Que n’a-t-il pas entendu ou subi durant ses vingt-deux ans de service ? Mais fort de sa foi, de son intégrité et de ses compétences, Souleymane Téliko a traversé le chemin semé d’embuches qui l’a amené ce Samedi 19 Aout à obtenir la confiance de ses pairs, prenant les rênes de l’Union des Magistrats du Sénégal pour un mandat de deux ans renouvelables. Que s’est-il passé pour que ce brillant magistrat inconnu du grand public mais très apprécié de ses collègues sorte de sa « réserve magistrale » ? Seuls ses jeunes collègues ont su toucher cette fibre enfouie au plus profond de ce magistrat décrit comme un insoumis mais qui en réalité, est un grand incompris. Les manœuvres pour faire échouer sa candidature auraient été faites même le jour du vote car, on voulait éviter le syndrome Aliou Niane qui lors de son magistère, avait donné du fil à retordre au pouvoir.
Dans une autre vie, le Juge Téliko aurait pu être un Imam ou un Maitre Coranique. Pour ceux qui ont eu la chance de connaitre le nouveau président de l’UMS, les témoignages sont les mêmes en ce qui concerne sa croyance et sa foi religieuse, ne se séparant du Saint Coran que pour travailler ou dormir. C’est certainement cette érudition obtenue grâce à une éducation et une recherche effrénée de respecter son serment de Juge devant Dieu et les Hommes.
Pour rappel, Souleymane Téliko est issu de la promotion 1995 de l’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature au même titre que les juges Bara Gaye, Abdoulaye Ba, Aissé Gassama Tall, Abdoul Aziz Seck. Son premier poste d’affectation a été le Tribunal Régional de Ziguinchor où il a servi jusqu’en 2000 comme Juge avant de rejoindre le Tribunal Régional de Dakar comme Juge également. Dans la capitale jusqu’à 2003 avant son tempérament de « dur à cuir » ne commence à gêner le pouvoir.D’ailleurs, c’est à force de refuser certaines pressions par rapport à certains dossiers « sensibles » qu’il gérait que la décision a été prise de lui faire une « promotion » en le nommant Président du Tribunal de Kolda. Après quelques années au Fouladou, retour sur Dakar mais cette fois ci comme Substitut du Procureur. « Insoumis » comme il le lui est reproché par la tutelle, Souleymane refait ses valises direction Kaolack où il atterrît comme Conseiller à la Cour d’Appel de la capitale du Saloum de 2010 à 2013 et retour sur Dakar comme Secrétaire Général de la Cour d’Appel avant d’intégrer les Chambres Africaines Extraordinaires. En 2015, il est nommé Président de Chambre à La Cour d’Appel de Thiès, poste qu’il occupe jusqu’à son élection à la tête de l’UMS.
Et pourtant, tout aura été tenté pour que cet « insoumis » ne soit élu selon plusieurs de ces collègues que Dakartimes.info a eu à interroger. Selon ces mêmes sources, la tutelle aura tout tenté pour réduire à néant cette candidature soutenue par la majorité des magistrats surtout les jeunes.D’ailleurs l’un d’entre eux nous précise que le score aurait été plus lourd s’il n’y avait pas beaucoup d’absents et ce, pour dire combien les magistrats ont placé leurs espoirs en leur collègue qui a failli être traduit devant le Conseil de discipline par le Garde des Sceaux pour avoir dit tout haut ce que tous les magistrats pensaient bas.
Le Juge qui disait, « Cette réforme fait ainsi la part belle à un groupe restreint de magistrats, en l’occurrence 18 d’entre eux sur 500 que compte l’effectif du corps réforme envisagée qui est adossée à l’emploi, va ainsi instaurer une discrimination entre des personnes relevant de la même catégorie. En quoi cette réforme est-elle utile à la justice ? A cet égard, on oublie trop souvent que si la justice est rendue au nom du Peuple, elle doit être aussi administrée dans l’intérêt exclusif des populations», aura pendant les deux prochains ans à défendre les intérêts de toute une corporation en ces moments où Dame Justice semble vraiment naviguer en eaux troubles.
Pape Gnanthio