100 jours, une date symbolique pour faire un premier bilan d’un nouveau mandat. Sous le régime du duo «Diomaye-Sonko », beaucoup de secteurs ont connu des transformations. Le secteur des médias n’a pas été en reste avec la nomination du journaliste Pape Alé Niang comme Directeur général de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS). Une nouvelle direction qui d’ailleurs a connu ses premiers heurts avec des agents de la « maison mère ». L’heure est au bilan…
« Kër gu mag » (la grande maison) comme la surnomme la corporation, la radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) a lui aussi fait du toilettage sous le nouveau régime. L’organisme public de radiodiffusion sonore et de télévision au Sénégal a vécu des effets du changement de régime. En bien ou en mal ? L’on ne saurait pas évaluer pour le moment. L’entreprise publique a accueilli un nouveau directeur avec la nomination du journaliste Pape Alé Niang, le 24 avril 2024 qui a remplacé Racine Talla qui a été aux manettes pendant 12 ans. Des années durant lesquelles, le public, « la raison d’être », a assisté à des bras de fer, parfois houleux entre des agents et l’ancienne direction générale. Des confrontations qui ont même fait disparaître certains visages ou voix du petit écran. Ainsi, lors de la cérémonie de passation de service faite le 10 mai, Pape Alé Niang a appelé ses collaborateurs à rester solidaires. En ce sens, la réintégration de ces agents qui avait été mis de côté par son prédécesseur a été l’une des premières mesures du journaliste. Une décision notée comme un point positif. « Le point positif dans ce changement c'est le retour de plusieurs cadres de la télé et de la radio, longtemps mis au frigo et qui pèsent énormément en matière d'expérience audiovisuelle. Se priver d'un tel savoir-faire était une grosse erreur de la part de l'ancienne direction », confie un agent de la RTS.
L’ambition de « réconcilier » la RTS avec le public sénégalais
« Ma conduite à la tête de la RTS sera dictée par cette volonté de rupture incarnée par le nouveau pouvoir tout en restant au service du peuple sénégalais », s'est engagé M. Niang au moment de sa prise de fonction. Depuis lors, des jalons allant dans le sens de se réconcilier avec le public sénégalais ont été posés. Pour la Tabaski 2024, la RTS a offert aux Sénégalais une soirée spéciale avec l’artiste musicien Wally Seck qui a d’ailleurs été nommé ambassadeur de l’institution par le nouveau directeur. Ces trois premiers mois du nouveau régime ont aussi été une occasion de « refléter le pluralisme et la diversité de notre pays sur tous les plans » comme l’a dit le journaliste Pape Alé Niang. En effet, sous son règne, la chaîne de télévision nationale a diversifié les voix dans le Journal Télévisé (JT) de 20h et dans les émissions politiques phares comme « Point de vue » présenté par le journaliste Oumar Gningue, où l’opposition a pu s’exprimer. Cependant, pour Mama Moussa Niang, journaliste présentateur vedette du JT en Wolof, la ligne éditoriale de la RTS est restée la même. « Le traitement de l'information n'a pas beaucoup changé. La ligne éditoriale est restée la même. Donner la parole à l'opposition, c'est peut-être lui permettre de donner son opinion sur certaines questions. On l'a vu à certaines occasions comme autrefois. En attendant de voir une manifestation couverte par la RTS à la demande de l'opposition », observe-t-il.
Les agents de la RTS interrogés sont unanimes : le changement de régime, n’a pas eu d’impact conséquent sur le travail des journalistes. « Je n'ai pas encore senti d'impact ou une quelconque conséquence. On est sur le même schéma dans la collecte et le traitement de l'information », souffle un correspondant qui a préféré garder l’anonymat. M. Niang d’ajouter que depuis le changement de régime, « c'est une continuité toujours au service de la nation. Nous travaillons pour le peuple et nous en sommes conscients. Le premier partenaire de la RTS, c'est l'État ».
Le premier bras de fer entre des agents de la RTS et la nouvelle direction
Les cent premiers jours du régime du président de la République Bassirou Diomaye Faye et de son premier ministre Ousmane Sonko n’ont pas été un long fleuve tranquille à la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise sous la direction de Pape Alé Niang. En effet, sur une note de service datée du 1er juillet, la direction a annoncé la suspension d’un accord d’entreprise signé le 29 mars 2024 par Racine Talla, son prédécesseur, qui « accordait des avantages financiers à l’Éditeur public national de la communication audiovisuelle (RTS) ». Une suspension qui a fini par « plonger le personnel dans une crise financière » selon le coordonnateur du Syndicat des professionnels de l’audiovisuel (SYNPAP), Mama Moussa Niang. Un journaliste de la maison confirme : « Cette décision me met dans une instabilité financière sachant que j’ai un prêt à la banque. Si la suspension de cet accord est effective, cela risque de me créer des problèmes. Et je ne suis pas le seul dans cette situation ».
L’accord en question octroyait une prime mensuelle «d’indemnité de fonction», « de responsabilité », « de logement », et un «fonds commun équivalent à 5% du chiffres d’affaires réalisé au titre de l’exercice clos». Selon l’article 53 de l’accord, «le montant global distribué ne saurait excéder 200 millions». La direction générale a ainsi souligné dans une note de service que faute de couverture budgétaire suffisante, l’accord ne saurait être appliqué « puisque l'arrêté interministériel, fixant les modalités de versement, n'est pas pris par les autorités compétentes ». En plus, « l’application complète de cet accord aurait un coût financier annuel de 1 800 000 000 FCFA, avec un impact de 1 350 000 000 FCFA pour l’année en cours ». Mais pour le SYNPAP, « il n’est pas question que l’accord d’entreprise soit remis en cause par le Directeur Général ».
Si des employés considèrent que les acquis doivent être préservés, les autres syndicats de la maison comme le Syndicat des Professionnels de l'Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS) et la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) soutiennent les décisions de Pape Alé Niang en évoquant l’absence de base légale de la convention.
Ce bras de fer qui est en train de diviser encore les employés de la RTS pousse un correspondant interrogé sur le management de la nouvelle direction à indiquer que celle-ci doit remobiliser les agents autour de l’essentiel. « Le management de la nouvelle direction sera déterminant pour instaurer un meilleur cadre de travail à la RTS. Le gros défi est de remobiliser les agents autour de l'essentiel. Surtout les agents frustrés, malmenés, privés de salaires, de promotion ou d'antenne etc ».
En attendant de trouver un dénouement heureux à cette crise, la Radiodiffusion télévision sénégalaise continue à « se fonder sur les principes de liberté et de responsabilité » pour informer et divertir le public.
seneweb
« Kër gu mag » (la grande maison) comme la surnomme la corporation, la radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) a lui aussi fait du toilettage sous le nouveau régime. L’organisme public de radiodiffusion sonore et de télévision au Sénégal a vécu des effets du changement de régime. En bien ou en mal ? L’on ne saurait pas évaluer pour le moment. L’entreprise publique a accueilli un nouveau directeur avec la nomination du journaliste Pape Alé Niang, le 24 avril 2024 qui a remplacé Racine Talla qui a été aux manettes pendant 12 ans. Des années durant lesquelles, le public, « la raison d’être », a assisté à des bras de fer, parfois houleux entre des agents et l’ancienne direction générale. Des confrontations qui ont même fait disparaître certains visages ou voix du petit écran. Ainsi, lors de la cérémonie de passation de service faite le 10 mai, Pape Alé Niang a appelé ses collaborateurs à rester solidaires. En ce sens, la réintégration de ces agents qui avait été mis de côté par son prédécesseur a été l’une des premières mesures du journaliste. Une décision notée comme un point positif. « Le point positif dans ce changement c'est le retour de plusieurs cadres de la télé et de la radio, longtemps mis au frigo et qui pèsent énormément en matière d'expérience audiovisuelle. Se priver d'un tel savoir-faire était une grosse erreur de la part de l'ancienne direction », confie un agent de la RTS.
L’ambition de « réconcilier » la RTS avec le public sénégalais
« Ma conduite à la tête de la RTS sera dictée par cette volonté de rupture incarnée par le nouveau pouvoir tout en restant au service du peuple sénégalais », s'est engagé M. Niang au moment de sa prise de fonction. Depuis lors, des jalons allant dans le sens de se réconcilier avec le public sénégalais ont été posés. Pour la Tabaski 2024, la RTS a offert aux Sénégalais une soirée spéciale avec l’artiste musicien Wally Seck qui a d’ailleurs été nommé ambassadeur de l’institution par le nouveau directeur. Ces trois premiers mois du nouveau régime ont aussi été une occasion de « refléter le pluralisme et la diversité de notre pays sur tous les plans » comme l’a dit le journaliste Pape Alé Niang. En effet, sous son règne, la chaîne de télévision nationale a diversifié les voix dans le Journal Télévisé (JT) de 20h et dans les émissions politiques phares comme « Point de vue » présenté par le journaliste Oumar Gningue, où l’opposition a pu s’exprimer. Cependant, pour Mama Moussa Niang, journaliste présentateur vedette du JT en Wolof, la ligne éditoriale de la RTS est restée la même. « Le traitement de l'information n'a pas beaucoup changé. La ligne éditoriale est restée la même. Donner la parole à l'opposition, c'est peut-être lui permettre de donner son opinion sur certaines questions. On l'a vu à certaines occasions comme autrefois. En attendant de voir une manifestation couverte par la RTS à la demande de l'opposition », observe-t-il.
Les agents de la RTS interrogés sont unanimes : le changement de régime, n’a pas eu d’impact conséquent sur le travail des journalistes. « Je n'ai pas encore senti d'impact ou une quelconque conséquence. On est sur le même schéma dans la collecte et le traitement de l'information », souffle un correspondant qui a préféré garder l’anonymat. M. Niang d’ajouter que depuis le changement de régime, « c'est une continuité toujours au service de la nation. Nous travaillons pour le peuple et nous en sommes conscients. Le premier partenaire de la RTS, c'est l'État ».
Le premier bras de fer entre des agents de la RTS et la nouvelle direction
Les cent premiers jours du régime du président de la République Bassirou Diomaye Faye et de son premier ministre Ousmane Sonko n’ont pas été un long fleuve tranquille à la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise sous la direction de Pape Alé Niang. En effet, sur une note de service datée du 1er juillet, la direction a annoncé la suspension d’un accord d’entreprise signé le 29 mars 2024 par Racine Talla, son prédécesseur, qui « accordait des avantages financiers à l’Éditeur public national de la communication audiovisuelle (RTS) ». Une suspension qui a fini par « plonger le personnel dans une crise financière » selon le coordonnateur du Syndicat des professionnels de l’audiovisuel (SYNPAP), Mama Moussa Niang. Un journaliste de la maison confirme : « Cette décision me met dans une instabilité financière sachant que j’ai un prêt à la banque. Si la suspension de cet accord est effective, cela risque de me créer des problèmes. Et je ne suis pas le seul dans cette situation ».
L’accord en question octroyait une prime mensuelle «d’indemnité de fonction», « de responsabilité », « de logement », et un «fonds commun équivalent à 5% du chiffres d’affaires réalisé au titre de l’exercice clos». Selon l’article 53 de l’accord, «le montant global distribué ne saurait excéder 200 millions». La direction générale a ainsi souligné dans une note de service que faute de couverture budgétaire suffisante, l’accord ne saurait être appliqué « puisque l'arrêté interministériel, fixant les modalités de versement, n'est pas pris par les autorités compétentes ». En plus, « l’application complète de cet accord aurait un coût financier annuel de 1 800 000 000 FCFA, avec un impact de 1 350 000 000 FCFA pour l’année en cours ». Mais pour le SYNPAP, « il n’est pas question que l’accord d’entreprise soit remis en cause par le Directeur Général ».
Si des employés considèrent que les acquis doivent être préservés, les autres syndicats de la maison comme le Syndicat des Professionnels de l'Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS) et la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) soutiennent les décisions de Pape Alé Niang en évoquant l’absence de base légale de la convention.
Ce bras de fer qui est en train de diviser encore les employés de la RTS pousse un correspondant interrogé sur le management de la nouvelle direction à indiquer que celle-ci doit remobiliser les agents autour de l’essentiel. « Le management de la nouvelle direction sera déterminant pour instaurer un meilleur cadre de travail à la RTS. Le gros défi est de remobiliser les agents autour de l'essentiel. Surtout les agents frustrés, malmenés, privés de salaires, de promotion ou d'antenne etc ».
En attendant de trouver un dénouement heureux à cette crise, la Radiodiffusion télévision sénégalaise continue à « se fonder sur les principes de liberté et de responsabilité » pour informer et divertir le public.
seneweb