde.


De ce jour, il reste des chiffres venus des décombres : 144 alliances, 437 montres, 119 boucles d'oreilles, 80 bracelets, 19 858 débris humains... Et d'autres encore, 760 km/h et 950 km/h, la vitesse des avions s'encastrant dans les tours du World Trade Center, 980 °C la température des incendies qui les anéantirent. Autopsie du plus grand attentat jamais perpétré. Il était une fois le 11 septembre...

Enfermé avec son portable dans les toilettes du Boeing 767 d'American Airlines qui assure la liaison Boston-Los Angeles, le steward avertit sa compagnie que des pirates armés de rasoirs et de cutters ont pris le contrôle de l'appareil. Deux de ses collègues ont été tués. L'un des pirates a le siège 8D. Avait. Arrivé au cockpit, Mohammed Atta a pris les commandes. Il passe en pilotage manuel, maîtrise les effets de portance de l'avion, cible en vue. A 8 h 46, le vol AA 11 éventre la tour nord du World Trade Center à New York. Une béance de quatre étages, du 94e au 98e. La tour d'acier tangue. La tête dans un champignon de fumées vénéneuses. «On nous a dit de ne pas bouger, d'attendre les pompiers», explique la voix d'Ivhan Carpio, employé au restaurant Fenêtres du monde du 107e étage, sur le répondeur de son domicile. Le serveur Jan Maciejewski raconte à sa femme que les conduits ont dû être endommagés, qu'il va prendre l'eau des fleurs pour humidifier une serviette afin de se protéger de la fumée (1). Les écrans de télévision du monde s'ouvrent sur ce que tout un chacun tient alors pour un incroyable accident.

Une lueur sur un fuselage
Stanley Praimnath, employé de la banque Fuji, au 81e étage dans la tour jumelle, rassure son interlocuteur de Chicago. Il a tout vu, dans un réflexe il est même descendu au rez-de-chaussée, prêt à évacuer, mais un agent de sécurité l'a apaisé, alors le revoilà dans son bureau. Quand survient dans une courbe impeccable et glaciale un deuxième Boeing qui déchire la tour sud. Il voit une ombre venir à lui, une lueur sur un fuselage, la rayure rouge de United Airlines, une boule de feu, et le chaos. Le souffle déchire sols et plafonds, projette ordinateurs et bureaux, pulvérise les fenêtres. Le nez du Boeing, qui a emporté six étages, a terminé sa course au 81e, à quarante mètres du bureau de Stanley Praimnath. «Aidez-moi ! Je suis coincé, ne me laissez pas là !», hurle-t-il.

Monter ou descendre, une question vitale
Quatre hommes et une femme, rescapés du 84e étage, coeur de l'impact qui a fauché tous les courtiers d'Euro Brokers, progressent chaotiquement dans le seul escalier encore praticable. Ils se portent à son secours. «Vous ne pouvez pas descendre, crie une femme qui remonte, il y a trop de fumée et de flammes en dessous. Il faut monter.»

Monter ou descendre ? De la réponse à cette question viendra, pour ceux de la tour sud qui auront pu se la poser, la mort ou la vie. Descendre pour Stanley Praimnath. Monter, pour monsieur Di Francesco, dix étages pour trouver au final des portes bloquées, des gens s'allongeant, épuisés comme lui : «Tout le monde commençait à s'endormir. Je me suis rassis et je me suis dit : je veux revoir ma femme et les enfants.» Dans un sursaut, il redescend. Dans la tour nord, pas un seul escalier n'est praticable au-dessus du point d'impact. M. Rosenblum (104e étage) téléphone sans répit à son partenaire de golf habituel : «Nous avons cassé les fenêtres avec les ordinateurs pour avoir un peu d'air», puis à sa femme, Jill, qui l'entend pour la première fois depuis cet horrible début de matinée perdre son ton paternel et rassurant : «Oh mon Dieu !» Poussés par les flammes, des hommes en vie tombent dans le vide.

La funeste horlogerie des kamikazes poursuit son décompte. 8h46, 9h03... Sept minutes plus tard, c'est le vol AA77 Washington-Los Angeles qui disparaît des écrans. Quelqu'un à bord a débranché le transpondeur. Où va-t-il ? Combien d'avions encore ? George W. Bush, en déplacement en Floride, apparaît sur les écrans. Mots mécaniques : «tragédie nationale», «apparente attaque terroriste», les auteurs «seront pourchassés et punis». Treize minutes plus tard, Mike Slatter, à l'état-major à Washington, détourne les yeux de CNN qui retransmet la catastrophe de New York et regarde vers le ciel. «Ça y est, on est les suivants !» Le vol AA 77 percute le Pentagone. La simultanéité des attaques a semé la confusion dans les tours de contrôle et au sein même de la défense aérienne américaine. Elles n'ont rien vu venir. La FAA, l'Agence fédérale de l'aviation civile, ferme l'espace aérien. En deux heures et demie, 4 600 avions vont devoir atterrir. Les long-courriers qui n'ont pas suffisamment de kérosène pour faire demi-tour sont détournés vers le Canada. Alors que les sirènes déchirent Washington, les ferries s'éloignent à la hâte des rives de Manhattan.

La course, un nuage aux trousses
Au coeur de la tour nord, une heure après l'attaque, les pompiers accourus n'en sont encore qu'au cinquantième étage. Le métro ne fonctionne plus, les regards des passants aussi se sont arrêtés, rivés sur les deux tours. Maintenant fuir. Courir avec aux trousses ce nuage qui déferle dans un grondement, prend à la gorge et aux poumons. La tour sud vient de s'effondrer. Il est 10h07. Vingt minutes plus tard, la tour nord implose et s'écroule à son tour. Le nuage de poussières, de débris et de mort se propage tel un torrent dans les rues. Ceux qui en réchappent sortent par grappes cendrées et hantées. Il s'est écoulé 102 minutes, en tout et pour tout.

La tétanisation du pouvoir américain est à la mesure de la précision du plan des kamikazes islamistes. Conçu dès 1999, préparé minutieusement et silencieusement depuis lors par quatre équipes, celui-ci n'a connu qu'un seul raté. Le quatrième avion détourné n'a pas touché au but : la Maison Blanche supposait-on, vu sa trajectoire, le Capitole, siège du Congrès, suggèrent des informations récentes. Des passagers, apprenant par leurs familles les attaques contre le World Trade Center, ont décidé, après un vote, de se battre contre les terroristes. Leur vol United Airlines s'est écrasé près de Pittsburgh (Pennsylvanie).

L'exode des marcheurs silencieux
Le maire de New York, Rudolph Giuliani, demande à ses administrés d'évacuer le sud de Manhattan. Les écoles ferment, le premier tour des élections municipales est annulé. Les ponts de l'Hudson River vivent des scènes d'exode de marcheurs silencieux. Le ciel est vide. Seul l'avion du président américain poursuit un périple destiné à le mettre à l'abri mais qui, dans les circonstances, apparaît comme une fuite pitoyable. A 13 heures, George W. Bush réapparaît sur les écrans de télévision. De Louisiane, pour informer ses concitoyens que les forces armées américaines sont en «état d'alerte maximale». Il sera ensuite transféré sur la base aérienne d'Offutt, dans le Nebraska, avant de rentrer dans la soirée à Washington. Dans une nouvelle intervention télévisée, il vise ceux «qui ont ordonné le massacre», évoque «le diable» sans nommer encore celui désigné dans l'après-midi par un responsable américain : Oussama ben Laden.

A New York, le séisme dans sa violence entraîne encore la chute d'un immeuble de 47 étages, voisin du World Trade Center. Le royaume de la finance est une sépulture.1100 personnes, voire un peu plus, ont survécu dans les tours jumelles aux crashs initiaux, avant de succomber dans leur effondrement. En ce 11 septembre, plus de 3 000 personnes au total ont trouvé la mort.



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