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Diouf et le Parti socialiste – Le désamour est consommé depuis la défaite de 2000

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 2 Novembre 2016 à 20:37 modifié le Jeudi 3 Novembre 2016 - 15:14

"Quand Senghor a cédé le pouvoir à Diouf, il a commencé à changer d’attitude à son égard. A son départ, il était convenu que Senghor devait continuer à participer aux réunions du bureau politique. Mais ça a gêné Diouf et Jean Colin. Ils ont envoyé une délégation auprès de Senghor, conduite par Amadou Cissé Dia, alors président de l’Assemblée nationale, Alioune Badara Mbengue, Magatte Lô…, pour demander à Senghor de ne plus venir aux réunions. Deuxièmement le congrès sans débat de 1996 a tout bouleversé. Tout ce que le PS traverse actuellement est la conséquence de ce congrès. On a perdu le pouvoir à cause de de ces faits. Des cadres du parti  comme Djibo Kâ, Moustapha Niasse ont été écartés. C’est Abdou Diouf qui a saboté le PS par ses actes".

Ces propos sont de Moustapha Cissé, Khalife général de Pire, qui accuse directement l’ancien président de la République, Abdou Diouf d’avoir conduit le Parti socialiste au purgatoire.
 A en croire cet ancien cadre du Ps qui a occupé de hautes fonctions comme celle d’ambassadeur, si ce parti historique est aujourd’hui à la traîne, réduit à s’agripper aux basques de l’Apr pour exister, c’est par la faute d’Abdou Diouf qui a tout chamboulé en empêchant d’abord Senghor de les accompagner de sa sagesse mais aussi en organisant un «Congrès sans débat» à la suite duquel un ténor comme Djibo Ka rendra sa démission. Quelques mois plus tard, ce fut au tour de Moustapha Niasse de quitter le Ps à la suite de son limogeage de son éphémère poste de Premier ministre.
A l’époque de ces faits, en 1996, quasiment  toute la presse privée avait tiré à boulets rouges sur Diouf qui avait fait montre d’une inélégance admissible en s’engageant dans ce que l’on appelait alors la «dé-senghorisation» du Ps.
Cette dé-senghorisation a commencé quasiment dès l’installation d’Abdou Diouf au Palais de la République. On laissait entendre qu’il ne répondait plus au téléphone lorsque son prédécesseur tentait de le joindre et, en très peu de temps il s’était débarrassé de tous les fidèles de Senghor qui auraient pu le gêner aux entournures dans sa volonté de contrôler seul le parti. Babacar Ba, Magatte Lo, Alioune Badara Mbengue, Daouda Sow, entre autres, furent écartés au profit de l’ami d’enfance, Habib Thiam et d’une nouvelle génération de technocrates comme Alioune Diagne Coumba Aïta, Ousmane Tanor Dieng ou encore Ousmane Paye et beaucoup de jeunes aux dents longues qui cherchaient leur place  au soleil des socialistes.
Soupçonnés d’être toujours dans les bonnes grâces du désormais ex-président, Djibo Ka et Moustapha Niasse étaient dans le viseur de Diouf qui, coaché par Jean Collin, entreprit de changer le parti avec sa nouvelle équipe. Naturellement il y eut deux camps opposés : Ceux qui prônaient une «refondation totale du parti» avec Ousmane Tanor Dieng à leur tête et ceux qui préconisaient une «réforme» et dirigés par Djibo Ka. Entre les deux notions, se cachait en réalité une véritable guerre de positionnement  qui opposait les senghoristes de dioufistes, bataille qui ne pouvait tourner qu’à l’avantage de dioufistes qui tenaient les rêne du piuvoir mais qui étaient surtout coachés par un redoutable manipulateur politique, Jean Collin. D’ailleurs ce dernier sera victime de ses propres manœuvres car, en contrôlant l’appareil du parti sans avoir l’air d’y toucher, il avait fâché le Président Diouf qui voyait en lui un potentiel empêcheur de tourner en rond puisqu’il contrôlait aussi quasiment l’appareil de l’Etat en tant  que tout puissant ministre de l’Intérieur. Collin fut limogé à la surprise générale et Diouf pouvait donc dérouler tranquillement en mettant ses hommes dans tous les postes stratégiques du parti et de l’Etat.
Pour certains socialistes de l’époque, Abdou Diouf avait trahi jusqu’aux idéaux socialistes car il s’était engagé dans une politique d’austérité si sévère qu’il avait commencé à se mettre à dos une bonne partie des populations. Il est vrai qu’il n’avait pas été aidé par la nature car l’on sortait d’une période de sécheresse sans précédent et les finances du pays étaient au plus mal. Les programmes d’ajustement structurels eurent des résultats catastrophiques avec les fermetures de sociétés, l’amaigrissement des effectifs de la fonction publique avec des fonctionnaires invités à faire des «départs volontaires», la montée vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, le chômage des jeunes diplômés. Lorsqu’un socialiste tue le social dans son pays, il s’expose à des sanctions électorales, surtout en la présence d’un opposant qui savait parler aux électeurs et galvaniser la rue comme Abdoulaye Wade.
Battu à l’élection présidentielle de 2000, Abdou Diouf ira élire domicile en France où il réside toujours. Il ne s’est plus intéressé depuis lors au Parti socialiste qu’il a déstructuré et laissé entre des mains inexpertes. Il disait pourtant éprouver quelque soulagement de n’être plus président de la République car il pourrait désormais s’occuper de sa famille et cajoler ses petits-enfants. Il avait promis à ses concitoyens de Louga qu’il resterait désormais à leur service exclusif et qu’il construirait une maison dans sa ville natale. Il n’en a rien fait. Lorsqu’il se rend à Louga, c’est au Palais de Djily Mbaye qu’il est logé et c’est là qu’il reçoit les maigres hôtes qui consentent à lui rendre visite. De 1981, date de son arrivée au pouvoir à 2000, date de sa défaite à l’élection présidentielle, il n’a pas construit un seul «pantré» dans sa ville natale et rien, en visitant Louga, ne laisse à penser que cette ville a donné naissance à un ancien président de la République. Il a trahi le Parti socialiste, il a trahi Louga. Mérite-t-il les fleurs que certains lui jettent en oubliant son passé peu glorieux d’un président qui traitait a jeunesse de son pays de "malsaine".


Mamadou Ndiaye

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