La pauvreté, les inégalités sociales et les disparités territoriales constituent une préoccupation
majeure de l’Etat qui mesure à sa juste valeur l’urgence d’améliorer de manière durable les
conditions de vie des populations. Cette vision se traduit dans l’axe 2 du Plan Sénégal
Emergent intitulé Capital humain protection sociale et Développement durable qui promeut
« une amélioration significative des conditions de vie des populations, une lutte plus soutenue
contre les inégalités sociales, tout en préservant la base de ressources et en favorisant
l’émergence de territoire viables ».
Cependant, les actions de l’Etat entreprises étaient jusque là moins visibles car diluées dans
différentes structures rendant ainsi plus complexe et moins réactive la coordination et
l’impulsion politique. En effet, de nombreuses structures de l’Etat ont un commun la lutte
contre la pauvreté et les inégalités sociales et territoriales.
Il s’agit entre autre de :
- La Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale, le
Commissariat à la Sécurité alimentaire et le Programme d’Urgence de Modernisation
des Axes et Territoires Frontaliers (PUMA) rattachés à la Présidence de la République,
- l’Agence de la Couverture Maladie Universelle(CMU) rattachée au Ministère de la
santé et de l’action sociale,
- le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) rattaché à la
Primature,
- la Direction du Développement social et communautaire rattachée au Ministère de la
Femme, de la Famille et du Genre,
- le Programme de modernisation des villes (Promovil) rattaché au Ministère des
Infrastructures, des transports terrestres et du Désenclavement.
Par conséquent, l’impact de la politique sociale de l’Etat sur les populations se trouvait limiter
par les insuffisances notées dans la coordination et le pilotage.
Au Sénégal la demande sociale reste encore très forte malgré les nombreux efforts consentis
par l’Etat durant ces dernières années. Des régions comme Kaffrine, Kédougou,
Tambacounda, Kolda et Sédhiou sont encore parmi les moins dotées en services sociaux, car
prés de 3000 villages de ces régions accèdent difficilement, par ordre de carence, aux
commerces, aux établissements scolaires, à l’eau et aux routes (doc PSE 2014).
L'évolution de la demande sociale se traduit directement par des attentes de plus en plus
élevées des populations qui exigent des pouvoirs publics une rapide prise en charge de la
demande sociale et une redistribution plus équitable des richesses. Il était donc nécessaire de
renforcer la cohérence gouvernementale avec une approche plus globale et intégrée de
l'ensemble des intervenants dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Le rattachement de toutes les structures de l’Etat qui ont en commun la lutte contre les
inégalités sociales et les disparités territoriales dans un grand ministère unique constitue une
opportunité essentielle pour remédier aux dysfonctionnements et arriver à une meilleure
structuration des politiques publiques.
Le Ministère du Développement communautaire de l’équité sociale et territoriale en
réunissant des structures avec des responsabilités qui se croisent et se complètent permettra,
en effet de concentrer et de mutualiser les actions de l’Etat en matière de politique sociale,
afin d’apporter une réponse intégrée et améliorer l'efficacité des actions menées pour
satisfaire les besoins des populations.
Cependant pour que l’ambition qui a présidé à la création de ce Ministère puisse être réalisée,
il ne doit pas s’agir d’une simple juxtaposition des structures existantes, mais plutôt d’une
parfaite orchestration de tous les acteurs et de toutes les interventions pour plus d’efficacité et
d’efficience des politiques sociales de l’Etat afin de favoriser un « fast track social ».
Sada Diallo, juriste Président du Mouvement Sicap Debout