Le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, a exposé les six grands chantiers qu’il compte lancer dès son arrivée à la Maison Blanche. Des priorités qui ne sont plus vraiment celles exposées lors de sa campagne.
Donald Trump s’est fixé un agenda chargé pour son premier jour à la Maison Blanche. Le nouveau président des États-Unis a détaillé, dans une vidéo de plus de deux minutes, mise en ligne lundi 21 novembre, les premières mesures qu’il allait prendre dès son entrée en fonction le 20 janvier 2017. Sa principale annonce a été son intention de dénoncer le traité commercial transpacifique (TTP) avec une dizaine de pays asiatiques). Mais Donald Trump compte aussi annuler les mesures de son prédécesseur hostile à l’industrie du gaz de schiste et du “charbon propre” ou encore réfléchir à un plan pour renforcer la cyberdéfense américaine. En tout, il a dévoilé six priorités : dénoncer le TPP, favoriser la production d'énergie aux États-Unis, simplifier la bureaucratie, mettre l'accent sur la cyberdéfense, favoriser l'éthique politique, enquêter sur les abus du programme de visas.
Vaste programme pour le “Day One”. Reste que dans cette liste censée "rendre sa grandeur à l’Amérique", le nouveau président a oublié certaines de ses promesses emblématiques de campagne. Des silences qui en disent long sur la direction que Donald Trump veut donner au début de son mandat.
Et le mur dans tout ça ? Donald Trump s’est montré beaucoup moins virulent dans sa vidéo à l’égard des immigrés - notamment mexicains - que durant la campagne. Certes, il veut lancer une “enquête sur les abus du programme de visas” qui “nuisent à l’emploi des Américains”.
Mais une telle mesure risque de laisser la frange la plus extrême de l’électorat de Donald Trump sur sa faim. Ces derniers se demanderont probablement ce qu’il est advenu de la promesse de faire construire un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Car ce projet choc et très controversé, qui était devenu un cri de ralliement des supporters les plus virulents du futur 45e président, n’est pas évoqué dans la vidéo. Il ne fait pas non plus référence à un objectif chiffré d’immigrés en situation irrégulière à expulser ou à son idée plus ou moins fixe de candidat de mettre des barrières à l’entrée des musulmans sur le territoire étatsunien.
Le TPP, mais pas le TTIP ou l’Alena. Donald Trump a érigé le TPP (Trans pacific partnership), l’accord de libre-échange visant à instaurer une zone de libre-échange entre les États-Unis et une dizaine de pays asiatiques, en ennemi numéro 1 de l'emploi aux États-Unis. Il l’a qualifié de “catastrophe en puissance” pour le pays. L’opposition de Donald Trump au TPP n’est pas nouvelle. Selon lui, il s’agit d’un cheval de Troie pour les intérêts chinois (qui ne sont pourtant pas signataires de ce texte). Mais durant la campagne, l’homme d’affaires avait surtout insisté sur les dangers de l’Alena (l’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique), censé être “le pire accord commercial de l’Histoire”. Il s’était aussi engagé à arrêter de négocier les termes du TTIP (l’accord commercial entre les États-Unis et l’Europe). Pourtant, aucun de ces deux accords ne semble plus faire partie des priorités du futur locataire de la Maison Blanche.
Éthique et toc ? Donald Trump veut donner l’impression qu’il établit un cordon sanitaire entre élus et intérêts privés, afin de “renforcer l’éthique” du monde politique. À cette fin, il a annoncé que les membres de son équipe ne pourraient pas travailler pour “un lobby industriel” durant les cinq années suivant leur départ de la fonction publique. Ils seront même interdits à vie d’exercer un tel poste pour un gouvernement étranger.
Cette ambition de “faire le ménage” à Washington passe sous silence un point important : quid des lobbyistes qui rejoindraient l’administration présidentielle ? Un aspect avec lequel Donald Trump ne semble pas avoir de problèmes. Il a nommé deux universitaires, qui ont travaillé pour les opérateurs télécom Verizon et Sprint, afin réfléchir à la neutralité du Net. Le hic est que ces deux groupes sont connus pour être parmi les plus fervents détracteurs de ce principe qui, schématiquement, oblige les opérateurs à traiter tous les internautes et contenus sur un pied d'égalité.
Le cyber, c’est super. Pour Donald Trump, la défense du territoire repose avant tout sur la cybersécurité. Le futur président a annoncé une grande réflexion pour renforcer les cyberdéfenses américaines et protéger les infrastructures critiques.
Parmi les six priorités exposées dans la vidéo, cette dernière proposition est la seule, avec celle portant sur le TPP, à traiter des relations internationales. Il n’a ainsi pas évoqué le rôle de l’Otan, qui était pourtant l’une de ses bêtes noires durant la campagne électorale. Rien non plus sur la Syrie ou la lutte contre l’organisation terroriste État islamique.
Cette manière de mettre l’accent sur le protectionnisme et la cyberdéfense donne l’impression que Donald Trump perçoit - ou veut dépeindre - son pays comme un territoire assiégé qu’il faut avant tout défendre. De quoi nourrir le sentiment de peur, traditionnellement l’un des moteurs électoraux favoris du populisme.
Autre signe de la transformation du Dr Donald de la campagne en Mister Trump à la Maison Blanche : l'entourage du nouveau président a annoncé, quelques heures après la mise en ligne de la vidéo, qu'il n'y aurait pas de poursuites contre Hillary Clinton. L'homme d'affaires avait pourtant promis à la candidate démocrate un enfer judiciaire s'il était élu.