​URGENT- Disparition du journaliste Khashoggi : Trump envoie un émissaire en Arabie Saoudite

Rédigé par Dakarposte le Lundi 15 Octobre 2018 à 13:09 modifié le Lundi 15 Octobre 2018 13:29

En attendant d'y revenir amplement, dakarposte a appris que le Pr Trump envoie son secrétaire d'État en Arabie saoudite pour s'entretenir avec le roi.


Une disparition qui sème en tous cas l'effroi dans l'opinion et le trouble dans les relations internationales. Jamal Khashoggi, journaliste saoudien et opposant au régime de Riyad, est porté disparu depuis le 2 octobre dernier après s'être rendu au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en Turquie chercher un document nécessaire à son futur mariage.
Si le royaume wahhabite nie toute implication, il freine sa participation à l'enquête. À Washington, Donald Trump se fait de plus en plus menaçant.


• L'Arabie saoudite retarde sa coopération dans l'enquête

Une délégation saoudienne était censée prendre part aux recherches des enquêteurs turcs. Onze Saoudiens sont ainsi arrivés vendredi à Ankara et ont inspecté le consulat d'où le journaliste a disparu. Mais Ankara a fait savoir en fin de journée samedi, que depuis, l'Arabie saoudite ne coopère pas davantage. «Nous n'avons pas encore vu de coopération pour que l'enquête se déroule facilement et que toute la lumière soit faite. C'est ce que nous voulons voir», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, ajoutant que Ryad devait laisser les «enquêteurs et experts entrer dans le consulat».


Dans un premier temps, Donald Trump s'est montré, à l'inverse de son habitude, très prudent sur l'affaire, en déclarant: «Je n'aime pas vraiment ce que j'entends. Espérons que tout cela va se régler de soi-même.» Finalement, le président américain a déclaré samedi à la chaîne CBS que les États-Unis infligeraient un «châtiment sévère» à l'Arabie saoudite s'il est confirmé que Jamal Khashoggi a été assassiné. «Nous allons faire toute la lumière sur cette affaire et il y aura un châtiment sévère», a déclaré Donald Trump, tout en réitérant néanmoins son opposition à une suspension des ventes d'armes à Ryad.

Donald Trump s'est ensuite montré pessimiste sur le sort du journaliste: «En l'état actuel des choses, il semble que peut-être on ne va plus le revoir, et c'est très triste. Notre premier espoir était qu'il n'ait pas été tué mais peut-être que les choses ne s'annoncent pas bien», a-t-il regretté, avant de préciser qu'il allait appeler dans le week-end le roi Salmane d'Arabie saoudite.

• Riyad rejette toute pression politique ou économique

D'après la police turque, un groupe de 15 Saoudiens est arrivé en avion le 2 octobre à Istanbul. Ils seraient ensuite allés tuer le journaliste, à l'aide notamment d'une scie à os, avant de quitter la Turquie, selon des médias turcs.


Ces accusations, le ministre saoudien de l'Intérieur les a niées samedi, en clamant que son pays était attaché au «respect des règles et des conventions internationales». «Ce qui a été rapporté au sujet d'ordres de le tuer est un mensonge et une allégation infondée», a ainsi réagi Abdel Aziz ben Saoud ben Nayef. Il s'agit, a-t-il dit, de «fausses accusations contre l'Arabie saoudite».

Dimanche, Ryad a vivement réagi aux attaques du président américain, en déclarant «rejeter entièrement toute menace ou tentative de l'affaiblir, que ce soit via des menaces d'imposer des sanctions économiques ou l'usage de pression politique.» Si des sanctions sont appliquées, le royaume répondra avec «de plus grandes» sanctions, a déclaré un haut responsable saoudien, cité par l'agence officielle SPA, sous le couvert de l'anonymat. «L'économie du royaume a un rôle vital et d'influence pour l'économie mondiale», a-t-il mis en garde.

Dimanche, le roi Salmane d'Arabie saoudite a affirmé la «solidité» des relations avec la Turquie, lors d'un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, ont indiqué les Affaires étrangères saoudiennes sur Twitter.

«Personne ne peut porter atteinte à la solidité des relations avec la Turquie soeur», a dit le roi, en remerciant Erdogan «de l'accueil favorable réservé à la proposition saoudienne de mettre sur pied une équipe de travail conjointe pour examiner l'affaire de la disparition du citoyen saoudien Jamal Khashoggi.»

• L'Europe demande des explications

Vendredi, Emmanuel Macron avait déclaré succinctement à France 24 et RFI: «Les faits évoqués sont des faits graves, très graves (...) J'attends que les vérités et la clarté complète soient établies. La France, instamment, souhaite que tout soit mis en œuvre pour que nous ayons toute la vérité sur cette affaire, dont les premiers éléments sont extrêmement inquiétants.»

Ce dimanche, la voix de Paris s'est jointe à celle de Berlin et Londres pour réclamer «des investigations crédibles»: «Toute la lumière doit être faite sur la disparition de Khashoggi (...). L'Allemagne, le Royaume-Uni et la France partagent les graves préoccupations exprimées par certains, notamment par la Haute Représentante de l'Union européenne Federica Mogherini et le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et prennent cette affaire très au sérieux. Une enquête crédible est nécessaire pour établir la vérité au sujet de ce qui s'est passé et, le cas échéant, pour identifier les responsables de la disparition de Jamal Khashoggi et leur demander des comptes.»

Les puissances européennes exigent une meilleure coopération entre la Turquie et l'Arabie Saoudite dans l'enquête en cours: «Nous encourageons les efforts conjoints turco-saoudiens en cette direction et attendons du gouvernement saoudien qu'il fournisse des réponses complètes et détaillées. Nous avons fait passer ce message directement aux autorités saoudiennes.»

• L'affaire refroidit les marchés financiers

Alors que les investisseurs s'enthousiasmaient encore il y a quelques semaines des pharaoniques projets économiques du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit «MBS», la Bourse de Ryad a accusé une baisse de plus de 7% dimanche. Il s'agit de sa plus grave dégringolade en trois ans.

Autre contrecoup de l'affaire Khashoggi, plusieurs partenaires prestigieux ont annoncé ne plus participer au «Davos du désert», la deuxième édition de la conférence «Future Investment Initiative», qui doit se tenir du 23 au 25 octobre à Ryad. L'événement est boudé notamment par des médias, comme le Financial Times, The New York Times et The Economist, mais aussi le patron d'Uber.
Mamadou Ndiaye
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