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Criminalité faunique : Un trafiquant majeur arrêté à Kaolack avec une grande quantité de contrebande de peaux de lions et autres espèces rares

Rédigé par Dakarposte le Mardi 25 Octobre 2016 à 22:24 modifié le Mardi 25 Octobre 2016 - 22:27

La Direction des Parcs Nationaux, renforcée par la police de Kaolack, et avec l’appui du projet SALF (Sénégal-Application de la Loi Faunique) de l’ONG WARA, a arrêté un trafiquant majeur en flagrant délit de détention, circulation, commercialisation de dépouilles d’espèces animales intégralement protégées prévues et réprimées par la loi sénégalaise de 1986 portant code de la chasse et de la protection de la faune.


Criminalité faunique : Un trafiquant majeur arrêté à Kaolack avec une grande quantité de contrebande de peaux de lions et autres espèces rares
Arrêté dans un grand l’hôtel de Kaolack le vendredi 21 octobre, le sieur Abdou Karim DIOP, était en possession de têtes de lion et léopard. Immédiatement, une perquisition à son magasin au marché central a été autorisée par le Procureur de République de Kaolack. 

Lors de cette perquisition, 7 trophées de lions et de léopards ont encore été saisis. Au total, c’est 106 peaux provenant de 22 espèces animales différentes qui ont été trouvés dans cette boutique et saisis, lion, léopard, serval, loups, crocodile, pythons, guib, buffle de foret, loutres, etc. 

La saisie comprend les dépouilles de 12 espèces animales intégralement protégées. Les animaux intégralement protégés, étant menacé d’extinction dans leur milieu naturel, bénéficient d’une protection absolue sur toute l’étendue du territoire national, il est interdit de les abattre, de les détenir et d’en faire commerce. 

Une nouvelle fois, cette opération a mis en évidence l’importance du commerce illicite de lion avec la saisie des dépouilles de plusieurs lions et également un (1) lionceau. Rien que la valeur des produits de lions et panthères saisis représente plus de 2,5 millions de FCFA, sans parler de la centaine d’autres peaux d’une valeur inestimable. 

Cette affaire n’est pas sans nous rappeler une affaire similaire à Dakar, où en Novembre 2014, des trafiquants Nigériens avait été arrêté par les Eaux et Forest et la Division des Investigations Criminelles (DIC) avec l’appui de SALF avec une saisie record de 2634 peaux de félins et autres espèces. Cette action forte avait été fortement salué par la communauté internationale et avait fait les titres de la presse française, américaine et africaines tellement la prise était importante. 

Ce réseau dakarois, dont le sieur DIOP de Kaolack fait partie, a des fournisseurs dans de nombreux pays et est impliqué dans le trafic international de grande échelle, en important illicitement depuis le Niger, Guinée, Mali, Kenya et autres pays africains ; et en exportant en Europe ou vendant aux étrangers présents au Sénégal. Les informations récoltées indiquent la fréquence à laquelle ce genre de contrebande se fait régulièrement à l’échelle internationale vers Dakar. Le Sénégal est un point chaud du trafic international de peaux. La corruption est souvent utilisée par les trafiquants pour traverser les frontières dans le monde. 

Après son arrestation le sieur DIOP a avoué que les peaux de lions et léopards viennent de diverses régions d’Afrique en citant le Mali et Kenya, mais aussi le Parc National du Niokolo Koba et ses alentours. Il est choquant que les lions du Sénégal, qui sont gravement menacé et très peu nombreux (moins de 50 individus), fasse l’objet d’un trafic national et international. 

Selon Charlotte Houpline, experte de la criminalité faunique « le Sénégal doit réprimer et sanctionner sévèrement les trafiquants pour sauver ses derniers lions et sa faune. Si on laisse les trafiquants agir en toute impunité, alors le trafic continu et les lions disparaissent, c’est aussi simple que ça. Dans ce système, un trafiquant peut commander 100 ou 200 braconniers dans plusieurs pays, ils n’ont qu’un coup de fil à passer aux braconniers pour qu’un lion soit abattu. Cette arrestation va donner un signal fort aux trafiquants sur la volonté des autorités sénégalaises de lutter contre le trafic et de faire appliquer la loi. Il faut saluer le travail exceptionnel réalisé par la DPN et la Police ». 

Le sieur DIOP risquerait une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 5 ans s’il est retenu contre lui le délit de complicité d’abattage au motif que les peaux saisies dégagent une forte odeur nauséabonde et typique d’un abattage récent. Placé en garde à vue le 21 octobre, puis déféré au parquet du tribunal de grande instance de Kaolack, le sieur Diop est placé sous mandat de dépôt depuis le lundi 24 octobre. Il devrait être jugé dans les jours à venir. Les peaux et trophées saisis ont-eux été mis sous scellés ; le tribunal de grande instance statuera sur la confiscation. 

L’extinction des lions en Afrique 

Il faut espérer que cette opération attirera l’attention de la communauté internationale sur le sort des lions en Afrique et sur le fait que le commerce illicite qui les menace d’extinction est largement sous-estimé. Des échantillons ont été prélevés sur les peaux de lions saisis afin que les analyses ADN permettent de mieux pouvoir cartographier le trafic organisé des lions en Afrique. Déjà, l’analyse ADN des peaux de lion saisis à Dakar en novembre 2014, faite par le Muséum d’Histoire Naturelle de New-York, a révélé que les lions avaient été abattus au Cameroun. 

Les lions sont proches de l’extinction en Afrique de l’Ouest. Les scientifiques estiment qu’il ne reste que 250 lions vivants dans la sous-région. Pour le continent, la population se trouve à 4% de la population des années 1940 et le taux de déclin des populations de lions ne fait que s’accélérer. Trop de pays, Ghana, Côte d’Ivoire, Congo, Gabon n’ont déjà plus de lions, et le Nigeria, le Kenya et l’Uganda prédisent des extinctions locales dans les prochains dix ans. En dehors du commerce illicite, la chasse sportive est significative pour la mortalité des lions et évidemment pourrait plus facilement être empêchée. La base de données CITES liste un total de 6,652 trophées de lions exportés entre 2000 et 2009. 

Un crime organisé transnational 

Le commerce illégal d'espèces sauvages est un crime organisé transnational. Il occupe le 4ème rang du commerce illicite dans le monde (après celui de la drogue, des armes et des êtres humains) selon le Congrès des Nations-Unies sur le Crime et il amasse des bénéfices illicites d'environ 20 milliards de dollars chaque année. 
Le massacre et le trafic illicite de ces espèces protégées et leurs sous-produits demeure toujours la conséquence d’un commerce illégal organisé et professionnel. Aujourd’hui, des preuves attestent que l’explosion du trafic d’ivoire porte atteinte à la stabilité et à la sécurité des Etats africains car les braconniers et trafiquants ont une puissance de feu de plus en plus importante et parce que ce trafic est lié au terrorisme et finance les guerres dans certaines régions, des groupes terroristes comme Al-Shabaab et Boko Haram sont impliqués et se financent grâce à l’ivoire. « Le commerce illégal des espèces est une grave menace pour la sécurité, la stabilité, l'économie, les ressources naturelles et le patrimoine culturel de nombreux pays d’Afrique » a déclaré le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki Moon. 

Leral

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