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​Prochaines élections locales compromises – Les cartes d’identité numérisées encore en cause ? Elles avaient coûté 50 milliards !

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 12 Juin 2020 à 02:50 modifié le Vendredi 12 Juin 2020 - 02:54

Notre pays s’était glorifié d’être le premier, parmi les Etats membres de la Cedeao à mettre à la disposition de ses citoyens une carte d’identité biométrique numérisée. Cette carte, dénommée Carte d’identité Cedeao devait pouvoir servir dans tous les Etats de la Cedeo comme pièce d’identité et carte de séjour des citoyens de la Communauté. A Dakar, les officiels avaient considéré cela comme une grande innovation, une première que devaient suivre dans les mois à venir, d’autres pays membres de la Cedeao. Cette carte, à part qu’elle ne comporterait que le drapeau du pays membre qui la délivre verrait apposée aussi les effigies et le drapeau de la Cedeao. Sauf que cette nouvelle carte, en même temps carte d’électeur pour les Sénégalais, posait problème à cause de son coût excessif, 50 milliards de francs Cfa. Or, pour bien moins que cette somme astronomique, Wade, le prédécesseur de Macky Sall avait fait confectionner deux cartes pour chaque Sénégalais : une comme carte d’identité et une autre comme carte d’électeur et d’une qualité bien meilleure. Aussi, pour nombre de Sénégalais, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Abdoulaye Daouda Diallo avait initié là une nébuleuse financière, une sorte de deal camouflée sous les traits d’une innovation administrative.
La suite leur donnera raison. Non seulement notre pays venait de dépenser 50 milliards pour changer leurs papiers d’identité et d’électeur, mais la plupart ne le recevront pas à temps après avoir déposé tous leurs documents dans les délais alors que le temps pressait. Les législatives du 30 juillet 2017 étaient en vue et la classe politique s’inquiétait de cette «innovation» administrative car elle n’avait pas été consultée, surtout que cette nouvelle carte d’identité Cedeao devait remplacer celles qui avaient été commandées par Wade qui, en deux unités (carte d’identité d’une part et carte d’électeur d’autre part) ont coûté la moitié des 5 milliards dépensés pour un seul document qui doit servir pour voter et s’identifier.
Dès les élections législatives proches, les Sénégalais ont commencé à râler, les politiques en premier à cause de plusieurs dysfonctionnements. Après les législatives, la Cena, Commission électorale indépendante chargée de superviser les élections avant, pendant et après, a elle-même émis de sérieuses critiques dans la démarche qui a  présidé à la confection de ces cartes Cedeao et n’a pas manqué de signaler les multiples problèmes rencontrés par les Sénégalais. Même si la Cena ne  l’exprimait pas clairement, cela signifiait que la fiabilité de ces élections législatives devait être remise en cause.
Voici un extrait du rapport critique de la Cena après ces législatives :
«Il convient de signaler des dysfonctionnements de diverses natures dans l’organisation qui ont parfois empêché des citoyens d’exercer leur devoir civique. Il s’agit notamment des situations suivantes :  Difficultés d’application de la Décision n°8/2017 du 26 juillet 2017 du Conseil constitutionnel qui dispose en son article premier : « À titre exceptionnel, pour les élections législatives prévues le 30 juillet 2017, l’électeur n’ayant pu retirer sa carte d’identité CEDEAO faisant office de carte d’électeur, mais dont l’inscription sur les listes électorales est vérifiée, peut voter sur présentation de son récépissé d’inscription accompagné de l’un des documents ci-après dès lors que celui-ci permet de s’assurer de son identité : -  une carte d’identité nationale numérisée, -  une carte d’électeur numérisée, - un passeport, -  un document d’immatriculation pour les primo-inscrits non détenteurs d’un des trois premiers documents administratifs. » Concernant les détenteurs des trois premiers documents (carte d’identité numérisée, carte d’électeur numérisée, passeport), nombre d’entre eux ignoraient l’emplacement de leur lieu de vote ou de leur bureau de vote. S’agissant des primo-inscrits, il faut noter que la confection du document d’immatriculation (voir Annexes) a été stoppée la veille du scrutin sur instruction de la hiérarchie du MINT. Du reste, la quasi-totalité de ces primo-inscrits ne figuraient pas sur les listes d’émargement des bureaux de vote.  Nombre d’électeurs munis de leurs cartes d’identité biométriques CEDEAO ne figurent pas sur les listes d’émargement des bureaux de vote ;   Certains électeurs détenteurs de cartes d’identité biométriques CEDEAO ne figurent pas sur les listes d’émargement des bureaux de vote indiqués sur leurs cartes ; ils ont été versés parfois sur une liste d’un autre bureau de vote ;  Nombre de bureaux de vote n’ont pas pu démarrer à temps, faute de matériel ; Les abris provisoires détruits par la forte pluie enregistrée dans la nuit du 29 juillet ont retardé le démarrage du vote ».
Mais malgré tout, ces élections législatives seront validées. Aujourd’hui que notre pays s’engage vers d’autres législatives, les mêmes problèmes demeurent. Le fichier électoral est décrié par l’opposition, il n’y a pas de consensus sur le code électoral et les dates constitutionnelles pour la tenue du scrutin sont  régulièrement bouleversées. Les prochaines législatives étaient initialement prévues pour le mois de juin 2019, elles ont été repoussées en décembre et, finalement, elles ne se tiendront que vers la fin mars 2021, selon une récente annonce du gouvernement. Sans doute le temps de parodier un dialogue politique impossible et de constater l’absence de consensus entre le pouvoir et l’opposition. Aussi, il n’est même pas sûr qu’en mars 2021 les législatives seront organisées, ce qui met en rogne les politiques et les organisations de la société civile qui dénoncent le non-respect régulier du calendrier électoral.
Pour une dépense de 50 milliards engagée par Abdoulaye Daouda Diallo et avec autant de flops, il y a de quoi s’inquiéter en effet et de… fulminer.

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