200 milliards de dollars à l’échelle de la planète. Le trafic de médicaments, dix fois plus rentable que le trafic de drogue, serait responsable de 700.000 morts par an dans le monde. Au Sénégal, le trafic des médicaments de la rue est classé au 3e rang des saisies douanières. Un marché noir colossal estimé à 12 milliards de Fcfa, qui est 25 fois plus rentable que celui de la drogue et 5 fois plus que celui de la cigarette. Ces chiffres publiés par l’Union européenne datent de 2012. Touba, qui bénéficie d’un statut d’autonomie, passe pour un lieu privilégié des trafiquants de médicaments contrefaits ou illicites. En attestent les nombreuses saisies dans la ville sainte dont celle record, en novembre dernier, de faux médicaments d’une valeur à 1,3 milliard de francs Cfa. Le Dr en pharmacie Mamadou Moustapha Mbengue, par ailleurs président du Regroupement des Pharmaciens de la région de Diourbel, qui recevait une caravane de l’Ajspd, diagnostique le mal. Entretien !
Comment se porte la vente de médicaments à Touba ?
C’est bon sauf qu’il y a un problème que tout le monde connait : le marché noir et le trafic de faux médicaments dans la région de Diourbel. Il y a également le problème de l’installation des officines. Dans chaque quartier il y a au moins une officine installée. Même si cela règle le problème de la disponibilité du médicament, l’offre n’est pas de qualité.
Le recours aux dépôts a-t-il baissé ?
Il y a peut-être une baisse en ce qui concerne le recours aux dépôts. Mais ces derniers sont aujourd’hui plus que jamais nombreux. Il y a aussi un changement de comportement de la population parce que les pharmaciens qui sont là ne cessent de les sensibiliser sur la situation. Mais au niveau politique et religieux, il y a des difficultés dans la prise de décision.
Est-ce que les populations ont adhéré à votre cause ?
Oui, les sensibilisations ont eu un impact. Il y a des changements de comportement comme je l’ai dit tantôt. Il faut faire comprendre aux populations qu’il y a des médicaments génériques de marques en qualité et à portée de leurs bourses. On n’a pas encore atteint l’objectif mais on est sur la bonne voie.
Qu’est-ce qui fait que les dépôts sont devant les structures de santé et non les officines ?
C’est leur stratégie. Ces gens sont des commerçants et se comportent comme tel. Sans doute parce que la demande est plus généreuse de ce côté qu’ils ont décidé d’y s’installer. En ce qui nous concerne, il y a des normes d’installation : une certaine distance que nous sommes tenus de respecter entre les pharmacies.
Mais que faites-vous pour endiguer ce problème ?
Nous n’avons pas le pouvoir de régulation. Nous ne sommes ni policier ni gendarme, encore moins autorité religieuse et politique. Il appartient aux autorités en charge de ce problème de le résoudre ce. En tant que professionnels du médicament, nous ne pouvons que sensibiliser les populations sur les dangers des médicaments de la rue. Le problème de coût ne se pose pas. Il faut juste noter que la situation a trop duré et il faut réussir à faire comprendre aux populations qu’elles sont en train de s’exposer.
On dit souvent que les chefs religieux sont derrière le marché noir du faux médicament. Qu’en pensez-vous ?
Je ne saurais faire une telle affirmation. Ce que nous faisons, c’est de parler à tout le monde. Ce qui est sûr, c’est que les autorités religieuses ne se ravitaillent pas au niveau des dépôts. Elles sont conscientes du danger. C’est nous qui leur vendons les médicaments prescrits.
La région de Diourbel, particulièrement Touba, est aujourd’hui pointée du doigt. Des saisies ont été faites, des camions chargés de médicaments arrêtés. Un procès pour trafic de faux médicaments est en cours. Pensez-vous que la justice fait son travail ?
Les mis en cause sont entre les mains de la justice. La question est pendante devant la justice. On ne peut qu’attendre le verdict. Mais, ce que je peux dire, c’est qu’il y a des organismes spécialisés pour transporter le médicament. Tout le monde ne peut pas convoyer des médicaments. Il faut, dans ce cadre, que les forces de l’ordre fassent leur travail. Il n’y a que les grossistes agréés et les camions de la Pna qui peuvent transporter des médicaments. Si on règle ce problème, ce serait un grand pas en avant. En premier ressort, ce n’est pas le pharmacien qui utilise les médicaments, mais les populations. C’est donc un problème de santé publique et l’autorité étatique doit parler avec l’autorité religieuse pour résoudre cet épineux problème de trafic de médicaments. Le médicament est un poison. Si quelqu’un manipule un poison sans le savoir, il se met en danger, et par ricochet, expose son entourage. Le circuit parallèle est mafieux. Le circuit normal part du fabricant agréé vers le distributeur autorisé avant d’arriver vers les pharmaciens. Le marché noir des médicaments est mafieux et géré par des malfaiteurs. Ils ne se soucient guère de la santé des populations. Tout ce qui les intéresse, c’est l’argent. Que les médicaments soient bons ou pas, ce n’est pas leur tasse de thé. Le danger, c’est la population qui le subit. La plupart des malades souffrent d’insuffisance rénale chronique causée par les faux médicaments.
Khady Thiam COLY
Comment se porte la vente de médicaments à Touba ?
C’est bon sauf qu’il y a un problème que tout le monde connait : le marché noir et le trafic de faux médicaments dans la région de Diourbel. Il y a également le problème de l’installation des officines. Dans chaque quartier il y a au moins une officine installée. Même si cela règle le problème de la disponibilité du médicament, l’offre n’est pas de qualité.
Le recours aux dépôts a-t-il baissé ?
Il y a peut-être une baisse en ce qui concerne le recours aux dépôts. Mais ces derniers sont aujourd’hui plus que jamais nombreux. Il y a aussi un changement de comportement de la population parce que les pharmaciens qui sont là ne cessent de les sensibiliser sur la situation. Mais au niveau politique et religieux, il y a des difficultés dans la prise de décision.
Est-ce que les populations ont adhéré à votre cause ?
Oui, les sensibilisations ont eu un impact. Il y a des changements de comportement comme je l’ai dit tantôt. Il faut faire comprendre aux populations qu’il y a des médicaments génériques de marques en qualité et à portée de leurs bourses. On n’a pas encore atteint l’objectif mais on est sur la bonne voie.
Qu’est-ce qui fait que les dépôts sont devant les structures de santé et non les officines ?
C’est leur stratégie. Ces gens sont des commerçants et se comportent comme tel. Sans doute parce que la demande est plus généreuse de ce côté qu’ils ont décidé d’y s’installer. En ce qui nous concerne, il y a des normes d’installation : une certaine distance que nous sommes tenus de respecter entre les pharmacies.
Mais que faites-vous pour endiguer ce problème ?
Nous n’avons pas le pouvoir de régulation. Nous ne sommes ni policier ni gendarme, encore moins autorité religieuse et politique. Il appartient aux autorités en charge de ce problème de le résoudre ce. En tant que professionnels du médicament, nous ne pouvons que sensibiliser les populations sur les dangers des médicaments de la rue. Le problème de coût ne se pose pas. Il faut juste noter que la situation a trop duré et il faut réussir à faire comprendre aux populations qu’elles sont en train de s’exposer.
On dit souvent que les chefs religieux sont derrière le marché noir du faux médicament. Qu’en pensez-vous ?
Je ne saurais faire une telle affirmation. Ce que nous faisons, c’est de parler à tout le monde. Ce qui est sûr, c’est que les autorités religieuses ne se ravitaillent pas au niveau des dépôts. Elles sont conscientes du danger. C’est nous qui leur vendons les médicaments prescrits.
La région de Diourbel, particulièrement Touba, est aujourd’hui pointée du doigt. Des saisies ont été faites, des camions chargés de médicaments arrêtés. Un procès pour trafic de faux médicaments est en cours. Pensez-vous que la justice fait son travail ?
Les mis en cause sont entre les mains de la justice. La question est pendante devant la justice. On ne peut qu’attendre le verdict. Mais, ce que je peux dire, c’est qu’il y a des organismes spécialisés pour transporter le médicament. Tout le monde ne peut pas convoyer des médicaments. Il faut, dans ce cadre, que les forces de l’ordre fassent leur travail. Il n’y a que les grossistes agréés et les camions de la Pna qui peuvent transporter des médicaments. Si on règle ce problème, ce serait un grand pas en avant. En premier ressort, ce n’est pas le pharmacien qui utilise les médicaments, mais les populations. C’est donc un problème de santé publique et l’autorité étatique doit parler avec l’autorité religieuse pour résoudre cet épineux problème de trafic de médicaments. Le médicament est un poison. Si quelqu’un manipule un poison sans le savoir, il se met en danger, et par ricochet, expose son entourage. Le circuit parallèle est mafieux. Le circuit normal part du fabricant agréé vers le distributeur autorisé avant d’arriver vers les pharmaciens. Le marché noir des médicaments est mafieux et géré par des malfaiteurs. Ils ne se soucient guère de la santé des populations. Tout ce qui les intéresse, c’est l’argent. Que les médicaments soient bons ou pas, ce n’est pas leur tasse de thé. Le danger, c’est la population qui le subit. La plupart des malades souffrent d’insuffisance rénale chronique causée par les faux médicaments.
Khady Thiam COLY