La mort d’Aicha DIALLO survenue à l’hôpital de Pikine a suscité moult commentaires dans les medias et fait
couler beaucoup d’encre, basculant du coup, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale au cœur de l’actualité.
Par ailleurs, elle a servi de prétexte aux détracteurs du système de santé pour fustiger la qualité de l’accueil et la
prise en charge des urgences hospitalières.
DIEU !
Nous appartenons à Dieu et à Dieu nous retournons. Et chacun de nous retournera à Dieu à sa manière
conformément à la volonté de Dieu. Si certains meurent par accident, d’autres meurent suite une maladie longue
ou courte. Si certains meurent âgés ou très âgés, d’autres, meurent très jeunes ou à la naissance.
Pourquoi cela ? C’est par ce que c’est ainsi ! C’est la vie ! C’est comme ça ! C’est comme ça depuis très
longtemps. Il vaut mieux s’en accommoder.
J’ai oui dire très souvent ce qui doit arriver, arrive toujours y compris la mort. On n’y peut rien. Ceux et celles qui
voient le monde de cette façon sont étiquetés d’être des fatalistes. Les partisans de cette manière de prendre le
monde croient au destin c’est-à- dire qu’il n’appartient pas à l’homme de décider de son avenir tandis que les non
partisans soutiennent le contraire.
Malgré les progrès réalisés en matière de médecine préventive, la mort reste une condition de l’homme. Un autre
versant de la vie. Somme toute, la vie et la mort sont deux versants qui coexistent et qui se justifient
mutuellement. Car si il y a la mort c’est parce qu’il y a la vie. Si il y a la vie parce qu’il y a la mort. Bref ! En
d’autres termes, la vie doit son existence grâce à l’existence de la mort.
Par ailleurs, si ce qui doit arriver arrive toujours, cela ne veut pas dire que nous sommes absous de toute
responsabilité autrement dit qu’il y a absence totale d’imputabilité des faits incriminés à un responsable ou à des
responsables.
Notre rapport au travail n’est pas exclusivement juridique avec des horaires de travail bien fixés, il est aussi
religieux. D’ailleurs, il est hautement religieux. En tant que musulman ou chrétien, notre rapport à Dieu nous
commande de faire correctement notre travail et de respecter nos horaires de travail. C’est une exigence pas
seulement juridique mais une exigence à la fois religieuse et morale.
L’ETAT !
Le Sénégal en tant que Etat est très bien organisé. Relativement à la question de la santé, nous avons un
système de santé malgré les difficultés soulignées çà et là qui nous a valu beaucoup de satisfactions. Parlant
spécifiquement des hôpitaux, lorsqu’on parle du passif, je pense qu’il serait logique conséquemment de parler
de l’actif.
Combien de malades ou d’accidentés sont reçus quotidiennement dans les structures de santé qui en sortent
entièrement satisfaits ?
La santé est devenue comme un sac d’arachide à la disposition des populations. On croque les graines. On se
régale. Puis subitement, une mauvaise graine glisse dans la bouche et on la croque. On s’écrie « ce sac de
graines est pourri » On accuse tout le sac. On oublie les bonnes graines que l’on a mâchées et avalées qui nous
ont donné du plaisir. Que d’aria ! Subitement, la mauvaise graine efface systématiquement ce souvenir. Est-ce
juste cela?
Les hôpitaux ont des problèmes certes, mais, ce ne sont pas des mouroirs. Au jour d’hui, ce système de santé
tant décrié à tort et à raison, nous a permis de faire face à des épidémies potentiellement mortelles notamment
face au cholera (il y a quelques années) et à la maladie à virus Ebola (en 2014).
L’Etat du Sénégal a mis en place des politiques de santé publiques pour protéger et améliorer la santé et la prise
en charge des personnes en cas de maladie ou d’accident de la circulation ou domestique.
Sur le plan juridique, le droit à la santé est érigé en valeur constitutionnelle. Ce qui dénote une conscience élevée
de la santé des autorités étatiques et sanitaires. Au même moment, sur le plan politique, le cadre de référence
de l’action gouvernementale en l’occurrence le Plan Sénégal Emergent, le capital humain en constitue l’axe 2,
naturellement adossé à la santé condition sine qua non à priori à tout développement d’un pays qui se veut
émergent.
Notons au passage que l’Etat du Sénégal à travers les gouvernements successifs a fourni plusieurs efforts dans
le sens de préserver et d’améliorer la santé des populations.
Ainsi, l’accès géographique et aux soins de qualité pour tous a connu un réel progrès depuis 2012. Il faut saluer à
juste titre, la mise en place des politiques de gratuité par le gouvernement en plus de la promotion de la
mutualisation subventionnée à hauteur de 50% par l’Etat.
La gratuité des soins des moins de 5 ans, la gratuite des ARV, la gratuité de la césarienne, la gratuité de la
dialyse, la gratuité du traitement de la tuberculose et le plan sésame amélioré ect , sont des mesures de haute
portée sociale qui permettent aux familles des patients de réorienter les frais qu’ils devraient engagées vers
d’autres territoires de dépenses tels que la scolarité des enfants , la nourriture et les projets familiaux.
S’agissant de la prise en charge des urgences hospitalières, ce que je crois, on ne peut pas dans les faits comme
dans les débats théoriques les dissocier de la prise en charge des urgences pré hospitalières. En effet, il s’agit
d’une chaine d’acteurs pluri-displinaires engagés dans l’action de prise en charge des patients, qui, débute avec
le premier maillon c’est-à- dire le premier témoin de l’accident ou de la maladie.
Dans le cadre de la prise en charge des urgences pré hospitalières des patients, faut-il le rappeler, l’Etat du
Sénégal a mis en place des dispositifs intermédiaires adaptés pour répondre à ce besoin. Il s’agit de la Brigade
nationale des Sapeurs-Pompiers (18) et du Samu (1515).Cependant, force est de constater que ces dispositifs
précités sont sous utilisés par les populations pour qui ils ont été créées.
En cas de situation d’urgence, la plus part des patients sont évacués vers les centres de santé ou les hôpitaux
par des moyens privés pour plusieurs raisons dont le rapport que nous avons vis-à- vis de la maladie. Ce qui pose
ostentatoirement, la problématique du recours précoce à temps utile du patient à un professionnel de la santé.
Dans les familles les moins nanties, on a observé que beaucoup d’entre elles perdent trop de temps avant
d’adresser leur patient à la structure de santé. Elles ne se décident que quand l’état du malade devient
inquiétant et critique. Si pour certaines familles une telle attitude est liée à un manque de moyens financiers, par
contre, pour d’autres, ce n’est pas le cas.
En effet, le réflexe de l’évacuation précoce des patients vers les structures de santé tarde à s’installer
systématiquement dans les comportements des populations notamment chez les moins nanties du fait de la
priorisation de la satisfaction de certains besoins au détriment de la santé. C’est dans ce cadre que les politiques
de gratuité initiées par le gouvernement prennent tout leur sens. Car elles lèvent immédiatement la barrière
financière qui retarde le recours à un professionnel de la santé chez les populations citées ci-dessus. Or c’est
scientifiquement établi que ce recours précoce à un professionnel de la santé en cas d’accident ou de maladie
brutale ou chronique multiplie sans nul doute, la chance de survie du patient.
L’autre point non moins important dont l’Etat du Sénégal s’est attaqué à travers le Ministère de la Santé et de
l’Action sociale, c’est l’évacuation des patients référencés entre structures de santé publique. Dans ce domaine,
on a observé également que beaucoup d’entre elles ne disposaient pas d’ambulances encore moins
d’ambulances médicalisées pour évacuer leurs patients vers une autre structure de santé. Les parents des
patients étaient laissés à eux-mêmes lorsqu’il n’y avait pas d’ambulance. Dans ce cas, ils devaient trouver par
eux-mêmes, le moyen pour transporter leur patient. Faute de moyens, tous les moyens semblent être bons pour
l’évacuer (transport en commun, charrette, moto ou vélo etc.).
Ainsi, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale en dotant d’ambulances médicalisées 363 structures de santé
apporte une réponse sans commune mesure et historique à un vieux problème récurrent qui n’avait fait que trop
duré qu’est l’absence de moyens de transport adaptés de patients entre structures de santé publiques.
NOUS !
Prévenir vaut mieux que guérir dit l’adage. C’est tellement vrai que c’est une lapalissade de le dire. Toutefois,
dans le contexte de la prise en charge des urgences pré-hospitalières et hospitalières, l’accent devrait être mis
sur la prévention du fait qu’elle coûte non seulement moins chère mais du fait d’une réalité sempiternelle co-
existentielle à l’homme cela signifie que tant qu’il y aura des hommes sur terre, il y aura des maladies et il ne
sert à rien de courir derrière les maladies.
Les urgences longtemps parents pauvres de la médecine, sont en train de changer de visage avec l’avènement
de la seconde alternance qui a porté M. Macky Sall à la magistrature suprême. Je reste convaincu sur la base
que l’homme est responsable de sa propre santé que quelques soient les efforts que l’Etat aura fourni pour
améliorer la santé des populations, si les citoyens ne changent pas de comportement, les objectifs escomptés ne
seront jamais atteints.
En substance, ce que l’Etat a fait, conformément à son devoir régalien, c’est mettre en place des instruments
accessibles et fonctionnels au service du citoyen pour lui permettre de prendre en charge sa propre santé. Il ne
peut pas se substituer aux populations. Ce n’est pas à lui de s’inscrire dans les mutuelles de santé et ce n’est
pas à lui non plus d’être à la place des familles pour faire le recours précoce des patients à un professionnel de la
santé en cas d’accident ou de maladie.
Chacun de nous a la responsabilité de sa propre santé. On ne peut pas imputer à l’Etat ce qui nous revient de
droit. Lorsque l’on n’a pas un travail salarié, l’Etat nous demande de nous inscrire dans une mutuelle de santé.
Sous forme de subvention, il paye annuellement pour nous, 3500 F et nous demande de payer 3500 F autres,
pour obtenir une couverture médicale. Qu’est ce qui nous empêche de le faire ?
Ce que je sais, la mutualisation est un moyen de lever systématiquement la barrière financière à laquelle, est,
confrontée, les familles les moins nanties au même titre que les politiques de gratuité. Alors que le recours
précoce à un professionnel de la santé multiplie les chances de survie des patients victimes d’accident ou de
maladie.
En conséquence, sur la question du recours précoce, les familles des patients doivent abandonner ces vieilles
habitudes préjudiciables qui consistent à les garder à la maison. En définitive, il ne faut jamais attendre que l’état
du patient soit critique pour le transporter d’urgence à la structure de santé. Cela ne profite ni au patient ni à la
famille.
Vive le Sénégal !
Vive la république !
Baba Gallé DIALLO
Email : babadediana@gmail.com