​Macky, l’homme des tentatives de réconciliation mal placées

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 31 Juillet 2016 à 18:29 modifié le Lundi 1 Aout 2016 12:50

Existerait-il une palme dédiée au Sénégalais passé maître dans l’art des tentatives de réconciliation qu’on l’aurait, très logiquement, par ces temps qui courent, décernée au locataire de l’Avenue Roume, le président Macky Sall. En effet, le chef d’Etat le plus obsédé au monde à l’heure actuelle par un second mandat se sert (abusivement) de toutes les tribunes pour dérouler un « festival SALAM » version politique.
Le dernier en date a eu pour cadre le Grand Théâtre, où le successeur de Maître Wade, devant un parterre rebondi de dignitaire lébous, s’est exercé à laver la conscience des frères ennemis Abdoulaye Makhtar Diop et El Hadji Ibrahima Diagne, à grande eau morale. L’initiative est-elle opportune ? Coule-t-elle toujours de source ? N’a-t-elle pas des implications souterraines ?
N’y a-t-il pas d’autres pistes plus intéressantes et plus opportunes que le chef de l’Etat était censé explorer pour afficher une forme plus avenante dans sa toge de réconciliateur ?   

L’initiative du chef de l’Etat ayant consisté, il y a quelques jours, à prôner une réconciliation des figures de proue de la communauté léboue, dont le degré de cohésion est presque nul, impose qu’on se rappelle que l’activité pacificatrice du théoricien de l’Emergence a tout l’air d’un projet bien pensé, et que donc la bienveillante homélie qu’il a prononcée dernièrement au Grand Théâtre est la suite très logique d’une stratégie d’apaisement portée par un brin d’allumette subitement habillé en pompier. A quelles fins ? Là est la vraie question.

Pour le commun des mortels, les lieux choisis pour lancer ses messages de paix ont évidemment l’air d’être tout à fait appropriés. Il faut avouer cependant que leur pertinence supposée ne résiste pas longtemps à l’analyse. Pour lancer le débat sur le dialogue national, il avait choisi l’occasion d’une cérémonie de deuil. La suite allait nous donner l’occasion de comprendre que le repos du défunt avait été perturbé pour un objectif bassement politique. Une caresse d’une membre de la « maison du Père » dans le sens du poil. Des clin d’œil, en veux-tu, en voilà, en direction des frères libéraux. Des signes de cessez-le-feu adressés aux lanceurs de pierres. La conceptualisation, d’abord timide, puis frénétique, de la nécessité d’un Dialogue. Un Dialogue national organisé dans des conditions sélectives et dans une ambiance spectaculaire. Des prises de parole entachées de complaisances. Des envolées porteuses d’orientations utopiques. Des poignées de mains pour sceller une résolution de façade. Puis rien. Une bulle en nylon qui se consume et crève au contact du soleil de la stricte Vérité.
En fait, pourvu même que nous soyons dans les dispositions de lui réserver une présomption de sincérité, l’on pourrait estimer, alors, que l’intention est plus ou moins mal placée, étant entendu qu’il y a bien d’autres théâtres d’hostilités qui requièrent son urgente intervention.
Le chef de l’Etat a besoin avant tout de se réconcilier avec lui-même ; autrement dit, d’être en phase avec ses engagements, qui étaient lourds et nombreux avant son élection, mais qu’il choisit d’ignorer au fur et à mesure que son autorité se consolide et grandit dans le temps de son mandat.
Le Macky a aussi besoin de se réconcilier avec sa propre autorité, qui se casse et se fissure, et craquelle à coups de déviances et de défiances exercées par un peuple qui a très tôt compris que les résolutions de son Chef suprême annonce, c’est comme des anguilles ; il peut les prendre, mais il a toujours du mal à les tenir. Nous avons vu la grosse farce qu’est devenue la Loi sur le Loyer. Comme nous constatons aujourd’hui aussi l’interdiction des gares routières parallèles et des parkings anarchiques.   
Le chef de l’Etat a besoin de réconcilier son parti avec lui-même. En effet, celui-ci est affecté par nombre de déchirements et de contradictions qui seront inévitablement fatals à sa survie.
On aurait pu citer d’autres formes de réconciliations non prises en charge, ignorées à dessein par celui qui est censé être le maître d’œuvre, le garant de la Paix et de la Cohésion nationale. Un problème de démarche existe donc, il est réel et il est traumatisant. Car finalement, l’important n’est pas de se lancer à corps perdu dans l’exploration des vastes terres de la Paix ; mais plutôt de les mettre à  profit avec intelligence et dans de telles conditions qu’elles puissent être profitables à tous.     

Mamadou Ndiaye 
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