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Haute tension entre Ngoné Ndour et Bouna Manel Fall

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 15 Février 2017 à 18:41 modifié le Mercredi 15 Février 2017 - 18:42

Haute tension entre Ngoné Ndour et Bouna Manel Fall
GESTION DE LA SODAV
Ngoné Ndour charge Bouna Manel Fall

Ngoné Ndour, présidente du Conseil d’administration de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) a trainé dans la boue Bouna Manel Fall, jusque-là Directeur général de la boîte. Dans la demande d’explication qu’elle a adressée au nom du Conseil d’administration au Directeur général de la Sodav, la sœur de Youssou Ndour a chargé Bouna Manel Fall. Des dépenses sans aucune autorisation sur le transport, le téléphone, le carburant…

Ngoné Ndour n’a pas été tendre avec Bouna Manel Fall. La Pca de la Sodav a, dans une demande d’explication envoyée le 6 février dernier, listé des dépenses effectuées par Bouna Manel Fall sans l’autorisation du Conseil qu’elle dirige.

Un téléphone à 420.000 F, des factures téléphoniques mensuelles de 140.000 sans justificatif…

Ngoné Ndour a commencé par demander des comptes sur 200.000 francs utilisés par Bouna Manel Fall pour une mission en Afrique du Sud, alors que le Conseil n’est même pas informé de ce voyage. Autre reproche, 849.800 francs ont été dépensés pour la location à «Mass Location» d’un véhicule pendant 15 jours sans prendre l’attache du Conseil. Pour ses appels téléphoniques, Ngoné Ndour demande à Bouna Manel Fall des explications sur la somme de 140.000 francs payée mensuellement par chèque sans qu’aucune facture n’ait été présentée. Il y a aussi 420.000 francs utilisés pour l’achat d’un téléphone portable sans autorisation du Conseil d’administration. Sans oublier la somme de 515.321 francs dépensée pour des frais médicaux que le Conseil veut éclaircir.

Acompte sur salaire… brut, gratifications, recrutements…

En outre, Ngoné Ndour demande à Bouna Manel Fall de s’expliquer sur un acompte sur salaire pour 1.500.000 francs, correspondant à son salaire brut, sans l’autorisation du Conseil. Même s’il a remboursé la somme après avoir perçu son salaire le 22 décembre. Il y a aussi une gratification qu’il s’est octroyée de 1.425.000 francs, après 3 mois d’activités, sans l’aval du Conseil d’administration, mais qu’il a remboursée dès le lendemain. Pire des gratifications aux agents, correspondant au double de leurs salaires et aux stagiaires (25.000 francs), en plus de leur indemnité mensuelle qui est de 50.000 francs. Le Conseil s’est même plaint du fait que les stagiaires aient été recrutés sans même qu’il avise le Conseil d’administration.

1 million par mois à un expert, avance de 2 millions à un cabinet…

Pour ce qui est des honoraires, le Conseil d’administration a constaté que Bouna Manel Fall payait un million de francs par mois à un expert en informatique du nom de Boubacar Diallo, à son insu. Il a également donné une avance de 2 millions de nos francs au cabinet GSM pour la conception d’un plan stratégique et une étude d’organisation après que le Conseil d’administration a précisé à ces derniers qu’il n’avait pas encore pris de décision.
Le désormais ex directeur-gérant de la Sodav a, en outre, engagé, de son propre chef, des acomptes sur répartition à certains ayants droit sans en informer le Conseil qui avait pourtant pris la décision de geler les répartitions en attendant que la situation soit assainie.
Le Conseil d’administration de la Sodav a aussi voulu savoir pourquoi Bouna Manel Fall s’est lancé dans la réfection du bâtiment de la Sodav, dans l’achat de matériels informatiques, sans autorisation du Conseil d’administration ni arbitrage. Il y a aussi l’aménagement de son bureau sans devis ni autorisation préalable soumis au Conseil.
Et pour boucler la boucle, le Conseil d’administration lui reproche de ne pas avoir respecté la disposition lui demandant de mettre à sa disposition tous els 15 jours un tableau de bord.

 

SOCIETE SENEGALAISE DE DROIT D’AUTEUR ET DES DROITS VOISINS

Les secrets jamais révélés de la bataille entre Ngoné Ndour et Bouna Manel Fall

 

Bouna Manel Fall a répondu point par point aux interpellations du Conseil d’administration. Mais avec «beaucoup d’amertume» et une «grande désolation». Pour le Dg de la Sodav, Ngoné Ndour «incrimine le fait» et «dénature les problèmes».

 

Obtiendra, obtiendra pas la révocation de l’ex-Directeur, gérant de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) ? Entre Bouna Manel Fall et Ngoné Ndour, en tout cas, ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. C’est à un Mortal kombat que les deux parties se sont toujours livrées, mais tout en sourdine. Dans ses réponses contenues dans une lettre en date du 8 février, que «Les Echos» s’est procurée, Bouna Manel Fall fait état des relations exécrables entretenues avec la sœur de Youssou Ndour, depuis son arrivée à la tête de l’Institution.

Après avoir exprimé son amertume et sa grande désolation de devoir répondre à la lettre, Bouna Manel Fall lui donne des leçons de droit : «entre le Conseil d’administration et la Direction gérante d’une société de gestion collective, comme la nôtre, les responsabilités sont, avec beaucoup de clarté, sériées. En effet, aux titulaires de droit, représentés par les membres du Conseil d’administration, revient la responsabilité d’assurer le contrôle de la gestion. Mais, avant de pouvoir contrôler, encore faudrait-il que la Direction générale chargée du management de la société puisse exercer avec sérénité, responsabilité et autorité, les missions qui sont les siennes à savoir l’administration des droits».

Dans sa posture d’agrégé, Bouna Fall explique à l’étudiante : «Madame la Présidente, cette règle universellement admise depuis plus d’un siècle a permis aux sociétés de veiller aux intérêts matériels et moraux des titulaires de droit. Il est évident que la Sodav, notre chère société, ne saurait échapper à cette règle universelle».

 

Bouna Manel Fall démonte Ngoné Ndour

 

Sur les questions des honoraires, Bouna Manel Fall fait remarquer qu’il n’a outrepassé aucun de ses prérogatives. Il a rappelé la Décision n°1 du C.A du 2 novembre 2016 qui autorise le Directeur gérant à recourir à la consultation d’un expert chaque fois que de besoin, en mettant au courant le Conseil d’administration. C’est, dit-il, ce qui explique la présence de l’expert informatique M. Diallo. Et lorsque ce dernier a fait une présentation de près d’une heure devant le Conseil d’administration, certains administrateurs ont même demandé «quand est-ce qu’il commence ?».

Il a rappelé la décision n°9 du CA du 2 novembre 2016, pour la désignation par le Directeur gérant d’un expert en organisation pour l’élaboration d’une note d’orientation articulée à un plan stratégique étalé sur quatre ans (2017-2020).

IGNOMINIE

Sur les salaires, le Dg de la Sodav ne comprend pas la Pca. «Vous incriminez le fait et vous dénaturez les problèmes», lui reproche-t-elle. Après avoir donné un autre cours sur la signification d’une gratification, Bouna Manel Fall rappelle que cela «est un acquis social qui existe depuis la création du Bsda». Bouna Fall de rappeler qu’il y a eu une hausse de 28% des sommes perçues et une baisse de 5,7% des charges, comparativement au dernier trimestre 2015. Sur la gratification qu’il a perçue et qu’il a remboursée le lendemain, Bouna Fall se fâche : «cette qualification, cette appréciation, cette présentation d’un fait administratif et comptable, frise en quelque sorte l’ignominie. Car, vous semblez, autour de tous vos développements, relever des faits d’intérêts personnel et non pas des faits d’une évidence administrative. Ce que la fonction m’accorde que ce soit des frais médicaux, la pharmacie, les équipements techniques, l’essence, ou le véhicule de fonction, vous les placez sous l’angle des faits liés à un intérêt personnel ou à une jouissance personnelle. Cela est impensable !»

 

La vérité sur le véhicule, son voyage en Afrique du Sud, les 140.000…

 

A propos du véhicule loué, Bouna Fall indique que son véhicule de fonction étant accidenté, la Sodav a loué une voiture pour le Directeur gérant. Sur l’achat d’un téléphone de 420.000 F Cfa, il manifeste de profonds regrets quant à de telles observations, parce qu’il s’agit d’un outil de travail et il faut insister sur le rapport qualité-prix.

Ngoné Ndour ne comprenant rien à la gestion, Bouna Fall s’est permis de lui expliquer comment les choses fonctionnent avec l’importance du matériel informatique et les travaux de réfection.

 

Concernant les 200.000 F Cfa, Bouna Fall dément Ngoné Ndour «puisqu’il s’agissait d’une mission sans frais, assise sur une invitation personnelle». Il précise par ailleurs : «même le déplacement pour rallier l’aéroport s’est fait sans le véhicule de fonction à l’aller comme au retour».

Pour les 140.000 F Cfa, représentant les frais de téléphone, il s’agit là d’un service voté. C’est-à-dire une ligne de dépense qui bénéficiait à l’ancien Dg et au Pca sortant et qui a été reconduite. D’ailleurs, dans le dernier projet de contrat, Bouna Fall rappelle à Ngoné Ndour que c’est elle-même qui a mentionnée l’indemnité.

CONFLIT

Bouna Manel Fall de déplorer : «depuis que vous avez été installée à la tête du Conseil, j’ai remarqué une attitude d’antinomie de vos fonctions avec les miennes. Or, nous sommes tous les deux bénéficiaires d’une confiance des sociétaires qui nous ont investis de pouvoirs concordants. Or, chaque fois que nous nous sommes retrouvés, cela apparaissait comme un conflit préalable».
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