Dans une récente contribution ou j’évoquais la situation du pays dans certains de ses aspects les plus ignobles et les plus ignominieux, j’avais affirmé que le Sénégal est gravement et désespérément malade de la perversion des principes républicains et de la déliquescence morale de ses dirigeants.
J’avais ajouté, et je le maintiens, que l’on compte parmi ceux qui ont la très lourde responsabilité de présider à nos destinées, de fieffés menteurs, des faussaires invétérés, des détourneurs de nos ressources financières et naturelles (minières et faunesques) et des insulteurs impénitents ; à cela, il faut ajouter toute une horde de louches individus à la vie dissolue et incorrigiblement voire maladivement portés vers la concupiscence et la lascivité. Je n’oublie pas ces nombreux adeptes de Bacchus. Une telle assertion, loin d’etre une simple vue de l’esprit d’un hurluberlu, est fondée sur des faits concrets et réels dont il me sera très facile de fournir les preuves opportunément et publiquement. Et, c’est pour avoir dit cela que j’ai été conduit à la division des investigations criminelles, plus précisément à la brigade des affaires générales.
Aujourd’hui et pour l’heure, il faudra accepter et convenir avec moi que l’actualité me donne raison et me conforte dans mes propos qui, loin de se situer dans le registre malsain et condamnable des dénonciations gratuites et calomnieuses, participe d’une volonté sincère de faire prendre conscience à mes compatriotes de la vraie nature de certains de nos « illustres » gouvernants qui plastronnent dans des stations qu’ils occupent, non pas du fait de leurs compétences encore moins de leur mérite, mais tout simplement de leur allégeance au prince et de leur capacité de reptation devant toute personne susceptible de leur faire la courte échelle.
Ainsi donc, avais-je parfaitement raison, du moins en ce qui concerne la propension quasi pathologique de certains grands responsables du parti au pouvoir à cracher du venin, à verser sans retenue dans une coprolalie qui trahit, visiblement et sans aucun doute possible, leur immaturité mentale et leur affaissement psychologique. Que n’a-t-on pas entendu de la bouche fumeuse et incendiaire d’un éminent responsable de l’APR déversant sa bile fielleuse sur des camarades de parti qui, eux non plus, ne sont ni des références ni des parangons de vertu. C’est vraiment à se demander comment une autorité publique ou même privée peut-elle s’entourer d’individus, de gus et de malotrus de cet acabit, des minus habens caractérisés par leur immoralité et leur amoralité ainsi que leur absence totale d’éthique.
Ceci dit, il ne faudrait surtout pas que les Sénégalais se laissent divertir en oubliant l’essentiel pour s’appesantir sur le superficiel vers lequel les tenants du pouvoir veulent orienter nos indignations, nos esprits et nos commentaires. Les insultes et les injures relèvent de la banalité dans le parti au pouvoir, c’est la sève nourricière qui vivifie leur militantisme. Il faut toutefois reconnaitre qu’il y a au sein de l’APR des personnalités d’une grande intelligence, d’une très bonne éducation, d’une obligeance avérée, d’une politesse et d’une urbanité exquises et surtout d’une sincérité dans l’appréciation des faits de société.
Comme je le disais, ce qui intéressent les Sénégalais, c’est moins les invectives et les échanges d’insanités au sein de l’APR que les fracassantes dénonciations du député Moustapha Cissé LO sur toute une série de supposées prévarications et malversations commises par des autorités de ce pays. Il a, entre autres cas, évoqué le TER, la réfection du building administratif, l’attribution illégale d’engrais et de semences à des responsables politiques dont d’éminents membres de notre assemblée nationale assujettie et réifiée par l’exécutif.
Le sieur Cissé LO, en réalité n’a fait aucune révélation, « Nil novi sub sole » ; toutes ces forfaitures ont, depuis longtemps, été dénoncées par d’autres compatriotes, notamment certains leaders de l’opposition et des membres de la société civile ; il se trouve que de par son appartenance à la majorité présidentielle et l’éminence des stations qu’il a eu à occuper tant aux niveaux national qu’international, ses déclarations et ses accusations revêtent une dimension particulière et prennent une toute autre tonalité.
Compte tenu de la gravité des accusations, il y a une obligation morale, un devoir citoyen et un impératif patriotique pour tous les Sénégalais d’exiger de son Excellence Monsieur le Président de la République qu’il exerce avec fermeté et rigueur, sans faiblesse ni part pris, sa noble mission régalienne de défendre les intérêts supérieurs de son peuple.
Il doit saisir sans délai le Procureur de la république pour que soient rapidement et efficacement diligentées des enquêtes, pour apporter les réponses nécessaires, confirmer ou infirmer la véracité des faits incriminés et éventuellement situer les responsabilités. Normalement devant la gravité des faits et l’énormité des accusations, le Procureur de la république aurait dû s’autosaisir ; malheureusement une telle initiative ne fait pas partie de la culture du parquet.
A notre tour de dire, à l’instar du chef de l’Etat, trop c’est trop ; on s’est longtemps abreuvé de la sueur du peuple et on a que trop sucé le sang de la plèbe ; n’est-ce pas mon colonel ? Je fais, ici, allusion à ce colonel de gendarmerie à la retraite qui s’est érigé en censeur pour prétendre me donner des leçons de déontologie et de morale. Qu’il me permette de lui faire remarquer que son texte insipide est d’une vacuité terrible au niveau de la réflexion, d’une grande légèreté dans l’argumentaire tiré par les cheveux, d’une inutilité pédagogique et surtout d’aucun intérêt cognitif pour le commun des citoyens. Notre colonel a réussi l’exploit de me brocarder sans une seul fois prononcer mon nom ; si c’est par dédain ou par mépris à l’endroit de ma personne, je le lui concède, par contre si c’est par couardise cela ne l’honore pas. Aux prochains jappements, puisqu’il ne se reconnait pas comme un aboyeur, je répondrai par des rugissements. En tant que fils de gendarme ayant grandi au Front de terre, je lui donne un peu de respect dont je saurais m’affranchir allègrement et sans scrupules.
A moins d’etre d’une mauvaise foi manifeste, il faut objectivement reconnaitre que le pays est à terre et ce, par la faute de dirigeants incapables et incompétents. Jamais un régime n’est tombé si bas dans la gestion des affaires publiques et dans la violation et le piétinement des règles élémentaires qui régissent une véritable république. Il faut l’admettre, le constater pour évidemment s’en inquiéter, c’est l’ère des faux rapports de présentation, des faux décrets portant sur un même objet, sur le même sujet avec la signature de la même autorité ; et que dire de la présumée fraude sur une disposition constitutionnelle, le summum de la roublardise et de l’audace ?
Franchement, notre pays présente les caractéristiques d’une république bananière, et cela nous fend le cœur. Et pour conclure, il me plait de citer mon personnage préféré Souleymane Jules DIOP « Macky chef de parti! Donc il y a un véritable problème au Sénégal ».
Le pouvoir au peuple, les servitudes aux dirigeants. TERMINUS 2024.
Dakar le 10 Juillet 2020. Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police de classe Exceptionnelle à la retraite.